Amorcés à l’été 2017, les travaux de réfection du clocher de l’ancienne église Saint-Jacques ont été complétés en décembre dernier. Pour marquer le coup, l’UQAM a réuni les maîtres d’œuvre et les artisans du projet, le 21 janvier, avant de présenter la toute première illumination de cette icône architecturale du Quartier latin.
«L’UQAM a 50 ans! Le clocher Saint-Jacques, intégré au pavillon Judith-Jasmin de l’Université, en a trois fois plus! Datant de 1860 et classé immeuble patrimonial, ce clocher, devenu “le clocher de l’UQAM”, nécessitait une restauration en profondeur, déclare la rectrice Magda Fusaro. Grâce au financement du gouvernement du Québec et au terme de deux années intensives de travaux, c’est avec bonheur que l’UQAM dévoile aujourd’hui son clocher, restauré avec soin, magnifiquement illuminé et prêt à affronter le prochain siècle.»
«Avec ce projet de restauration et de mise en lumière du clocher, l’UQAM, une université ayant tissé des liens étroits avec les Montréalaises et les Montréalais, offrira à la communauté universitaire, aux passants et aux résidents du Quartier latin un environnement de grande qualité, en toute saison», souligne pour sa part Nathalie Maillé, directrice générale du Conseil des arts de Montréal et présidente du Conseil d’administration de l’UQAM.
Des travaux réalisés de main de maître
«La restauration de cette structure, véritable héritage patrimonial, est l’un des projets phares du 50e anniversaire de l’Université. Elle a représenté de nombreux défis et nécessité la collaboration de plusieurs entrepreneurs, ingénieurs, architectes et artisans», affirme Christine Pouliot, directrice du Service des immeubles. Financé majoritairement par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, le projet de 18,8 M$ a permis de redonner tout son lustre à ce joyau du patrimoine montréalais.
Entre 2009 et 2017, plusieurs travaux de sécurisation et d’investigation avaient été réalisés par le bureau d’architectes spécialisé en restauration patrimoniale DFS: on avait mis en place un périmètre de sécurité, retiré des ardoises de la flèche sur toute sa hauteur, solidifié la maçonnerie et les balustrades, procédé à des ouvertures exploratoires dans les contreforts et à l’analyse du mortier existant.
Réalisé par l’entrepreneur général St-Denis Thompson, le projet de restauration de l’édifice haut de 85 mètres a consisté, notamment, en la reconstruction des contreforts, au remplacement des fenêtres, à la restauration du portail d’entrée et des balustres des balcons, à la reconstruction de la flèche, à la rénovation du carillon et au remplacement des installations électromécaniques.
«Je lève mon chapeau à tous ceux et toutes celles qui ont participé au projet, et tout particulièrement à l’équipe de 25 maçons spécialisés en restauration de bâtiments patrimoniaux. Ils ont remplacé plus de 2000 pierres de dimensions et de couleurs différentes», affirme Martine Lacombe. L’architecte du Service des immeubles agissait à titre de chargée de projet pour l’UQAM sur le chantier.
La firme d’ingénierie NCK a participé au projet à titre de responsable du volet structure. «Le plus grand défi d’un chantier comme celui-là était de planifier la séquence de remplacement des pierres, en prenant soin de ne pas affaiblir l’édifice, précise Martine Lacombe. Parfois on avait des surprises: on enlevait une pierre pour s’apercevoir que deux pierres adjacentes, qui avaient l’air en bon état, étaient très abîmées. Il fallait revoir la séquence de travail.»
Chaque pierre était numérotée, en fonction des réparations à effectuer. «Certaines ont été remplacées, d’autres réparées avec du mortier de restauration, ou encore avec un flipot. Cette dernière technique consiste à retirer un morceau de pierre endommagé et à le remplacer, poursuit l’architecte. Dans la partie haute du clocher, on a apposé des placages sur certaines pierres qu’on ne pouvait enlever sans compromettre la structure.»
Refaire l’ardoise de la flèche, au sommet du clocher, en plein hiver de surcroît, relevait pratiquement de l’exploit. «Il faisait souvent moins 30 degrés là-haut et les ouvriers ont dû composer avec de forts vents», raconte Martine Lacombe. L’ardoise d’origine a été remplacée par une ardoise deux fois plus épaisse, précise-t-elle.
