La manière dont les facteurs de vulnérabilité se regroupent chez certains individus pourrait offrir un meilleur portrait des adolescents les plus à risque de symptômes dépressifs et d’idéations suicidaires, selon une étude publiée dans Development and Psychopathology et menée par des chercheurs de l’UQAM, de l’Université de Montréal, du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine et du Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
Les analyses ont été menées à partir de données provenant de 1 290 adolescents canadiens ayant été suivis de la petite enfance au début de l’âge adulte, dans le cadre de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes de Statistique Canada. «Lorsque les adolescents étaient âgés de 14-15 ans, nous avons examiné 18 facteurs psychosociaux liés aux adolescents eux-mêmes – tels l’estime de soi, les problèmes de santé mentale et la consommation de substances –, à leurs amis, à leurs familles et à l’école – tels l’abandon scolaire ou l’intimidation. Nous avons cherché à savoir s’il était possible d’identifier différents groupes d’adolescents en fonction des facteurs de vulnérabilité qu’ils présentaient», explique Lalou Tisseyre, doctorante en psychologie et première auteure de l’étude.
Cinq groupes d’adolescents ont émergé des analyses: un groupe à faible vulnérabilité (42 %), un groupe à vulnérabilité modérée (28 %), un groupe principalement caractérisé par la consommation de substance (13 %), un groupe avec des problèmes de conduite (9 %) et un groupe à vulnérabilité élevée (8 %). Comparativement au groupe à faible vulnérabilité, les quatre groupes à risque étaient tous plus susceptibles de présenter des niveaux élevés de symptômes dépressifs deux ans plus tard, à l’âge de 16-17 ans.
Seuls les adolescents du groupe à forte vulnérabilité étaient plus à risque de présenter des idéations suicidaires deux ans plus tard. «Ce groupe se démarquait des autres par un nombre plus élevé de problèmes de santé mentale et par une faible estime de soi à l’âge de 14-15 ans. Il est reconnu que la faible estime de soi est un facteur de vulnérabilité important de la dépression et des conduites suicidaires chez les adolescents», explique le professeur du Département de psychologie Réal Labelle, qui figure parmi les signataires de l’article.
«Ce travail représente une approche personnalisée de la compréhension de la vulnérabilité, souligne sa collègue Catherine Herba, également cosignataire. Cela peut avoir des implications majeures, notamment en permettant de mieux identifier les jeunes à risque et de leur offrir des interventions mieux adaptées.»