Série L’esprit UQAM
On les reconnaît à leur audace, à leur esprit d’innovation, à leur sens de l’engagement. Ils ont «l’esprit UQAM». À l’occasion du 50e, des diplômés qui ont fait leur marque dans toutes les sphères de la société évoquent leur parcours uqamien. Cette série a été créée pour le site web UQAM: 50 ans d’audace.
Peu de temps après avoir terminé ses études, Philippe Meunier (B.A. design graphique, 1992) fonde avec son ami Jean-François Bouchard une petite agence de publicité du nom de Diesel, qui deviendra quelques années plus tard Sid Lee. La firme est aujourd’hui reconnue partout dans le monde pour sa culture d’entreprise misant sur la collaboration, pour sa créativité et pour son sens de l’innovation.
L’agence, qui embauche quelque 600 employés, a des antennes à Toronto, à New York, à Los Angeles et à Paris. Parmi ses clients, Sid Lee compte de gros noms comme le Cirque du Soleil, Absolut et Adidas. Couronnée «Agence de l’année» à quatre reprises par le magazine Marketing, l’entreprise est derrière la création de C2 Montréal, un événement phare dans le domaine de l’innovation.
En tant que chef de la création, Philippe Meunier, prix Reconnaissance de l’UQAM en 2001, imprime son style à l’agence. Ce passionné de surf et de yoga est convaincu que ce sont les gens heureux qui travaillent le mieux. «Nous avons décidé de faire du bien-être des employés notre priorité», confiait-il à Actualités UQAM en 2017.
Créateur de La Factry, une école ouverte aux étudiants et aux professionnels, coprésident de la campagne 100 millions d’idées de l’UQAM, membre du conseil d’administration du One Club for Creativity, un organisme qui favorise les échanges entre l’art et le commerce, juré pour de nombreux concours comme le Festival international des Lions de Cannes et les Canadian Marketing Association Awards, le designer est très impliqué dans la communauté montréalaise et internationale pour soutenir la créativité et tout ce qui peut la stimuler.
Quel type d’étudiant étiez-vous?
J’étais un peu le mouton noir de ma cohorte. J’avais étudié en sciences biologiques alors que la plupart des étudiants en design avaient soit une formation en arts ou en techniques de graphisme. Je savais dessiner, mais je n’avais ni formation technique ni bagage artistique. La beauté de la chose, c’est que l’UQAM accepte plusieurs profils d’étudiants.
Cela dit, j’ai eu du rattrapage à faire! Le professeur Frédéric Metz, qui a été un mentor pour moi, m’a averti dès le premier cours: «Tu vas devoir travailler beaucoup plus fort que les autres pour rattraper ton retard!» J’ai passé des heures à la bibliothèque à faire ma propre éducation et à lire tout ce que je trouvais sur le design.
Que rêviez-vous de devenir?
J’étais très intéressé par le design, mais j’avais aussi un intérêt pour l’architecture, le cinéma, le motion design. Je voulais résoudre des problèmes par la créativité! On ne comprenait pas très bien ce que faisait un designer à l’époque. C’était encore un milieu méconnu.
Quelle idée, quel concept, quel buzzword, qu’est-ce qui était à la mode dans votre domaine à l’époque de vos études?
Quand les ordinateurs sont entrés dans les ateliers de design, les professeurs en avaient quasiment peur! Ils étaient très réfractaires. Pour eux, un ordi n’était pas un outil de création. Et pourtant, on ne pourrait plus s’en passer maintenant. C’est ce qui a démocratisé le design!
Quel était l’endroit préféré des étudiants pour se réunir?
Les étudiants du bac en graphisme logeaient dans l’ancienne École technique de Montréal (aujourd’hui le pavillon Sherbrooke). On se retrouvait presque chaque jour à l’atelier. C’est là qu’après les cours du matin, on se donnait rendez-vous pour faire nos travaux et discuter. C’était l’occasion pour nous de former ce que j’appelle «notre propre écosystème créatif». Outre le savoir-faire que j’ai appris sur les bancs de l’Université, j’y ai aussi développé un savoir-être. Je me suis «construit» comme créatif en côtoyant mes professeurs et les autres étudiants.
Pouvez-vous nommer un professeur, une phrase ou un cours qui vous a marqué?
Le regretté professeur Frédéric Metz. Il donnait le cours Introduction au design, et chaque semaine, nous avions droit à une séance ouverte sur le monde, riche en contenu et en expériences. Frédéric Metz a été très proche de Sid Lee, il en a suivi l’évolution tout en se montrant parfois très critique envers nos choix. Bref, il a eu une très grande influence sur moi et sur l’agence. Angela Grauerholz et Alfred Halasa comptent également parmi les professeurs qui ont contribué à bâtir la personne que je suis.
Que souhaitez-vous à l’UQAM pour ses 50 ans?
Qu’elle puisse assumer son originalité. C’est à l’UQAM que l’on forme autant de personnalités originales qui savent innover dans leurs domaines. J’embauche beaucoup d’esprits créatifs formés à l’UQAM. On se reconnaît entre nous! Toutefois, l’UQAM reste encore une institution méconnue et sous-estimée et cela doit changer.