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Deux candidats uqamiens à Montréal

Victor Armony et Sallim Dahman tenteront de se faire élire à titre de conseiller de ville lors des élections municipales.

Par Pierre-Etienne Caza

16 août 2021 à 11 h 08

Mis à jour le 16 août 2021 à 12 h 08

De nombreux diplômés de l’UQAM brigueront les suffrages afin d’être élus ou réélus lors des élections municipales du 7 novembre prochain. Il est plus rare que les politiciens ou aspirants politiciens soient des professeurs ou des étudiants. Qu’est-ce qui motive donc Victor Armony et Sallim Dahman?

«À titre de citoyen, on critique, on questionne, on s’inquiète de certaines décisions de l’administration municipale et on partage nos opinions sur les réseaux sociaux. Je trouvais que c’était désormais le moment de m’impliquer pour contribuer au renforcement de nos institutions démocratiques et à la vitalité du débat public», souligne le professeur du Département de sociologie Victor Armony, qui se présente pour Projet Montréal comme conseiller de ville dans le district de Snowdon de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.

Étudiant au doctorat en sociologie, Sallim Dahman (M.Sc. sciences de la gestion, 2014) brigue les suffrages pour Ensemble Montréal comme conseiller de ville dans le district de Saint-Édouard de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie. «Tous les candidats pensent apporter quelque chose de nouveau, dit-il en riant. Je souhaite avant tout être à l’écoute des gens et de leurs besoins», souligne le jeune chercheur, qui a joué pendant trois ans pour l’équipe de soccer des Citadins. 

Relations interethniques et sécurité publique

Professeur à l’UQAM depuis 20 ans, Victor Armony mène des recherches sur les enjeux migratoires, les relations interethniques et les inégalités socioéconomiques. «J’enseigne la sociologie politique et j’ai toujours eu un intérêt marqué pour la démocratie», dit-il.

Le professeur Victor Armony est candidat pour Projet Montréal dans le district de Snowdon. Photo: Nathalie St-Pierre

Dans le district de Snowdon, il tentera de succéder au doyen de la Ville de Montréal, le conseiller Marvin Rotrand, en poste sans interruption depuis 1982! «J’espère apporter de nouvelles idées en étant à l’écoute des citoyens», affirme également le professeur. «Ils en ont besoin après les derniers mois plutôt mouvementés», s’empresse-t-il d’ajouter, faisant référence non seulement à la pandémie, mais à la dispute très médiatisée entre la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et celle de l’arrondissement, Sue Montgomery, expulsée de Projet Montréal en 2020.

Lors de l’annonce de sa candidature, Projet Montréal a vanté l’expertise de Victor Armony en sécurité publique, puisqu’il est l’un des chercheurs qui ont produit en 2019 le rapport sur les interpellations du SPVM à la lumière de la diversité ethnique. Il a aussi été récemment impliqué dans la rédaction d’un diagnostic de sécurité publique sur la violence commise et subie par les jeunes de Montréal-Nord, d’un avis sur le profilage racial à Laval et d’un rapport sur le Service de police de la Ville de Repentigny. 

De part et d’autre de l’autoroute Décarie, le district de Snowdon est enclavé entre ceux de Côte-des-Neiges et de Notre-Dame-de-Grâce, rappelle Victor Armony. «C’est un district où l’on retrouve plusieurs immigrants et où il y a une diversité de profils culturels et socioéconomiques. Il va de soi que l’intégration et le logement abordable sont des enjeux incontournables. Je souhaite un arrondissement toujours plus inclusif, diversifié et sécuritaire», souligne celui qui a été associé à la création du Mois de l’héritage latino-américain de Montréal, dont il a été le premier président.

Le réaménagement de l’ancien Hippodrome, le verdissement des espaces publics et la sécurité des piétons autour des édicules du métro constituent également des enjeux auxquels compte s’attaquer le candidat. 

Marketing + sociologie = politique ? 

Sallim Dahman a l’habitude des passages entre différents univers. Spécialiste en marketing, il a dû faire ses classes en sociologie avant d’intégrer pleinement le doctorat. «Je me suis toutefois aperçu qu’il y a plusieurs similitudes entre l’analyse du comportement des consommateurs et l’analyse du comportement d’une population», souligne-t-il, confiant de pouvoir transférer ses capacités d’analyse dans l’arène politique.

Sallim Dahman est candidat pour Ensemble Montréal dans le district de Saint-Édouard.
Photo: Nathalie St-Pierre

Sous la direction de Jean-François Côté, sa thèse porte sur la rhétorique des institutions politiques, c’est-à-dire les techniques discursives utilisées par celles-ci pour convaincre la population du bien-fondé de leurs politiques. «On se demande parfois pourquoi les partis au pouvoir prennent telle ou telle décision, souligne le candidat. Prend-on ces décisions pour le bénéfice de toutes et tous ou bouscule-t-on inutilement les gens avec des décisions idéologiques qui ne tiennent pas compte de la réalité?»

Avec le bien commun en tête, le candidat Dahman souhaite se pencher sur les différents enjeux du district: la mobilité, le verdissement, l’offre de logement et la revitalisation des artères commerciales que sont la rue Beaubien et le boulevard Rosemont. «L’activité physique et le sport me préoccupent également, ajoute-t-il. J’aimerais que l’on puisse doter certains parcs d’équipements adéquats. À travers le sport, on investit aussi dans la socialisation et l’appartenance à la communauté.»

Sallim Dahman aime beaucoup l’équipe d’Ensemble Montréal qui prend forme en vue de la campagne. «On a parlé de l’importance de la diversité au cours des derniers mois, notamment de diversité ethnoculturelle et de diversité sexuelle et de genre, mais je remarque également la richesse de la diversité des expertises et des parcours professionnels des candidats et candidates. Cela fait en sorte que chacun a une perspective différente qui enrichit les discussions et les débats sur les enjeux qui nous préoccupent.»

La campagne électorale sera un défi en soi pour le doctorant, qui ne compte pas mettre sa thèse de côté s’il est élu. «Je suis en pleine rédaction, alors il n’est pas question de m’arrêter, souligne-t-il. Cela me prendra peut-être un peu plus de temps, mais j’y parviendrai.»

Intéresser les gens à la politique

Victor Armony et Sallim Dahman souhaitent éviter la politique partisane et la polarisation idéologique. «Je compte m’appuyer sur des faits et des données, affirme le professeur. J’espère que mon expérience comme prof pourra me servir, car il y a des points communs entre les deux vocations, notamment la capacité à écouter, à bien communiquer et à transmettre son message.» 

Sallim Dahman ne veut pas jouer la carte du clientélisme, qui rend les gens cyniques face aux politiciens. «Il faut faire de la politique pour l’ensemble de la population, pas seulement pour une partie de l’électorat.» 

La campagne électorale devrait se mettre en branle officiellement à la mi-septembre.

Vers un deuxième mandat ?

En 2017, Younes Boukala (B.A. science politique, 2020) est devenu le plus jeune élu de l’histoire de Montréal à 22 ans. Il brigue à nouveau le poste de conseiller d’arrondissement du district J.-Émery-Provost, à Lachine, au sein de l’équipe de Projet Montréal. «Les principaux enjeux pour le deuxième mandat sont de poursuivre le travail afin de sécuriser les rues pour les piétons et les cyclistes, la transformation de la marina en un parc riverain, le développement de Lachine Est en un quartier digne du 21e siècle et la poursuite des réflexions au sujet du transport en commun à Lachine», souligne celui qui conjugue toujours son implication politique et ses études. Il est désormais candidat au MBA à l’ESG UQAM.