Série COVID-19: tous les articles
Les nouvelles sur la situation à l’Université entourant la COVID-19 et les analyses des experts sur la crise sont réunies dans cette série.
La plupart des études le disent. Pour les femmes victimes de violence conjugale, le fait de détenir un emploi favorise la sécurité financière, limite les contacts avec l’auteur des violences et permet d’accéder à du soutien, notamment de la part des collègues de travail, qui sont souvent les premières personnes à dépister ce type de violence. Mais comment venir en aide aux travailleuses victimes de violence conjugale dans le contexte actuel de confinement dû à la COVID-19?
Une équipe de recherche composée de la professeure du Département des sciences juridiques Rachel Cox et de représentantes du Centre Femmes aux 4 Vents, du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Côte-Nord et de la Maison des femmes de Baie-Comeau a conçu une série de capsules de sensibilisation qui suggèrent des pistes d’action. Les deux premières capsules, intitulées «Pourquoi une obligation de protection pour l’employeur en matière de violence conjugale au travail?» et «Pourquoi arrive-t-il qu’une victime de violence conjugale reste avec l’auteur des violences?», peuvent être visionnées sur sa chaîne YouTube.
L’équipe a produit les capsules dans le cadre du projet de recherche «Vers une politique de travail en violence conjugale», qui a bénéficié de l’appui du Service aux collectivités de l’UQAM.
«Une étude récente de Statistique Canada révélait qu’une femme sur 10 craint qu’il y ait de la violence familiale dans son foyer en contexte de confinement, mentionne Rachel Cox. Pour soutenir les victimes de violence en général, y compris dans les conditions particulières que nous vivons à cause de la pandémie, une évaluation du risque est nécessaire et les employeurs doivent intervenir de façon appropriée et aidante, avec délicatesse et jugement. Le milieu de travail doit garder à l’esprit que les travailleuses peuvent être en danger, même en contexte de télétravail.»
Sensibiliser les employeurs
Depuis quelques années, l’équipe de recherche œuvre à sensibiliser les employeurs à la violence conjugale et à interpeller les milieux de travail quant à l’importance de leur rôle dans le soutien les victimes. Ses travaux montrent que le Québec accuse un retard par rapport à d’autres provinces canadiennes qui reconnaissent déjà une obligation de protection de la part de l’employeur. «Le confinement nous amène à poursuivre nos recherches et à essayer de mettre en œuvre des mesures adéquates pour soutenir les femmes et les employeurs, en vue de diminuer l’impact de la violence conjugale», souligne Hélène Millier, coordonnatrice de la Maison des femmes de Baie-Comeau.
Le Québec compte un important réseau de groupes spécialisés en violence conjugale –maisons d’hébergement, centres de femmes, centres d’aide aux victimes d’actes criminels –, lesquels continuent de soutenir les femmes même en contexte de pandémie. Les milieux de travail (victimes, collègues et employeurs) peuvent faire appel à leur expertise en cas de besoin. Les coordonnées de ces groupes et celles de la ligne SOS Violence conjugale sont indiquées dans les capsules.
La professeure Rachel Cox est l’autrice, en collaboration avec Marie-Ève Desmarais et Shanie Roy, du rapport de recherche «La reconnaissance d’une obligation explicite de l’employeur en matière violence conjugale au Québec», publié en 2019 par le Service aux collectivités.