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Griffe uqamienne au MBAM

Trois Uqamiennes présentent leurs créations en marge de l’exposition consacrée à Thierry Mugler.

Par Valérie Martin

7 juin 2019 à 10 h 06

Mis à jour le 19 décembre 2019 à 10 h 12

Les créations vestimentaires de la professeure de l’École supérieure de mode de l’ESG UQAM Ying Gao (B.A. gestion et design de la mode, 2000; M.A. communication/multimédia interactif, 2003) et de la diplômée Marie-Ève Lecavalier (B.A. gestion et design de la mode, 2014) sont exposées au Musée des beaux-arts de Montréal, dans le cadre de l’exposition Montréal Couture. L’exposition, qui regroupe 10 designers québécois, est présentée jusqu’au 8 septembre en parallèle de Thierry Mugler: couturissime, une rétrospective des œuvres du célèbre créateur de mode qui a déjà attiré plus de 100 000 visiteurs.

Incursion dans la mode intelligente

Depuis une douzaine d’années, la designer et professeure Ying Gao explore l’aspect transformatif des vêtements à travers des matières inédites comme le latex médical et le verre. Trois créations expérimentales de la designer figurent au programme de Montréal Couture. Intitulée Flowing water, standing time (2019), sa création la plus récente met l’accent sur l’autonomie des vêtements à agir et à réagir en se métamorphosant physiquement. Pour créer cette pièce, Ying Gao a utilisé du silicone et du thermoplastique (PVDF), deux matières dans lesquelles ont été insérés des composants électroniques. Complétée par un casque en verre, la création vestimentaire se veut une réflexion sur des questions actuelles en design. La designer s’est également inspirée du livre L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, du neurologue Oliver Sacks, dans lequel le médecin relate le cas d’un quinquagénaire persuadé d’être un adolescent.

La nouvelle création Flowing water, standing time a été présentée en février dernier au salon international Première Vision de Paris, dans le cadre de l’exposition Wearable Lab: Skills². L’événement international constitue l’un des plus importants rendez-vous des professionnels de l’industrie de la mode.

La série Possible Tomorrows (2018) rassemble deux vêtements robotisés connectés à un système de reconnaissance d’empreintes digitales. Détournant la notion de sécurité, ils ne s’animent qu’en présence de personnes inconnues dont les empreintes sont rejetées par le scanner. Enfin, le projet (No)where (Now)here (2013) consiste en deux robes interactives en super organza, avec fils photoluminescents, lesquelles sont activées par le regard du spectateur. Elles s’illuminent dans le noir comme des méduses dans la mer.

Pour concevoir ses deux plus récents projets, Ying Gao s’est entourée d’une équipe de jeunes designers composée des étudiantes au baccalauréat en gestion et design de la mode Marianne Frève, Noémie Vallières et Sarah Danis-Cyr, de l’ancienne étudiante en mode Julie Desjardins (2017) et de la diplômée Marie Fourriere (B.A. gestion et design de la mode, 2018).

Vêtements psychédéliques

La collection psychédélique Come Get Trippy With Us de Marie-Ève Lecavalier se compose notamment d’une robe chemisier, d’un manteau en daim beige ainsi que d’une robe tricotée en cuir, laquelle a permis à sa créatrice d’obtenir le prix Chloé lors du festival de mode d’Hyères en 2018. Ce prix prestigieux est remis au créateur ayant le mieux réussi à interpréter l’identité de la maison de couture. Pour réaliser cette collection qui s’inspire de son enfance, la designer a utilisé des matières écoresponsables comme du cuir et de la fourrure recyclés ainsi que du denim vintage. Les imprimés des vêtements ont été inspirés par la musique de Frank Zappa. L’ancienne assistante de Ying Gao est aussi finaliste au prix français LVMH 2019 pour les jeunes créateurs de mode. Le lauréat sera dévoilé au mois de juin.

Les créations vestimentaires de l’ancien étudiant au baccalauréat en gestion et design de la mode Markantoine Lynch-Boisvert, mieux connu sous le nom de Markantoine, affichent un style gothique-exotique. S’inspirant de l’univers fantastique des films de Tim Burtons, Markantoine présente une collection printemps-été 2018 comportant une série de vêtements en patchwork, dont une robe princesse à paillettes roses dotée de manches papillon et un manteau coupe-vent surdimensionné et à motifs camouflage sur lequel sont cousus des empiècements de paillettes rouges.

Ateliers de couture et mode du 19e siècle

Toujours en complément de la rétrospective consacrée à Thierry Mugler, l’exposition La Boîte à couture, dont le commissariat est assuré par la professeure de l’École supérieure de théâtre Véronique Borboën, propose une incursion en trois volets dans l’univers de la haute couture. Le public de tous âges est amené à découvrir les métiers spécialisés de la mode comme la broderie, la dentellerie ou la chapellerie ainsi qu’à prendre connaissance des débuts de la haute couture, qui remontent au XIXe siècle. Des ateliers créatifs gratuits sont offerts aux designers de mode en herbe. En collaboration avec le concepteur et accessoiriste de théâtre Michael Slack, la professeure, qui est aussi scénographe et spécialiste en histoire du costume, a confectionné une relecture en papier de la tenue portée par Mme Kathleen Newton, la muse du peintre et caricaturiste français James Tissot, dans la célèbre toile Octobre, peinte en 1877. Composée d’une douzaine de types de papier, l’oeuvre a nécessité plus de 200 heures de travail.