La première cohorte du nouveau doctorat interdisciplinaire en études sémiotiques a amorcé ses études cet automne. Visant à renouveler les recherches contemporaines sur les systèmes de signes, leur signification, leur fonctionnement, leurs règles d’usage et leurs évolutions, le programme actualise l’ancien doctorat en sémiologie, créé en 1979.
L’UQAM est toujours la seule université en Amérique du Nord et dans l’ensemble de la francophonie à offrir un doctorat dans ce domaine. Le programme a des liens avec le Dottorato di Ricerca in Semiotica de l’Université de Bologne, en Italie, et avec un autre programme de l’Université Fédérale de l’État de Bahia, au Brésil. «Notre doctorat est reconnu à l’international et nous accueillons plusieurs étudiants étrangers de France, du Brésil et d’Afrique, entre autres», mentionne Dominique Garand, professeur au Département d’études littéraires et directeur du doctorat.
Créé à la suite du premier congrès de l’International Association for Semiotic Studies, le doctorat de l’UQAM a grandement évolué au cours des 40 dernières années. «Si notre programme était originalement inspiré par la sémiologie linguistique de Ferdinand de Saussure, plusieurs courants ont ensuite émergé: le pragmatisme américain de Charles Peirce, l’écosémiotique, la géopoétique, les sciences cognitives et la sémiotique communicationnelle», souligne le professeur.
Aujourd’hui, plus de 35 professeurs de différents départements – principalement en études littéraires, en histoire de l’art, en philosophie, en communication sociale et publique et à l’École des médias – peuvent encadrer les étudiants au doctorat.
Intégrer les nouvelles tendances
Amorcée il y a près d’une décennie, la refonte découle d’un important processus d’autoévaluation, d’analyse externe et de consultation. Le changement de nom du programme, qui peut sembler anodin pour les non spécialistes, revêt une signification particulière. «Les études sémiotiques englobent à la fois la sémiologie, associée à la philosophie française du 20e siècle, et la sémiotique américaine, axée sur la logique et les sciences cognitives, mentionne Dominique Garand. Le caractère interdisciplinaire du programme, présent depuis 40 ans, est maintenant inscrit officiellement dans le libellé.»
«Le dénominateur commun de la sémiotique est l’approche utilisée, et non la discipline ou le champ des sujets de recherche, ajoute Lucile Crémier, qui amorce sa troisième année d’études doctorales et qui a contribué aux travaux du comité de refonte du programme. Nous avons d’ailleurs une grande latitude dans nos sujets, qui vont de l’analyse des données numériques au cinéma, en passant par les installations artistiques, la poésie-performance ou même la théorie sémiotique chez Tolkien!»
Structure simplifiée
Sur le plan de la structure du programme, la principale modification concerne la durée des études. L’ancien doctorat en sémiologie était l’un des deux seuls à l’UQAM – l’autre étant le doctorat en psychologie – dans lequel l’admission était possible avec un baccalauréat. En contrepartie, le programme prévoyait un cycle de formation de deux ans en début de parcours – l’équivalent d’une maîtrise sans mémoire –, ce qui allongeait la durée des études – six ans à temps complet ou huit ans à temps partiel. «Le cycle de formation ne menait pas à un diplôme, ce qui occasionnait des frustrations chez les personnes qui ne souhaitaient pas poursuivre leurs études après deux ans», mentionne Dominique Garand. Le nouveau doctorat en études sémiotiques exige maintenant une maîtrise ou l’équivalent, et la durée des études a été réduite – quatre ans à temps complet ou six ans à temps partiel.
Le programme compte six cours obligatoires, dont trois sur les concepts, l’histoire et les pratiques sémiotiques, deux séminaires au contenu variant selon les intérêts de recherche des professeurs et les nouvelles tendances en sémiotique et un cours de recherche en groupe autour d’une problématique déterminée. Un atelier vise à encadrer l’écriture du projet de thèse, puis un examen doctoral viendra mesurer la maîtrise des instruments sémiotiques utilisés pour rédiger la thèse. Les étudiants qui le désirent ont l’option de réaliser une concentration de troisième cycle en études féministes en fin de programme.
Richesse de la vie universitaire
Durant leur parcours, les étudiants peuvent s’impliquer dans l’association étudiante du programme, dans le Laboratoire de résistance sémiotique, dans la revue Cygne noir et dans plusieurs autres centres, laboratoires et groupes de recherche.
Plusieurs bourses sont offertes. Les étudiants Simon Lévesque et Stéphanie Roussel ont d’ailleurs remporté la prestigieuse bourse Vanier en 2013 et 2018.
Si la majorité des quelque 100 diplomés du doctorat en sémiologie travaillent dans des universités au Québec et au Canada, plusieurs oeuvrent dans les médias ou dans un domaine en lien avec leurs recherches. «Par exemple, quelqu’un qui a fait sa thèse en écosémiotique pourrait se trouver un emploi dans un organisme environnemental ou au sein du ministère de l’Environnement», mentionne Dominique Garand.
Il est possible de faire une demande d’admission au doctorat avant le 1er novembre pour le trimestre d’hiver.