Voir plus
Voir moins

ÉVISSA et la relève

L’Équipe Violence Sexuelle et Santé offre plusieurs possibilités aux jeunes qui entrevoient une carrière en recherche.

Par Valérie Martin

10 mars 2020 à 10 h 03

Mis à jour le 10 mars 2020 à 17 h 03

Les membres d’ÉVISSA ont instauré des mesures pour mieux former la relève et préparer les étudiant.e.s des cycles supérieurs à une carrière en recherche. Photo: Getty Images

L’équipe de recherche interdisciplinaire et interuniversitaire ÉVISSA (pour Équipe Violence Sexuelle et Santé) regroupe, depuis 2007, une douzaine de chercheuses provenant de plusieurs domaines comme la psychologie, la sexologie, l’éducation et la psychoéducation. Ces professeures cherchent, entre autres, à mieux comprendre les répercussions sur la santé psychologique, sexuelle et physique des personnes victimes. Les projets scientifiques sont menés en étroite collaboration avec différents milieux de pratique: centres hospitaliers, centres jeunesse, écoles ou organismes qui travaillent auprès de jeunes vivant des situations de violence sexuelle comme la Fondation Marie-Vincent ou Tel-jeunes.

«Toutes les étapes du développement de l’être humain, de la petite enfance à l’âge adulte, en passant par l’adolescence, sont étudiées au sein de l’équipe en lien avec les violences sexuelles», précise la directrice d’ÉVISSA et professeure au Département de sexologie Martine Hébert. L’équipe, financée depuis ses débuts par un fonds d’infrastructure des Fonds de Recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC), produit également divers outils de vulgarisation, comme des vidéos sur les violences sexuelles destinées aux adolescents.

Les échanges entre chercheuses membres d’ÉVISSA ont mené au développement de projets de recherche importants. Financée par l’Agence de santé publique du Canada, l’Enquête sur les parcours amoureux des jeunes (PAJ), menée par Martine Hébert auprès d’élèves du secondaire, et l’Enquête sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire (ESSIMU), dirigée par la professeure du Département de sexologie Manon Bergeron (Ph.D. éducation, 2013), font partie des projets majeurs mis en œuvre par des membres d’ÉVISSA. Pour ce projet, Manon Bergeron a été nommée Scientifique de l’année 2019 par Radio-Canada.

Former la relève en recherche

Les membres d’ÉVISSA ont instauré des mesures pour mieux former la relève et préparer les étudiants des cycles supérieurs à une carrière en recherche. L’équipe organise cette année son 10e colloque pour la relève, qui aura lieu le vendredi 13 mars prochain. Quelque 70 étudiants participeront au colloque. «La participation au colloque permet aux étudiants d’acquérir une première expérience de présentation de leurs travaux de recherche devant des pairs, explique Amélie Gauthier-Duchesne, doctorante en sexologie et membre du comité organisateur. Ils seront ensuite plus à l’aise de prendre la parole lors des congrès internationaux.»

Toujours dans le cadre du colloque, une table ronde sera l’occasion de discuter de diverses stratégies à mettre en place pour mieux réussir ses études supérieures. «Les étudiants font face à toutes sortes de difficultés dans le cadre de leur parcours académique: précarité financière, isolement, anxiété, conciliation vie personnelle-vie académique», décrit Amélie Gauthier-Duchesne, qui s’intéresse, dans le cadre de ses études doctorales, aux garçons adolescents victimes d’agression sexuelle et à leurs expériences de dévoilement. Différentes activités plus informelles ainsi qu’un cocktail de réseautage sont aussi organisés.

De génération en génération

Des étudiants de premier cycle bénéficient pour leur part de bourses pour un stage d’été et initiation à la recherche. «Cette première bourse peut aider les étudiants à obtenir d’autres bourses d’études», précise Martine Hébert. C’est grâce à cette bourse d’initiation que la diplômée Rachel Langevin (Ph.D. psychologie, 2016) a connu l’équipe ÉVISSA. «Ma carrière en recherche a débuté en tant que stagiaire d’été au sein de l’équipe et c’est là que j’ai connu Martine Hébert, qui est devenue ma codirectrice de thèse, dit celle qui est aujourd’hui professeure à la Faculté d’éducation de l’Université McGill et membre-chercheuse d’ÉVISSA. L’été dernier, j’ai accueilli à mon tour une première stagiaire de premier cycle dans mon laboratoire à McGill.»

Tout comme Rachel Langevin, d’anciennes étudiantes sont devenues professeures et demeurent au sein d’ÉVISSA. C’est le cas des professeures Alison Paradis (Ph.D. psychologie, 2013), du Département de psychologie, et Manon Bergeron. «Nos membres sont désormais issues de plusieurs générations, relève Martine Hébert. Les étudiantes les plus avancées donnent un coup de pouce aux novices pour remplir une demande de bourse ou pour les aider à peaufiner leurs affiches de présentation aux colloques. Il règne une ambiance de camaraderie.» De plus en plus d’étudiants sont attirés par le sujet des violences sexuelles et par les nombreuses possibilités de codirection de projets de recherche, fait remarquer Martine Hébert.

Au cours des quatre dernières années, plus d’une soixantaine d’étudiants de deuxième cycle ont entrepris et terminé leurs études supérieures au sein de l’équipe ÉVISSA. De nombreux prix ont été remportés par des étudiants, dont le plus récent prix Paul-Gérin-Lajoie du Fonds Société et culture, remporté par la doctorante en psychologie Cyndi Boisjoli pour sa recherche portant sur les interrelations entre la perception des liens d’attachement, la difficulté à identifier et à exprimer ses émotions et les problèmes de comportement chez les enfants victimes d’agression sexuelle.

Les membres d’ÉVISSA ont publié depuis quatre ans 200 articles scientifiques, 60 chapitres de livres et produit 400 communications. Près de la moitié de ces publications et autres communications impliquent des étudiants provenant des trois cycles universitaires. «On met beaucoup de temps à former les étudiants et à les guider dans leur première expérience de rédaction», témoigne en conclusion Martine Hébert.