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Scientifique de l’année de Radio-Canada

Manon Bergeron reçoit ce titre pour sa contribution à l’avancement des connaissances sur les violences sexuelles.

22 janvier 2019 à 10 h 01

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 39

Michel Bissonnette, vice-président principal de Radio-Canada, et la professeure Manon Bergeron. Photo: Lawrence Arcouette

Radio-Canada a désigné la professeure du Département de sexologie Manon Bergeron (Ph.D. éducation, 2013) Scientifique de l’année 2018. Elle reçoit ce titre pour «sa contribution à la science et à la société en fournissant des données qui ont fait grandement avancer les connaissances au sujet des violences sexuelles». Le titre de Scientifique de l’année de Radio-Canada est remis à une personnalité ou à une équipe qui, au cours de l’année écoulée, s’est illustrée par une découverte, une publication ou une réalisation remarquable. Décerné pour la première fois en 1987, le prix en est à sa 32e édition.

La vice-rectrice à la Recherche, à la création et la diffusion Catherine Mounier se réjouit qu’une femme, en sciences humaines, obtienne cette prestigieuse distinction. «L’UQAM, dit-elle, est fière des réalisations de la professeure Manon Bergeron, titulaire de la première chaire dédiée à la recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur. Ses travaux, en accord avec les valeurs qui caractérisent notre Université, font progresser la recherche au sujet d’enjeux de société cruciaux.»

Le 24 janvier prochain, à 15 h, Manon Bergeron accordera une entrevue à la journaliste Sophie-Andrée Blondin (B.A. communication, 1985), animatrice de l’émission scientifique Les années Lumière. Enregistré devant public à l’UQAM, dans le hall du pavillon J.A.- De Sève, l’entretien sera diffusé en direct sur Facebook Live via la page de Radio-Canada et on pourra l’entendre sur Radio-Canada Première le dimanche 27 janvier, à 12 h. Charles Tisseyre sera également sur place pour présenter un reportage consacré à la lauréate, qui sera diffusé à l’émission de télévision Découverte le dimanche 27 janvier,  à 18 h 30.

Responsable de l’enquête ESSIMU

Professeure à l’UQAM depuis 2010, Manon Bergeron a œuvré auparavant dans les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) pendant plus de 12 ans. En 2016, elle a dirigé l’enquête ESSIMU (Sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire), menée auprès des étudiants et employés de six universités québécoises francophones. Près de 37% des répondants de cette enquête ont déclaré avoir vécu une forme de violence sexuelle dans leur environnement de travail ou d’études. Il s’agit de la recherche la plus importante jamais entreprise sur le sujet au Québec. En mai dernier, l’équipe d’ESSIMU a organisé à l’UQAM un premier symposium canadien sur les violences sexuelles en milieu d’enseignement supérieur. L’événement visait à créer des ponts entre les chercheuses et chercheurs des milieux francophones et anglophones, et entre les collèges et les universités.

À l’heure du mouvement MoiAussi, la recherche pilotée par Manon Bergeron a permis de prendre conscience d’un fléau devant lequel on ne peut plus fermer les yeux, souligne le vice-président principal de Radio-Canada, Michel Bissonnette. «La Loi 22.1, obligeant les établissements d’enseignement postsecondaires à se doter d’une politique pour contrer les violences à caractère sexuel, adoptée l’an dernier, découle directement des révélations de sa recherche.»

La professeure est aussi chercheuse principale du programme Empreinte – Agir ensemble contre les agressions à caractère sexuel destiné aux jeunes de niveau secondaire, à leurs parents et au personnel scolaire, qu’elle a conçu avec, notamment, sa collègue du Département de sexologie Martine Hébert et le Regroupement québécois des CALACS.

Une nouvelle chaire

La nouvelle Chaire de recherche interdisciplinaire et intersectorielle sur la violence sexuelle en milieu d’enseignement supérieur, dont Manon Bergeron est la titulaire, a reçu 500 000 dollars du gouvernement du Québec pour cinq ans. L’objectif de la chaire est de contribuer à la compréhension et à la prévention des violences sexistes et sexuelles dans le milieu de l’enseignement supérieur. Elle vise aussi à favoriser la mobilisation des expertises québécoises pour la production de nouveaux savoirs dans le domaine et à évaluer les pratiques de prévention et d’intervention tout en considérant les enjeux particuliers de certains groupes sociaux plus susceptibles de subir ce type de violence dans les milieux d’enseignement supérieur. Enfin, elle a pour objectif de soutenir la formation de chercheuses et de chercheurs et à favoriser la mobilisation des connaissances auprès de la population, des établissements d’enseignement supérieur et des milieux de pratique, à l’échelle québécoise, canadienne et internationale.

Le 16 janvier dernier, la chercheuse a été nommée membre du nouveau Comité consultatif sur le Cadre pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe dans les établissements d’enseignement postsecondaire. Mis sur pied et présidé par le ministère fédéral des Femmes et de l’Égalité des genres, le Comité consultatif fournira de l’expertise et tiendra des consultations sur l’élaboration et la mise en œuvre du cadre. Il comprend des personnes issues du milieu de la recherche universitaire, des associations étudiantes, des collèges et universités, des syndicats, des organismes communautaires, des groupes de défense des victimes de violence sexuelle ainsi que des travailleuses et des travailleurs de première ligne.