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Chef d’orchestre et pédagogue

Pascal Côté dirige le Chœur JFP, le Chœur de l’UQAM et l’Orchestre de la Société philharmonique de Montréal.

Par Pierre-Etienne Caza

15 avril 2019 à 8 h 04

Mis à jour le 3 juin 2022 à 9 h 10

Pascal Côté avec des élèves de deuxième secondaire du Choeur de l’École Joseph-François-Perrault.
Photo: Nathalie St-Pierre

Formé en pédagogie et en interprétation par Miklós Takács, Claude Dauphin, Antoine Ouellette, André Roy et Álvaro Pierri, Pascal Côté (B.Mus. enseignement collectif, 2000) a entrepris dès la fin de son bac une carrière de chef de chœur, de chef d’orchestre et de pédagogue. Enseignant et directeur du Chœur de l’École Joseph-François-Perrault depuis 2002 (le Chœur JFP), il a dirigé en parallèle l’ensemble de guitares Forestare, de 2002 à 2012, dont le premier album (sous étiquette Atma Classique) a remporté le Félix de l’album instrumental de l’année en 2007. La même année, il a obtenu un diplôme de deuxième cycle en direction chorale de l’Université de Shebrooke.

En 2014, il succède à Miklós Takács à titre de directeur artistique et exécutif du Chœur de l’UQAM, que ce dernier dirigeait depuis sa création en 1978. Au décès de son ancien professeur, en février 2015, Pascal Côté devient également directeur de l’Orchestre de la Société philharmonique de Montréal.

Chef énergique, Pascal Côté a impressionné les auditeurs par ses saisissantes interprétations lors du concert du Vendredi saint à l’église Saint-Jean Baptiste avec l’Orchestre de la Société philharmonique de Montréal et le Chœur de l’UQAM: le Te Deum de Berlioz (2015), le Requiem de Brahms (2016), la Neuvième Symphonie de Beethoven et le Te Deum (création) d’Éric Champagne (2017), et le Te Deum de Kodály (2018). Il a dirigé le Chœur de l’UQAM et le New England Symphonic Ensemble pour l’interprétation de la pièce d’Éric Champagne au célèbre Carnegie Hall de New York en juin 2017.

Le 19 avril prochain, le traditionnel Grand Concert du Vendredi saint du Chœur de l’UQAM aura lieu à l’église Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Au programme: la Messe en fa mineur de Bruckner et la Fantaisie chorale de Beethoven. Quelque 340 choristes du Chœur de l’UQAM et du Chœur JFP ainsi que 50 musiciens de l’Orchestre de la Société philharmonique de Montréal seront sur scène lors de ce concert qui s’inscrit dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de l’UQAM.

Quelle est la plus grande qualité pour être heureux dans votre domaine?

Il faut savoir communiquer, être persévérant et rassembleur, en plus d’être créatif dans l’utilisation de stratégies pour amener des ensembles à leur niveau de performance maximal.

Votre plus grande réussite?

Être un artiste, un créateur et un pédagogue. Je suis particulièrement fier d’avoir pris le relais de mon ancien professeur et ami Miklós Takács à titre de directeur général de la Société Philharmonique de Montréal, qui organise depuis 1982 le Grand concert du Vendredi saint. Il m’avait demandé de porter le flambeau et c’est ce que je tente de faire.

Un faux pas qui vous a servi de leçon?

Il faut bien s’assurer de réviser les contrats d’engagement. Il m’est arrivé de me faire prendre par certains organismes de diffusion qui avaient décidé d’effectuer des changements sans m’aviser. Maintenant je m’assure que tous les partenariats soient confirmés des mois à l’avance.

Un bon coup d’un compétiteur que vous auriez aimé faire?

J’aurais adoré participer à la Symphonie du millénaire, en juin de l’an 2000, une œuvre collective de 19 compositeurs qui avait nécessité la participation de 333 musiciens sous la direction de Walter Boudreau. Il y avait plusieurs scènes extérieures, plusieurs clochers, la participation du public. C’est le genre de happening qui s’adresse au grand public et qui démocratise la musique classique contemporaine.

J’aime aussi énormément l’idée des Symphonies portuaires de Pointe-à-Callière avec les bateaux dans le Vieux-Port de Montréal.

La dernière tendance dans votre secteur?

Les diffuseurs et les différents organismes proposent de plus en plus d’activités pédagogiques pour les jeunes et c’est tant mieux. On peut ainsi les intéresser à la musique sous un angle différent, qui vient souvent bonifier l’écoute d’un concert. Les répétitions publiques, par exemple, permettent aux jeunes de constater que la musique nécessite des heures de répétition. Les rencontres avec des musiciens, les ateliers où ils peuvent essayer de jouer d’un instrument constituent des incursions enrichissantes pour mieux comprendre la musique.

Et ce qui est définitivement dépassé?

Les chants réservés aux garçons. En 2019, les filles devraient pouvoir chanter des chants grégoriens et faire partie des manécanteries, ces chœurs d’enfants qui sont encore, la plupart du temps, réservés aux garçons.

Sur la scène nationale ou internationale, qui est l’influenceur de l’heure?

C’est l’enseignant qui répond à cette question: par leur détermination à vouloir changer le monde, ce sont les élèves qui sont les influenceurs de l’heure, entre autres la jeune Greta Thunberg, cette adolescente suédoise qui milite pour le climat.

Nommez une étoile montante qui vous inspire

Mes étoiles montantes sont les gens des Premières Nations du Québec. Ils sont en train de reprendre une place importante dans notre société et ils ont beaucoup à nous apporter, notamment avec leurs savoirs en relation avec la nature. À titre de métis de la communauté innue, j’en suis bien fier!

Quel est le livre qu’il faut lire en ce moment?

J’ai beaucoup apprécié Pulsations, petite histoire du beat du chargé de cours du Département de musique Antoine Ouellette, un ouvrage sur notre rapport à la pulsation, à l’intérieur de soi et dans la nature.

Les deux principaux conseils que vous donneriez à un jeune qui commence sa carrière?

Il faut observer d’autres chefs en répétition et en concert. Il faut croire en soi et être créatif.