Qui a dit qu’enseigner les sciences devait être ennuyant? Une méta-analyse de 79 études réalisées dans les écoles primaires, secondaires et postsecondaires à travers le monde démontre que les jeux sérieux – jeu vidéo éducatif, simulation d’expérience scientifique sur ordinateur – favorisent l’apprentissage davantage qu’un enseignement conventionnel.
Publiée dans la revue Studies in Science Education, la méta-analyse a été effectuée par les professeurs du Département de didactique Martin Riopel, Patrice Potvin, Pierre Chastenay, Patrick Charland et Steve Masson ainsi que par les doctorants Lucian Nenciovici et Jérémie Blanchette Sarrazin. Les chercheurs sont regroupés au sein de l’équipe de recherche en éducation scientifique et technologique (EREST). «Les sciences se prêtent bien aux simulations et aux jeux vidéo, affirme Martin Riopel. Elles permettent de produire des modèles et de créer des univers que l’on peut explorer de manière réaliste ou schématique.»
Plus marqué au secondaire
L’étude démontre que l’effet des jeux sérieux est plus important à l’école secondaire qu’au primaire ou au postsecondaire. «Cette découverte est étonnante, puisqu’on pourrait s’attendre à ce que l’impact soit plus grand chez les plus jeunes», mentionne le professeur.
La durée du jeu – plus le jeu est court, plus l’effet est grand – et le sentiment de contrôle de l’usager ont aussi un impact déterminant sur l’apprentissage. D’autres facteurs comme l’interactivité, le niveau de réalisme et le domaine du jeu – physique, chimie, biologie, mathématiques – semblent avoir un effet, mais moins significatif.
Des jeux dans plusieurs domaines
Plusieurs chercheurs issus de la Faculté des sciences de l’éducation ont lancé des jeux éducatifs en lien avec les sciences au cours des dernières années. On pense à l’application Slice Fractions l’apprentissage des mathématiques, développée par Jean-Guillaume Dumont (B.A. communication, 2006; B.Ed. éducation préscolaire et enseignement primaire, 2010; M.A. éducation, 2012) et François Boucher-Genesse (M.A éducation, 2012); au jeu Mécanika les rudiments de la physique, créé par François Boucher-Genesse, Martin Riopel et Patrice Potvin; ou encore au jeu d’identification des oiseaux, des papillons et des constellations, développé par Martin Riopel. «Une équipe de chercheurs de l’EREST travaille présentement sur un jeu lié aux écosystèmes aquatiques», souligne Martin Riopel.
Le chercheur souhaite que la méta-analyse convainque davantage d’enseignants des sciences d’intégrer les jeux sérieux dans leurs salles de classe. «Avec des interventions courtes, de l’interactivité et un sentiment de contrôle sur le jeu, il est certainement possible d’apprendre tout en s’amusant.»