Série «Sur le terrain»
Des diplômés de l’UQAM qui ont fait leurs preuves répondent à 10 questions sur leur univers professionnel.
Reconnue pour ses idées novatrices et pour son sens critique, Natalie St-Pierre (B.A.A., 1991) est engagée depuis plusieurs années dans la promotion de la justice fiscale et de la prévention de conflits. Elle a contribué à bâtir un réseau de relations durables entre les administrations publiques et la communauté des affaires locale et internationale.
La fiscaliste et entrepreneure sociale a été nommée, en janvier 2018, membre du Conseil d’administration de l’UQAM par le Conseil des ministres du gouvernement du Québec, pour un mandat de trois ans. Elle est aussi présidente du Conseil institutionnel de diplômés de l’Université et du Conseil de diplômés de l’École des sciences de la gestion.
Natalie St-Pierre a été, notamment, premier chef divisionnaire (taxes à la consommation) chez Bell et BCE (2001-2010), elle a occupé le poste d’associée en fiscalité chez Richter LLP (2010-2017) et a fondé et présidé l’Association de médiation fiscale (2014-2017). Conseillère en gouvernance et stratégie, elle collabore aujourd’hui avec le réseau mondial d’entrepreneurs Impact Hub.
La diplômée a reçu le Finance Leadership Award de Bell Canada (2009), la Médaille de la paix des YMCA du Québec (2015) et le titre d’«Incontournable de la finance» (2015), décerné par le magazine Premières en affaires.
Quelle est la plus grande qualité pour être heureux dans votre domaine?
Être bienveillant dans un monde où la fiscalité s’est désincarnée. Celle-ci demande des connaissances complexes souvent peu compréhensibles pour les citoyens, alors que les politiques fiscales ont un impact important sur leur vie. On ne doit pas oublier les êtres humains derrière les chiffres.
Votre plus grande réussite?
Au cours de ma carrière, j’ai milité pour défendre les droits des contribuables et certaines de mes prises de position publiques ont pu déplaire à des politiciens. Mais cela n’a pas empêché le Conseil des ministres du gouvernement du Québec d’entériner ma nomination à titre de membre du Conseil d’administration de l’UQAM. Pour moi, c’est une grande source de fierté.
Un faux pas qui vous a servi de leçon?
Au sein d’une association pour laquelle je travaillais, il m’est arrivé d’avoir mal analysé la situation politique et de m’être exprimée avec peut-être trop de passion. Résultat: je n’ai pas réussi à faire avancer un dossier qui me tenait à cœur.
Un bon coup d’un compétiteur que vous auriez aimé faire?
Ce n’est pas un compétiteur, mais la fondation, en 1999, du Chantier de l’économie sociale fut certes un bon coup pour le Québec. Cette corporation autonome à but non lucratif a permis de réunir les forces vives du mouvement de l’économie sociale, contribuant ainsi au développement d’une économie plus démocratique, durable et solidaire.
La dernière tendance dans votre secteur?
Pour les organisations qui œuvrent dans le domaine de l’innovation sociale et de l’entrepreneuriat, la collaboration avec les citoyens et leurs associations est essentielle pour avoir un impact notable en matière de développement durable.
Et ce qui est définitivement dépassé?
La compétition entre organisations et entreprises de divers pays sans égard aux impacts environnementaux, sociaux ou économiques existe toujours, malheureusement, mais les comportements sont en train de changer.
Sur la scène nationale ou internationale, qui est l’influenceur de l’heure?
J’ai la plus grande estime pour Brian Bronfman, fondateur du Réseau pour la paix et l’harmonie sociale. Il est le premier philanthrope à avoir mis en place, en 2006, une fondation dont la mission est de développer des programmes qui rendent notre société plus harmonieuse et moins violente. À l’origine du financement de programmes contre l’intimidation dans les écoles, Brian Bronfman a notamment pour projet de créer une maison de la paix à Montréal.
Nommez une étoile montante qui vous inspire
Nadine Saint-Louis a été désignée Femme de mérite 2018 par la fondation Y des femmes. Ayant des racines micmac, acadienne et écossaise, cette jeune entrepreneure sociale a fondé l’Espace culturel Ashukan, une infrastructure permanente qui accompagne les artistes autochtones, québécois et canadiens dans leur processus de professionnalisation. Elle est aussi la fondatrice et directrice générale des Productions Feux Sacrés, une OBNL permettant aux artistes autochtones d’avoir accès au marché de l’art.
Quel est le livre qu’il faut lire en ce moment?
Negotiating with Giants de l’auteur américain Peter D. Johnston, paru en 2007. Comment négocier avec Wal-Mart? Comment négocier une augmentation de salaire face à un patron intransigeant? C’est la confrontation entre David et Goliath. Johnston montre qu’il ne faut pas se laisser intimider par plus gros que soi et qu’il est possible de parvenir à une entente satisfaisante pour les deux parties.
Les deux principaux conseils que vous donneriez à un jeune qui commence sa carrière?
D’abord, bien choisir les défis qui nous intéressent, une condition essentielle au développement de sa carrière. Deuxièmement, se faire confiance et s’autoriser à faire des choix différents au fil du temps.