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Robert Leonard honoré à l’international

Le professeur est récompensé par la History of Economics Society pour son travail sur l’économiste allemand E. F. Schumacher, auteur de Small is Beautiful.

Par Magalie Masson

30 juin 2020 à 16 h 06

Mis à jour le 30 juin 2020 à 17 h 06

Robert Leonard

Depuis près de huit ans, Robert Leonard étudie la vie et le parcours intellectuel de l’économiste d’origine allemande E. F. Schumacher. En juin 2019, le professeur au Département de sciences économiques de l’ESG UQAM a publié l’article E. F. Schumacher and the making of ´Buddhist Economics´, 1950-1973, lequel a été soumis, à son insu, à la History of Economics Society (HES), une institution qui rassemble les historiens de l’économie à l’échelle internationale. À sa grande surprise, le prix Craufurd Goodwin du Meilleur article en histoire de la pensée économique de l’année 2020 lui a été remis un an plus tard. Sa contribution originale à des sujets contemporains et d’actualité tels que la modernité, l’agriculture biologique et le rôle de la technologie dans le développement économique ont été soulignés par le comité d’évaluation.

En raison de la pandémie de COVID-19, le prix sera présenté au Congrès annuel de la HES à Utrecht en 2021. Il s’agit du deuxième prix Craufurd Goodwin que l’économiste reçoit de l’HES. Sa recherche sur la théorie des jeux lui avait valu la même reconnaissance en 1996, ainsi que le prix Spengler, qui récompense le meilleur livre de l’année dans le domaine de l’histoire de la pensée économique (2010).

Originaire de l’Irlande, Robert Leonard est professeur au Département des sciences économiques depuis près de 30 ans. Ses recherches se concentrent sur l’histoire et la philosophie des idées économiques. Il a grandi à Dublin et a fait son doctorat à l’université Duke, aux États-Unis. En 2014-2015, il a été président de l’HES.

L’intérêt de Robert Leonard pour l’œuvre de l’économiste E. F. Schumacher est né au Québec, dans les Cantons-de-l’Est. En y habitant pendant 13 ans, le professeur a observé la faune, la flore, les méthodes agricoles modernes et leurs effets dans les campagnes. Il y voyait des paysages abîmés par la surconsommation humaine. «Ce fut désolant comme expérience. Ça m’a ramené aux sujets qu’abordait Schumacher. Je l’avais lu à Dublin lorsque j’étais étudiant. Avec ma recherche sur la théorie des jeux qui prenait fin, j’ai décidé de me lancer à la découverte de son œuvre», explique le professeur.

L’économiste E.F. Schumacher est reconnu pour son livre intitulé Small Is Beautiful: A Study of Economics As If People Mattered, paru en 1973. Au début de sa carrière, dans les années 1930, on le qualifiait d’économiste orthodoxe. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il vivait en Angleterre et c’est de là qu’il a constaté les conséquences physiques, politiques et sociales du conflit sur son pays d’origine, l’Allemagne. Ses observations ont provoqué une importante transformation personnelle. Il s’est ainsi plongé dans l’étude du bouddhisme et de la spiritualité orientale. En 1955, en Birmanie, il a été confronté à l’impact culturel du développement économique occidental, ce qui a façonné sa nouvelle pensée économique et donné lieu à l’écriture du livre Small is Beautiful. Il y a près de 70 ans, l’économiste en était arrivé à la conclusion que les humains devaient restreindre leur appétit économique, à l’aide de croyances éthiques ou spirituelles, faute de quoi ils dépouilleraient le monde de ses ressources.

Dans son article récompensé par la HES, Robert Leonard retrace une partie de la transformation intellectuelle et spirituelle d’E.F. Schumacher. Il travaille actuellement à l’écriture de la biographie intellectuelle complète de l’économiste.