Soulèvement infini
Au terme de la circulation internationale de Soulèvements, une exposition signée par le théoricien de l’art Georges Didi-Huberman et produite par le Jeu de Paume à Paris, l’ouvrage collectif Le soulèvement infini présente l’adaptation montréalaise de ce vaste projet transdisciplinaire. À l’affiche de la Galerie de l’UQAM et de la Cinémathèque québécoise à l’automne 2018, la version montréalaise de l’exposition avait intégré des documents d’archives, des photographies documentaires, des livres, des films et des œuvres contemporaines d’artistes d’ici afin d’évoquer divers soulèvements liés à des revendications identitaires, féministes, antiracistes et autochtones survenues au Québec et au Canada. En plus d’une abondante documentation visuelle, des plans de l’exposition et des ressources documentaires variées, l’ouvrage s’ouvre sur un portfolio de Georges Didi-Huberman consistant en 72 photographies réalisées lors des six accrochages successifs de Soulèvements. On y trouve également des textes de Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM, Marta Gili, Ariane De Blois et Guillaume Lafleur ainsi que des essais de divers auteurs, soumis au colloque Soulèvements: entre mémoires et désirs, présenté à l’UQAM, et une synthèse de la journée d’étude Des voix qui s’élèvent, organisée par le Département d’histoire de l’art. Publié par la Galerie de l’UQAM.
Féminicide de masse
En 1994, un génocide d’une intensité inouïe a fauché près d’un million de vies en 100 jours au Rwanda. Le groupe minoritaire Tutsi est la cible principale des massacres et les femmes connaissent un sort particulier. Elles sont violées et tuées ou violées et réduites en esclavage sexuel par les soldats, les miliciens, les politiciens ou par de simples individus. Dans son ouvrage intitulé «Avant de tuer les femmes, vous devez les violer!». Rapports de sexe et génocide des Tutsi, la doctorante et chargée de cours en sociologie Sandrine Ricci expose les soubassements culturels, sociaux et politiques sur lesquels repose la systématisation du viol en temps de guerre et de génocide. «Au-delà du seul prisme de l’ethnisme, le caractère genré de la violence génocidaire, qui recouvre ici un féminicide de masse, mérite toute notre attention, écrit l’autrice. L’étude du vécu des femmes tutsi pendant le génocide, mais aussi dans les années antérieures, marquées par la montée d’une propagande haineuse qui les diabolise de manière spécifique, permet de mieux comprendre les événements survenus en 1994.» Le livre montre qu’un continuum de violences force les femmes à vivre dans une peur diffuse, mais constante. Paru chez M Éditeur.
Les musées au Québec, d’hier à aujourd’hui
Le professeur du Département d’histoire de l’art Yves Bergeron publie un essai sur l’histoire des musées au Québec depuis la période coloniale à partir de ses travaux menés sur plusieurs décennies. Yves Bergeron, qui est aussi directeur de l’Institut du patrimoine de l’UQAM, y explique comment se sont constituées les premières collections destinées au cabinet du roi ainsi qu’au public européen, lesquelles étaient, pour la plupart, composées d’objets «de curiosité» témoignant des premiers contacts entre les Autochtones et les Blancs. Le deuxième chapitre porte sur les collections institutionnelles des églises, des collèges et des communautés religieuses créées sous le régime anglais. Le début du XIX e siècle est marqué par l’apparition des premiers musées privés à Montréal et à Québec, inspirés de leurs homologues américains, et par l’émergence des sociétés savantes de tradition britannique, qui établissent des bibliothèques et des musées. La troisième partie de l’ouvrage s’intéresse plus particulièrement à la naissance de la muséologie québécoise avec la création, en pleine Révolution tranquille, de la Société des musées du Québec. L’ouvrage Musées et patrimoines au Québec. Genèse et fondements de la muséologie nord-américaine est publié aux éditions Hermann.
