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Les bienfaits des forêts urbaines

Alain Paquette obtient plus d’un demi-million de dollars pour étudier la résilience des forêts urbaines en lien avec les changements climatiques.

Par Pierre-Etienne Caza

11 juillet 2019 à 13 h 07

Mis à jour le 11 juillet 2019 à 13 h 07

Les forêts urbaines fournissent des services écosystémiques importants, tels que la réduction de la chaleur et une meilleure qualité de l’air, favorisant ainsi la santé environnementale et humaine.Photo: Nathalie St-Pierre

Le professeur du Département des sciences biologiques Alain Paquette obtient 540 000 dollars du CRSNG pour un projet de recherche interdisciplinaire et interuniversitaire sur la résilience et les bienfaits des forêts urbaines canadiennes dans le contexte des changements climatiques. Il s’agit de l’un des neuf projets retenus par l’organisme subventionnaire dans le cadre du nouveau programme Soutien à l’avancement de la recherche sur les changements climatiques au Canada. «Nous souhaitons mieux comprendre les forêts urbaines car elles fournissent des services écosystémiques importants, tels que la réduction de la chaleur et une meilleure qualité de l’air, favorisant ainsi la santé environnementale et humaine», précise Alain Paquette.

Les co-chercheurs de ce projet sont Daniel Kneeshaw, du Département des sciences biologiques, ainsi qu’Audrey Smargiassi et Kate Zinszer (Université de Montréal), Paul Villeneuve (Carleton University) et Matilda van den Bosch (University of British Columbia). Mis à part Alain Paquette et Daniel Kneeshaw, spécialistes de la forêt, ces chercheuses et chercheur sont spécialisés dans le domaine de la santé environnementale ou de la santé publique. Le projet compte de nombreux collaborateurs des milieux académique et gouvernemental, parmi lesquels le professeur associé au Centre d’étude de la forêt Daniel Houle, qui travaille à Environnement et Changement climatique Canada, ainsi que plusieurs partenariats, notamment avec Ressources naturelles Canada, Santé Canada, Environnement et Changement climatique Canada (incluant un financement de 60 000 dollars), la Ville de Montréal, la Ville de Toronto, Metro Vancouver, et la Direction régionale de la santé publique de Montréal.

«Le projet comporte trois volets: santé humaine, télédétection et écophysiologie, explique Alain Paquette. Il s’agit de mieux cerner comment les arbres poussent en milieu urbain, d’identifier les stress qu’ils subissent, la façon dont les changements climatiques les affectent, et comment, ultimement, cela affecte la santé des gens en ville.»

Il importe de mieux connaître la densité et la composition de ces forêts urbaines, car des caractéristiques comme la taille des arbres et la forme de leur cime influencent leur résilience aux changements climatiques, précise le chercheur. «Une fois que nous aurons ces données, nous pourrons prédire l’impact des changements climatiques sur les services écosystémiques des arbres en ville, et leur incidence sur la santé des populations urbaines.»

Les bénéfices des services écosystémiques des forêts urbaines deviendront plus importants encore avec les changements climatiques, car ils incluent la réduction du carbone, que le Canada a l’obligation de rapporter, rappelle Alain Paquette. «Or, les estimations actuelles de rétention de carbone des forêts urbaines canadiennes utilisent des taux basés sur des observations étatsuniennes ou en forêt naturelle. Il faut pallier ce manque de données à l’échelle des villes canadiennes afin de pouvoir modéliser adéquatement les services écosystémiques, ce qui nous permettra de mieux caractériser les forêts urbaines et d’identifier les meilleures pratiques pour les développer de manière résiliente.»

Une bonne partie du montant octroyé par le CRSNG sera alloué à des postdoctorants, des doctorants et des candidats à la maîtrise qui se grefferont au projet. «L’UQAM est une pionnière en matière de recherche sur les forêts urbaines et ce projet contribuera à la formation des spécialistes de demain», souligne fièrement le professeur.

La forêt urbaine autour de l’UQAM

«On connaît mieux les arbres de la grande forêt boréale que les arbres que l’on croise tous les jours en ville, même si 80 % des Canadiens vivent en milieu urbain», note Alain Paquette, qui a reçu plus tôt cette année du financement de l’UQAM pour l’établissement d’une placette permanente de suivi de la forêt urbaine, un projet auquel collaborent également ses collègues Christian Messier et Tanya Handa. «Depuis le début de l’été, sept étudiants ont inventorié quelque 2200 arbres dans le périmètre étudié autour du Complexe des sciences Pierre-Dansereau, explique-t-il. L’été prochain, nous répéterons l’expérience autour du campus central, puis dans l’axe Maisonneuve qui lie les deux campus.»

Les étudiantes Kaila Langille et Alex-Anne Couture mesurent le diamètre d’un févier d’Amérique dans la cour du pavillon SB. Photo: Maxime Kozyra

L’équipe de recherche a contacté tous les propriétaires, autant institutionnels (comme la Place des Arts, le Quartier des spectacles et la Ville de Montréal) que privés, afin d’obtenir la permission de fouler leur terrain et de récolter des données. «Nous avons même eu accès à la cour intérieure d’un consulat qui se trouve dans le périmètre étudié, sous la surveillance étroite d’un employé», raconte Alain Paquette.

Les étudiants qui effectuent ces relevés identifient les espèces d’arbres et mesurent leur diamètre et leur hauteur. «Nous utilisons la télédétection par laser pour repérer et mesurer la taille de la cime, qui est utile pour calculer les services écosystémiques rendus par chaque arbre», précise Alain Paquette.

C’est la première fois au monde qu’une telle placette de suivi de la forêt urbaine est mise sur pied, note fièrement le professeur. «Plusieurs villes dans le monde possèdent un inventaire de leur forêt urbaine, mais dans tous les cas, cela se limite aux arbres dont la ville est propriétaire, ce qui représente généralement 50 % de l’inventaire réel. En incluant les arbres sur les terrains institutionnels et résidentiels, nous obtenons un portrait complet.»

Cette placette constituera également un projet d’enseignement dès l’an prochain. «L’un des laboratoires du cours Écologie forestière sera désormais consacré à remesurer une partie de l’inventaire, car l’objectif ultime est d’observer, d’analyser et de mieux comprendre comment poussent tous ces arbres au fil du temps.» Un projet à suivre !