Voir plus
Voir moins

Démocratie, citoyenneté et éducation

Ces thèmes seront au programme du premier symposium international de la Chaire UNESCO DCMÉT.

Par Claude Gauvreau

11 mai 2021 à 14 h 05

Mis à jour le 11 mai 2021 à 15 h 05

L’éducation se fait tout au long de la vie dans une diversité de contextes informels, comme ceux de la famille, de la communauté, de la culture, des loisirs et des médias, souligne la professeure Gina Thésée.Photo: Chaire UNESCO DCMÉT

Du 17 au 21 mai prochains, le symposium international «La démocratie, la citoyenneté mondiale et l’éducation transformatoire: nouvelles perspectives pour comprendre, s’entendre et agir ensemble» réunira plus de 100 conférencières et conférenciers provenant de 25 pays d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique. Se déroulant en français, en anglais et en espagnol sur la plateforme Zoom, le symposium abordera un large éventail de thèmes: droits de la personne, participation citoyenne, environnement, éducation à la paix, démocratie participative, etc. L’événement est organisé par la Chaire UNESCO en démocratie, citoyenneté mondiale et éducation transformatoire (CU-DCMÉT).

«L’objectif du symposium est d’établir un dialogue transnational, transculturel et transdisciplinaire entre des chercheurs universitaires, des enseignants et des représentants d’organisations de la société civile œuvrant dans divers domaines, comme ceux du communautaire, de l’éducation ou de l’environnement», souligne la professeure du Département de didactique Gina Thésée, cotitulaire de la Chaire CU-DCMÉT avec Paul R. Carr, professeur à l’Université du Québec en Outaouais.

Capsules vidéo

Pour en connaître davantage sur les conférencières et conférenciers du symposium ainsi que sur leurs présentations, il est possible dès maintenant de visionner des capsules vidéo sur la chaîne YouTube. On peut assister gratuitement au symposium par l’entremise de sa page Facebook ou par Zoom.

Le symposium a été organisé avec l’appui de nombreux partenaires, dont le Centre de recherche en éducation et formations relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE), la Commission canadienne pour l’UNESCO, l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), le Centre de recherche interdisciplinaire sur la citoyenneté et les minorités de l’Université d’Ottawa, l’Université nationale de Mexico et l’Asian-Pacific Center of Education for Tranformental Understanding (APCEIU).

Les trois grandes thématiques du symposium – démocratie, citoyenneté mondiale et éducation transformatoire –, qui sont aussi celles de la Chaire, sont interreliées, explique la professeure. «L’éducation transformatoire contribue ici comme ailleurs à bâtir une citoyenneté inclusive, ouverte sur le monde et soucieuse d’environnement, laquelle est essentielle au développement d’une démocratie participative. Ma collègue Lucie Sauvé, professeure associée au Département de didactique, présentera d’ailleurs une conférence plénière, le 20 mai, sur l’éducation relative à l’environnement et l’écocitoyenneté, conditions nécessaires à une transformation écosociale dans un contexte de crise climatique planétaire», note Gina Thésée, qui est aussi membre du Centre de recherche en éducation et formations relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) de l’UQAM.

Lors du symposium, l’éducation ne sera pas seulement abordée dans son contexte formel. «Dans la perspective de l’UNESCO, l’éducation se fait tout au long de la vie dans une diversité de contextes informels, comme ceux de la famille, de la communauté, des loisirs, de la culture et des médias», observe la professeure.

Démocratie et populisme

Il est beaucoup question depuis quelques années de la crise de confiance des citoyens à l’égard des institutions démocratiques, ce dont témoigne la montée des populismes de droite et de gauche, tant dans les pays du Nord que du Sud.

«Le discours populiste amène les gens à penser de manière simpliste, dit Gina Thésée. Il exploite la colère légitime à l’égard des injustices et des inégalités ainsi que la peur de l’autre. Le populisme contribue également à développer un sentiment d’appartenance à un groupe, notamment dans ces chambres d’écho que constituent les réseaux sociaux.»

L’éducation peut-elle constituer un rempart face à ce danger? «L’éducation formelle est certes nécessaire, mais demeure insuffisante, croit la chercheuse. Nous devons aussi utiliser d’autres leviers éducatifs ailleurs dans la société.»

Éducation transformatoire

L’éducation transformatoire sera l’une des trois grandes thématiques du symposium. Que faut-il entendre par cette expression? «Elle renvoie, notamment, aux pratiques d’éducation à la citoyenneté, à la démocratie et à l’environnement, qui se veulent émancipatoires sur les plans individuel et collectif, indique Gina Thésée. L’éducation transformatoire vise à juguler des pathologies sociales, comme le sexisme, le racisme et les autres formes d’exclusion.»

Ce type d’éducation est étroitement lié au développement d’une citoyenneté et d’une écocitoyenneté mondiales, poursuit la professeure, ce qui n’a rien à voir avec l’homogénéisation des sociétés propre à la mondialisation. «L’idée de citoyenneté mondiale s’inspire du concept de mondialité élaboré par le poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant, qui invite à célébrer la diversité des cultures, des langues et des modes de vie au sein d’une humanité commune. Mais être une citoyenne ou un citoyen mondial n’implique pas que l’on doive sacrifier son appartenance à une communauté nationale ou locale.»

Certaines présentations au symposium s’inspireront, par ailleurs, des travaux du pédagogue brésilien Paulo Freire (1921-1997), auteur, notamment, de l’ouvrage phare Pédagogie des opprimés, qui expose ses idées relatives à l’alphabétisation, à l’éducation des adultes et à l’aspect politique de l’éducation. «Pour Paulo Freire, l’éducation représente un processus de conscientisation et de libération dans lequel tous apprennent les uns des autres et tous sont des éducateurs les uns pour les autres», souligne la chercheuse.

Gina Thésée dit toujours à ses étudiants que l’on a besoin d’utopie en éducation. «Dans les années 1990, Federico Mayor, ancien directeur général de l’UNESCO, disait que l’éducation constituait une utopie nécessaire. Les utopies nous galvanisent, nous permettent de rester en action afin que les choses changent et que la société s’améliore. Comme le soulignait le philosophe Antonio Gramsci, il faut avoir le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté. En éducation, nous n’avons pas le choix d’être optimiste.»

À propos de la Chaire CU-DCMÉT

Créée en 2016, la Chaire CU-DCMÉT a vu son mandat renouvelé, en mars dernier, pour quatre années supplémentaires. Comme les autres chaires UNESCO, elle mène des activités de recherche, de formation et de réseautage. Celles-ci concernent des thèmes touchant les droits de la personne, la citoyenneté mondiale, le développement durable, l’éducation à la paix et l’éducation pour tous.

La Chaire poursuit plusieurs objectifs: contribuer à la démocratisation des systèmes éducatifs et des structures sociétales dans divers espaces géographiques, notamment dans les pays du Sud; établir des partenariats durables et efficaces avec les milieux académiques et les organisations de la société civile, au Nord comme au Sud; générer un programme de recherche interdisciplinaire sur la démocratie, la citoyenneté mondiale et l’éducation transformatoire.

«Nous avons maintenant plus d’une cinquantaine de projets avec divers partenaires dans plus d’une douzaine de pays, note Gina Thésée. Nous venons de créer à l’Université du Québec en Outaouais, où la Chaire est hébergée, un programme court intitulé «Éducation transformatoire à la démocratie et à la citoyenneté mondiale». Par ailleurs, le CRSH nous a accordé récemment une subvention pour un projet de recherche portant sur les médias sociaux, la participation citoyenne et l’éducation.»