Réflexions sur le théâtre in situ
Rédigé par le chargé de cours de l’École supérieure de théâtre Jean-Frédéric Messier (M.A. théâtre, 2016), L’espace plein se veut un ouvrage de réflexion sur le théâtre in situ, une approche consistant à créer une œuvre théâtrale pour un lieu précis. Pour ce faire, l’auteur, metteur en scène et compositeur s’est intéressé à cinq productions théâtrales in situ réalisées entre 1994 et 2003 par la compagnie québécoise Momentum, dont il est aussi le fondateur. La pièce phare de Momentum, Helter Skelter, décrite comme une œuvre cyber-punk sur les mutations idéologiques nord-américaines, a été présentée en 1993 et en 1994 dans trois endroits différents, dont une ancienne bibliothèque et un loft inhabité. L’équipe avait, à l’époque, le «désir d’utiliser l’architecture spécifique des endroits où nous allions travailler pour créer la matière théâtrale», écrit Jean-Frédéric Messier. Sur un ton personnel, l’auteur retrace le parcours de création de la compagnie de théâtre à partir des souvenirs des membres de Momentum, tout en s’appuyant sur les écrits de différents auteurs, la plupart anglo-saxons, ayant réfléchi à cette pratique artistique. Jean-Frédéric Messier parvient ainsi à conjuguer l’histoire théâtrale, l’histoire du Québec et l’histoire de la scène, tout en maintenant une prose simple et efficace. Publié chez L’instant même.
Parcours de leaders inspirants
Comment se forge le leadership? Comment les leaders québécois ont-ils atteint l’excellence dans leurs domaines respectifs? Quelles sont les clés de leur réussite et les leçons qu’ils peuvent nous transmettre? Dans le cadre de la série Vocation: leader, en ondes sur ICI RDI, le journaliste Gérald Fillion (B.A. communication, 1998) est parti à la découverte des grands entrepreneurs et décideurs du Québec, des femmes et des hommes engagés aux carrières exceptionnelles. Son ouvrage De quoi sont faits nos leaders est consacré aux parcours d’une vingtaine de ces leaders, parmi lesquels Diane Giard (M.B.A. 2001), Amina Gerba (B.A.A. gestion et intervention touristiques, 1992; M.B.A., 1993), Sophie Brochu et Charles Sirois. «Je ne suis pas un expert en leadership, nous prévient l’auteur. Mon objectif, avec cet ouvrage, c’est de vous faire partager mon formidable étonnement de voir des femmes et des hommes réussir à nous transporter, à nous convaincre, à nous guider, à nous rassembler autour de projets, d’engagements, de convictions. Sans prétention, je veux vous parler d’argent, de sacrifices, de peur, du risque, du doute, de chance, de responsabilité, d’échecs et d’intuitions, de notre place dans le monde, de ce qu’on veut laisser, de colère, de forces et de faiblesses. Il n’existe pas deux recettes semblables pour construire un leader.» Publié chez Édito.
Un politicien québécois méconnu
Sir Joseph-Adolphe Chapleau (1840-1898) est l’un des grands leaders canadiens-français de son époque. Orateur redoutable, il est élu député dès 1867. Il devient premier ministre du Québec en 1879 et est réélu haut la main en 1881. Son parcours bifurque quand il accepte d’entrer au gouvernement fédéral de John A. Macdonald en juillet 1882. Le chef conservateur le confine dans un ministère mineur et ne le reconnaît pas comme son lieutenant québécois. Lors de l’exécution de Louis Riel, en 1885, par crainte d’entraîner les Canadiens français dans un affrontement sans espoir, il refuse de démissionner du gouvernement, malgré les appels d’Honoré Mercier. Son image deviendra celle du traître à la nation. Dans Le destin politique de J.-A. Chapleau, l’ancien recteur et professeur du Département de science politique Claude Corbo utilise la fiction historique afin de retracer le parcours de ce politicien méconnu, à travers une série de lettres écrites 20 ans après la mort de Chapleau par Clément Arthur Dansereau, son plus fidèle associé politique. «Cette fiction historique n’est pas une apologie de Chapleau, mais illustre une vision politique encore vivante, note l’auteur. Elle est aussi une réflexion sur un destin politique marqué par l’échec et sur des aspects du destin historique du Québec au Canada.» Paru chez Del Busso.