Plusieurs autres entreprises ont participé aux travaux de restauration: les ingénieurs de la firme Bouthillette Parizeau et Associés étaient responsables du volet mécanique-électricité; les balustres en fonte des deux balcons du clocher ont été restaurés dans l’atelier de Forges Urbaines; la structure d’acier soutenant les cloches a été consolidée, les huit cloches datant de 1905 ont été remises à neuf (on a retiré la peinture au plomb) et un nouveau système de programmation du carillon, désormais électronique, a été installé par Léo Goudreau et Fils; les deux grands vitraux ont été restaurés et peints à la main par Tigrane Pasharyan de Vitraux Prestige.
«J’ai travaillé pour plusieurs firmes d’architectes et j’ai participé à plusieurs gros projets, mais jamais à un projet aussi emballant que le clocher de l’UQAM», affirme Martine Lacombe. L’architecte a eu le privilège de fixer elle-même le fameux coq qui surmonte la croix du clocher. «La crête du coq était amochée. On l’a retapé et repeint avec de la peinture dorée.»
Mise en lumière architecturale
Conçue par UDO Design, la mise en lumière du clocher est composée de cinq postures architecturales: l’éveil, l’étirement, le cœur, la vitalité et la relaxation. Chaque posture met en valeur des caractéristiques architecturales du clocher grâce à la lumière qui évolue en intensité et en tonalité (blanc chaud, blanc médium et blanc froid).
On peut voir la vidéo de l’illumination tournée par drone, réalisée par le Service de l’audiovisuel de l’UQAM.
Cette mise en lumière nécessite un total de 108 appareils d’éclairage DEL intégrés au clocher, du sol jusqu’au toit. Assurer l’intégration harmonieuse de tous ces appareils à l’architecture du bâtiment afin qu’ils disparaissent au profit de l’expression lumineuse a constitué un important défi. En outre, un grand soin a été apporté à la réduction des pertes lumineuses et à la protection du ciel étoilé.
Avec cette mise en lumière architecturale, l’UQAM rejoint les rangs de la Ville de Montréal, du Partenariat du Quartier des spectacles (PQDS), d’autres institutions d’enseignement, de bibliothèques et de places publiques, ici et ailleurs dans le monde, qui partagent le même objectif de mise en valeur du patrimoine bâti et historique. Le projet a été réalisé en étroite collaboration avec le PQDS, grâce au soutien financier de la Ville de Montréal et du Secrétariat à la région métropolitaine.
«Phare important du Plan lumière du Quartier des spectacles, l’illumination du clocher est le fruit d’une précieuse et longue collaboration avec l’UQAM, souligne Pierre Fortin, directeur général du Partenariat du Quartier des spectacles. Je salue les différents partenaires publics qui ont contribué à la restauration de ce monument de l’histoire de Montréal. C’est donc avec beaucoup de fierté et de joie que nous voyons la lumière revenir éclairer le pôle est du Quartier des spectacles.»
La mise en valeur du clocher de l’UQAM s’inscrit dans un programme de mise en valeur des espaces publics du Quartier latin et du campus urbain de l’Université proposé dans le Programme particulier d’urbanisme (PPU) du Quartier des spectacles – Pôle du Quartier latin.
Un peu d’histoire
Érigée en 1828, l’église Saint-Jacques fut la première cathédrale de Montréal. Détruite par le feu en 1852, puis reconstruite, elle subit, en 1858 et en 1933, deux autres incendies qui laisseront intacts le clocher, le portail du transept sud et la sacristie. Le clocher, tel qu’on le connaît aujourd’hui, a été construit en 1860 et c’est en 1876 qu’on y a ajouté la flèche. Huit cloches fondues en France, ont été hissées et entendues pour la première fois en 1905. L’UQAM fait l’acquisition des lieux en 1973. Le clocher sera par la suite intégré à la construction du pavillon Judith-Jasmin, inauguré en 1979. Il s’agit d’un des plus hauts clochers de l’île de Montréal et d’un point de repère important dans le paysage urbain.