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Alloprof: des ressources de plus en plus populaires

Une étude dirigée par Isabelle Gauvin dresse un portrait des habitudes des élèves sur la plateforme Alloprof.

16 décembre 2021 à 10 h 12

Mis à jour le 16 décembre 2021 à 10 h 12

Depuis le début de la pandémie, Alloprof a accompagné 90 000 élèves de plus dans leur parcours scolaire, ce qui constitue un total de 550 000 élèves pendant l’année scolaire 2020-2021. Photo: Getty Images

Le Centre d’études sur l’apprentissage et la performance de l’UQAM (CEAP UQAM) a mené une étude, en partenariat avec l’organisme Alloprof, pour évaluer l’importance des ressources en ligne offertes par l’organisme dans la réussite éducative des élèves lors de la pandémie de COVID19. «L’objectif était de mieux connaître les habitudes et les préférences d’utilisation des élèves de la plateforme Alloprof, ainsi que la motivation à l’utiliser en contexte particulier de pandémie», explique Isabelle Gauvin, directrice du CEAP UQAM et professeure au Département de didactique des langues. Ses collègues Marie-France-Côté et Rosianne Arseneau, ainsi que Patrick Charland et Isabelle Plante, du Département de didactique, faisaient partie de l’équipe de ce projet.

C’est l’organisme Alloprof qui a contacté le CEAP UQAM afin de faire l’évaluation de l’apport de ses ressources en ligne «pour l’accompagnement et la continuation des apprentissages des élèves durant les différentes périodes où les écoles étaient fermées et que les enfants, les parents et les enseignantes et enseignants devaient faire l’école à la maison», précise Isabelle Gauvin.

Plus d’utilisation des ressources d’Alloprof

Depuis le début de la pandémie, Alloprof a accompagné 90 000 élèves de plus dans leur parcours scolaire, ce qui constitue un total de 550 000 élèves pendant l’année scolaire 2020-2021. Alloprof, dont la cofondatrice et directrice générale est la diplômée Sandrine Faust (B.A.A., 1993; B.Éd. enseignement en adaptation scolaire et sociale, 1997), avait bénéficié d’un investissement additionnel de la part du ministère de l’Éducation afin de mettre sur pied de nouveaux services de soutien pédagogique et d’accompagnement pour les élèves en difficulté (voir l’article d’Actualités UQAM sur les activités d’Alloprof durant la pandémie).

«On croit, en temps normal, que ce sont les enfants qui se dirigent d’eux-mêmes vers les ressources d’Alloprof, mais en pandémie, le contexte était différent et Alloprof a d’abord servi d’outils pour les adultes afin de faire travailler les enfants»

Isabelle  Gauvin,

Directrice du Centre d’études sur l’apprentissage et la performance de l’UQAM. 

Selon l’étude, près de 70 % des élèves du primaire et du secondaire ont utilisé davantage Alloprof ou ont commencé à l’utiliser lorsque l’école se faisait à la maison. Au primaire, Alloprof a été majoritairement consulté à la demande des parents ou des enseignantes et enseignants pour aider les enfants à faire leurs devoirs. «On croit, en temps normal, que ce sont les enfants qui se dirigent d’eux-mêmes vers les ressources d’Alloprof, mais en pandémie, le contexte était différent et Alloprof a d’abord servi d’outils pour les adultes afin de faire travailler les enfants», souligne Isabelle Gauvin. Au secondaire, les ressources de l’organisme ont toutefois été utilisées de manière autonome par les jeunes souhaitant avoir de meilleurs résultats et réussir leurs évaluations. Plus de 30 % des élèves du primaire et 25 % de ceux du secondaire se sont également fait donner des tâches par leurs enseignants à réaliser sur Alloprof.

Beaucoup plus de temps consacré aux devoirs

Les résultats mettent aussi en lumière une augmentation de l’accompagnement scolaire offert par les parents durant la pandémie. Selon l’étude, le contexte inhabituel a eu un impact considérable sur le temps moyen consacré par les parents à aider leur enfant dans ses devoirs. Celui-ci a augmenté de 120 % au primaire pour atteindre 7,75 heures par semaine, et de 40 % au secondaire, soit cinq heures par semaine, lorsque l’école se faisait de la maison.

Autre constat: la plateforme Alloprof est fréquentée par toutes sortes d’élèves, quels que soient leurs résultats scolaires, le revenu ou le degré de scolarité de leurs parents, leur genre ou qu’ils aient ou non un diagnostic de trouble d’apprentissage. « Nous avons pu observer, selon les données recueillies, que l’efficacité perçue de l’utilisation des ressources d’Alloprof croît avec l’augmentation de leur fréquence d’utilisation, constate Isabelle Gauvin. C’est un cercle vertueux: plus un jeune a recours à Alloprof, plus il estime que cela l’aide dans sa réussite scolaire. »

Une deuxième étude subventionnée par le CRSH (subvention d’engagement partenarial), en cours, évalue les effets de certains jeux en ligne d’Alloprof sur l’apprentissage et la motivation des élèves du primaire en français et en mathématiques. «On sait que la plateforme est aimée des élèves, de leurs parents et des enseignantes et enseignants, qu’elle est utilisée, par exemple, pour l’étude et la préparation des examens, mais on veut savoir maintenant si les élèves apprennent grâce à ces ressources», dit Isabelle Gauvin. C’est la première fois qu’une équipe scientifique analyse le contenu pédagogique des ressources d’Alloprof et leurs effets sur les apprentissages des élèves.

«C’est un cercle vertueux: plus un jeune a recours à Alloprof, plus il estime que cela l’aide dans sa réussite scolaire.»

Isabelle Gauvin,

Directrice du Centre d’études sur l’apprentissage et la performance de l’UQAM. 

L’équipe de recherche est divisée en trois. Les professeures Line Laplante et Marie-France Côté, du Département de didactique des langues, et Myriam Fontaine, du Département d’éducation et formation spécialisées, ont pour mandat d’analyser les jeux Grimoire, en compréhension de la lecture, et Magimot, en apprentissage de l’orthographe, à la lumière des connaissances scientifiques disponibles en didactique du français. Elles ont aussi émis des recommandations à Alloprof pour l’amélioration de ces jeux. Dans une deuxième phase, l’équipe évaluera l’effet du jeu Magimot en contexte scolaire, sur le terrain.

Une deuxième équipe, composée des professeurs Patrick Charland et Martin Riopel, du Département de didactique, et Stéphane Cyr, du Département de mathématiques, procède de la même manière (analyses et recommandations), tout en s’intéressant cette fois aux jeux Météormath et Fin lapin. «À l’hiver 2022, les chercheurs feront une étude sur le terrain en collaboration avec les enseignantes et enseignants pour voir dans quelle mesure les jeux peuvent soutenir les élèves dans l’apprentissage des notions des opérations mathématiques.»

Une troisième équipe regroupant Isabelle Gauvin et Rosianne Arseneau analyse le jeu PP l’archer, sur l’accord des participes passés. Les chercheuses analysent les contenus disponibles en regard des plus récentes connaissances scientifiques en didactique de la grammaire. Les premiers résultats devraient être connus à l’été 2022.