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À la mémoire de Thierry Hentsch

À l’UQAM, une salle du pavillon Hubert-Aquin portera le nom du regretté professeur de science politique.

24 octobre 2019 à 14 h 10

Mis à jour le 28 octobre 2019 à 14 h 10

Thierry Hentsch (1944-2005). Photo: Andrew Dobrowolskyj

Le Conseil d’administration de l’UQAM a adopté récemment une résolution permettant de donner à un local du pavillon Hubert-Aquin (A-3316) le nom de salle Thierry-Hentsch. Par ce geste, l’Université tient à souligner la carrière exceptionnelle ainsi que la contribution intellectuelle et sociale du regretté Thierry Hentsch, qui a été professeur au Département de science politique de 1976 à sa mort en 2005.

Près de 15 ans après le décès du chercheur, son héritage intellectuel est toujours vivant. En témoigne la publication, aux Presses de l’Université de Montréal, d’une anthologie qui présente 20 études marquantes de Thierry Hentsch, permettant de suivre l’évolution de sa pensée. L’ouvrage Orient-Occident. Écrits politiques dispersés, paru sous la direction du professeur émérite du Département de philosophie Georges Leroux et de l’éditrice Nathalie Fortin, fera l’objet d’un lancement à la librairie Olivieri, à Montréal, le 30 octobre à 17 h 30. Pour l’occasion, Georges Leroux et Nathalie Fortin s’entretiendront avec Nassib El-Husseini (Ph.D. science politique, 1996), directeur général de la troupe Les 7 doigts de la main et lauréat du prix Reconnaissance 2013 de la Faculté de science politique et de droit, ainsi qu’avec la journaliste Véronique Dassas.

Revenir à l’œuvre de Thierry Hentsch, laquelle a été couronnée de plusieurs prix, dont le Prix du Gouverneur général en 2003 pour l’essai Raconter et mourir, «c’est non seulement mesurer son influence, mais c’est aussi tenter d’éclairer la manière dont l’époque a imprégné sa pensée et orienté sa vie», écrivent Georges Leroux et Nathalie Fortin dans le texte de présentation de l’anthologie. En plus de ses grands livres – L’Orient imaginaire (1988), Raconter et mourir (2002) et Le temps aboli (2005) –, Thierry Hentsch a laissé, échelonnés sur plus de 30 années de réflexion, des dizaines d’écrits politiques sur les rapports de l’Occident avec l’Orient.

Un intellectuel engagé

Né en Suisse en 1944, Thierry Hentsch a fait d’abord des études de lettres et de droit avant d’obtenir, en 1973, un doctorat en relations internationales à l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève. Il est aussi actif sur plusieurs terrains politiques et s’engage dans une suite de missions pour le compte du Comité international de la Croix-Rouge. Du Biafra à la Jordanie, en passant par Gaza, le Pakistan, l’Inde et le Bangladesh, l’engagement humanitaire de Thierry Hentsch joue un grand rôle dans la formation de sa pensée.

En 1976, il décide de poursuivre sa carrière à l’UQAM. Pour plusieurs de ses collègues et de ses étudiants, deux traits essentiels caractérisent le professeur: le désir d’aller à la rencontre des cultures, des traditions, des œuvres inscrites dans la différence de l’Occident et de l’Orient, puis l’ascèse d’un travail rigoureux et méthodique.

Dans l’anthologie des écrits politiques de Thierry Hentsch, Georges Leroux et Nathalie Fortin ont réuni des études sur la construction du mythe fondateur de la polarité Orient-Occident, suivies d’études plus directement reliées à la culture islamique et à la question de la modernité. À cela s’ajoutent des textes de portée plus philosophique, consacrés pour l’essentiel à la démocratie, à la modernité et à l’histoire.

«Dispersés dans le temps, disséminés dans diverses parutions, ces textes ne rendent pas compte de l’ensemble des interventions de Thierry Hentsch, observent Georges Leroux et Nathalie Fortin, mais ils permettent de s’engager sur ses traces, de refaire le parcours qui a conduit ce jeune intellectuel venu de Suisse à construire une œuvre enracinée dans le dialogue et l’écoute de l’autre.»