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Heidi Barkun, boursière Bronfman

La remise des bourses coïncide avec le lancement d’un nouveau site web dédié à l’ensemble des boursiers Bronfman en art contemporain.

Par Valérie Martin

17 juin 2020 à 17 h 06

Mis à jour le 7 juin 2022 à 12 h 12

Heidi Barkun.

La candidate à la maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM Heidi Barkun et l’étudiante à la maîtrise en beaux-arts de l’Université Concordia Mara Eagle ont reçu cette année la prestigieuse bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain. Cette année, la remise des bourses coïncide avec le lancement d’un nouveau site web dédié à l’ensemble des lauréats. Le site web bilingue présente le travail d’une vingtaine d’artistes primés depuis le lancement de ces prestigieuses bourses en 2010. En partenariat avec la Fondation de la famille Claudine et Stephen Bronfman, l’UQAM et l’Université Concordia sont partenaires de cette initiative. D’une valeur de plus de 60 000 dollars chacune sur une durée de deux ans, les Bourses Claudine et Stephen Bronfman offrent aux lauréats la reconnaissance et le soutien indispensables au perfectionnement de leurs œuvres et à l’avancement de leurs recherches créatrices, à un moment important de leurs parcours, alors qu’ils passent de la sphère universitaire au milieu professionnel. Les Bourses sont remises annuellement à deux finissants de la maîtrise ou du doctorat en arts visuels ou médiatiques de la Faculté des arts de l’UQAM et de la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia.

Le protocole d’entente entre l’Université Concordia, l’UQAM et la Fondation de la famille Claudine et Stephen Bronfman a par ailleurs été renouvelé cette année pour une durée de cinq ans. «Le renouvellement de l’entente avec la Fondation permet, pour une onzième année de suite, d’offrir un soutien financier à une artiste de la relève. C’est grâce à la grande générosité de la Fondation que des artistes comme Heidi Barkun peuvent poursuivre leur pratique et amorcer une transition vers le milieu professionnel dans des conditions très favorables», a déclaré Joanne Lalonde, doyenne par intérim de la Faculté des arts.

Chaque fiche du site web présente une description générale de l’artiste (particularités, médium artistique de prédilection, parcours professionnel, etc.), en plus d’être richement illustrée par une série de photos des œuvres en gros plan ou d’expositions. Un calendrier permet de prendre connaissance des expositions ou des projets à venir des artistes. «Le nouveau site web fait la promotion des lauréates et lauréats de la Bourse tout en faisant rayonner les œuvres des artistes», ajoute Joanne Lalonde. Les étudiants intéressés peuvent aussi obtenir de l’information pour poser leur candidature. La date limite pour le prochain concours est le 30 novembre prochain.

En partenariat avec la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia, la Faculté des arts a également développé un nouveau service de mentorat en ligne offert aux étudiants en arts visuels et médiatiques (baccalauréat et maîtrise) ainsi qu’aux doctorants en études et pratiques des arts. Le site est propulsé par la Fondation de la famille Claudine et Stephen Bronfman.

De scientifique à artiste engagée

Lors de la remise des bourses, Heidi Barkun a confié être honorée de se retrouver parmi tous les artistes québécois, hommes et femmes, qui ont été soutenus par la Fondation Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain. «En ces temps d’incertitudes, j’aimerais exprimer ma gratitude pour la reconnaissance artistique et pour la stabilité financière que m’offre cette Bourse», a-t-elle dit.

Scientifique de formation – elle détient un baccalauréat en biologie anatomique et cellulaire de l’Université McGill –, Heidi Barkun est devenue artiste au début des années 2000 pour témoigner de son vécu «dans un corps malade», souffrant d’une maladie chronique depuis l’adolescence.

Artiste transdisciplinaire, celle qui termine également une concentration de deuxième cycle en études féministes explore les constructions identitaires par la pratique de l’installation contextuelle au moyen de la voix, du texte, des objets et des lieux, qui agissent comme des médias de résistance aux définitions normatives. L’attention portée à son infertilité dans ses œuvres récentes découle de quatre ans de traitements infructueux de fécondation in vitro (FIV).

Au printemps 2020, Heidi Barkun proposait, dans la petite salle attenante à la Galerie de l’UQAM, une incursion dans le monde de la FIV avec l’exposition LET’S GET YOU PREGNANT! Une installation sonore d’une durée de six heures présentait une trentaine de témoignages, dont le sien, de femmes ayant fait l’expérience de traitements de fertilité infructueux. En complément, Heidi Barkun avait aussi regroupé sous vitrines muséales du matériel médical tiré de vrais protocoles de FIV appartenant à des participantes – des fioles de médicaments, des seringues, des timbres et autres comprimés d’hormones, des tampons désinfectants – ainsi que des objets personnels des participantes: images d’échographie utérine, bottines de nourrisson, literie pour poupons ou extrait tiré d’un journal intime.

«Je remercie également mon directeur de recherche, le professeur de l’École des arts visuels et médiatiques Michael Blum, qui m’a aidée à m’épanouir lors de mes études de deuxième cycle, l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) pour m’avoir fait découvrir de nouveaux horizons théoriques, tous les professeurs et les professeures, techniciens et techniciennes qui m’ont guidée durant mon parcours académique, ainsi que les 27 participantes de l’œuvre LET’S GET YOU PREGNANT! pour leur courage et leur partage, a-t-elle ajouté. Mon projet de recherche explore l’expérience de l’échec de la fécondation in vitro dans une société pronataliste. Avec l’appui de la Bourse Bronfman, je pourrai poursuivre ma démarche d’artiste engagée, qui valorise des vécus dont on entend trop peu parler.»

L’artiste a exposé ses œuvres en solo et dans des expositions collectives, à Montréal (Galerie SAS, Galerie Simon Blais, etc.), à Toronto (Liberty Grand), aux États-Unis et en Amérique du Sud. Ses œuvres font partie des collections de la Banque Nationale du Canada et de Senvest (Art canadien nouveau). Heidi Barkun est récipiendaire de nombreuses bourses, dont celles du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec, et de la bourse d’excellence RéQEF-UQAM offerte par le Réseau québécois en études féministes (2018-19). En tant que membre du collectif La CORPS féministe, elle a corédigé une traduction et une adaptation québécoise de l’ouvrage sur la santé des femmes Our Bodies, Ourselves, dont le deuxième volume sur la périnatalité paraîtra en 2021. Heidi Barkun compte parmi les trois artistes en résidence sélectionnées pour participer aux activités (2020-2024) de la Chaire McConnell-UdeM en recherche-création sur la réappropriation de la maternité, en collaboration avec le Centre d’exposition de l’Université de Montréal.