Voir plus
Voir moins

«En classe!» en forêt urbaine

Un groupe de la maîtrise en sciences de l’environnement visite le Bois-de-Saraguay.

Série

En classe!

Par Pierre-Etienne Caza

29 octobre 2019 à 11 h 10

Mis à jour le 7 septembre 2022 à 13 h 53

Il fait un temps splendide en ce jeudi d’octobre et nous rejoignons dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville les professeurs Pierre Drapeau et Tim Work, du Département des sciences biologiques, ainsi que leurs étudiants et étudiantes à la maîtrise en sciences de l’environnement. La séance du cours Biodiversité et conservation aura lieu dans le Bois-de-Saraguay, l’un des parcs-nature de la Ville de Montréal situés près de la rivière des Prairies. «L’histoire du Bois-de-Saraguay constitue un moment clé dans la conservation et la création d’espaces naturels protégés en milieu urbain», affirme Pierre Drapeau, qui dresse un bref historique du lieu avant que nous en foulions le sentier principal.

En 1977, la Ville de Montréal propose de modifier son règlement de zonage afin de permettre un projet de construction de tours d’habitation sur le site de la forêt de Saraguay, raconte le professeur, qui est directeur du Centre d’étude sur la forêt (CEF). Quelques groupes de citoyens s’y opposent, notamment la Société d’horticulture et d’écologie du nord de Montréal et les Amis du Jardin botanique, et ils obtiennent gain de cause. En vertu de la Loi sur les biens culturels, la forêt de Saraguay devient en 1981 le troisième «arrondissement naturel» du Québec, après Percé (1973) et l’Archipel-de-Mingan (1978).

Le parc régional du Bois-de-Saraguay est créé par la Communauté urbaine de Montréal (CUM) en 1984. D’autres acquisitions de la CUM mèneront ultérieurement à la création du réseau des parcs-nature de la «nouvelle» Ville de Montréal (Anse-à-l’Orme, Cap-Saint-Jacques, Bois-de-l’île-Bizard, Bois-de-Liesse, Bois-de-Saraguay, Île-de-la-Visitation, Ruisseau-de-Montigny et Pointe-aux-Prairies). «Ce réseau vise la conservation, la récréation extensive, l’interprétation et l’éducation», indique Pierre Drapeau tandis que le groupe prend des notes.

D’arrondissement naturel, le Bois-de-Saraguay est devenu site patrimonial lorsque la Loi sur le patrimoine culturel a remplacé la Loi sur les biens culturels en 2012. Le parc-nature, qui compte 1,8 kilomètre de sentiers, a été inauguré officiellement par la Ville de Montréal à l’été 2016.

Un immense parc-nature

Tandis que nous pénétrons dans le parc, l’air est plus frais et la rumeur de la ville s’estompe. Pierre Drapeau pêche dans son sac à dos un ouvrage publié en 1993 par le Jardin botanique et la Ville de Montréal. Carte à l’appui, il nous apprend que le site patrimonial du Bois-de-Saraguay couvre une superficie de quelque 90 hectares et regroupe quatre parties distinctes. La première correspond à l’Île aux Chats, qui abrite l’une des rares prucheraies dans le sud du Québec. Les deuxième et troisième parties, situées entre la rivière des Prairies et le boulevard Gouin, forment le secteur des anciens domaines, où l’on note diverses traces d’occupation, dont la maison en pierre du chauffeur de l’ancien domaine Ogilvie.

Le parc-nature du Bois-de-Saraguay, qui compte 1,8 kilomètre de sentiers, a été inauguré officiellement par la Ville de Montréal à l’été 2016.Photo: Nathalie St-Pierre

La quatrième partie du site, au sud du boulevard Gouin, est constituée d’un vaste secteur boisé, où nous nous trouvons, et d’un secteur résidentiel. «Les maisons cossues aux abords du parc ont été construites à partir de la fin des années 1980, précise Pierre Drapeau. Une fois la forêt déclarée arrondissement naturel, les promoteurs immobiliers en ont profité pour augmenter la valeur des terrains. Cela fait aussi partie de la dynamique entourant la forêt urbaine.»

Une forêt feuillue

Le Bois-de-Saraguay compte environ 275 espèces de plantes herbacées et 35 espèces d’arbres, nous apprend Pierre Drapeau. Cette forêt est essentiellement composée de feuillus: érables, tilleuls, frênes, peupliers, chênes, ormes et caryers. On y compte plusieurs arbres centenaires de grandes dimensions. «Le pionnier de l’écologie Pierre Dansereau a échantillonné le Bois-de-Saraguay dans les années 1940 pour un ouvrage sur la flore laurentienne. Selon lui, cette forêt nous ramène par endroits à la nature telle qu’elle était avant la colonisation de Montréal, souligne le professeur. C’est vrai qu’elle est représentative de la flore historique des basses terres du Saint-Laurent, mais c’est une forêt qui a tout de même été affectée par la présence humaine. Elle comprend d’ailleurs plusieurs alignements de pierre témoignant des anciennes limites de lots agricoles.»

Photo: Nathalie St-Pierre

Sur le plan topographique, le secteur présente un relief relativement plat, ponctué de petites élévations et de dépressions. «Il y a des zones modérément bien drainées et d’autres mal drainées, fait remarquer Pierre Drapeau. C’est ce qui explique que l’érable à sucre, qui préfère un sol sec, cède le pas à l’érable argenté dans les zones humides.» Quelques instants plus tard, le professeur désigne un arbre couché au sol dans une baissière, une zone inondée au printemps dont le sol demeure humide une bonne partie de l’été. «Il s’agit d’un érable argenté qui a probablement été renversé par le vent: c’est ce que l’on appelle un chablis local», explique-t-il.

Tout au long de la promenade, Pierre Drapeau nous invite à toucher feuilles et écorces afin de différencier les espèces d’arbres. Il s’arrête devant un érable noir, une espèce menacée au Québec. «Contrairement à celle de l’érable à sucre, le revers de la feuille de l’érable noir possède de petits poils le long des nervures», explique-t-il.  Un peu plus loin, une autre espèce, le caryer cordiforme, se distingue par son écorce originale à bandes verticales irrégulières jaune grisâtre à l’état jeune, se creusant avec l’âge de crevasses étroites et peu profondes. On la compare avec l’écorce grise, mince et très lisse d’un hêtre à grandes feuilles situé à proximité. Quelques pas plus loin, il nous indique un autre hêtre, mais celui-ci est atteint de la maladie corticale du hêtre. «Observez la différence: l’écorce devient toute boursoufflée, comme si l’arbre était atteint d’acné sévère», illustre le spécialiste.

Oiseaux cavicoles

Le Bois-de-Saraguay est également un secteur riche pour la faune aviaire: on y retrouve près d’une centaine d’espèces d’oiseaux, dont plusieurs nichent dans les cavités creusées par le Grand Pic. «Avez-vous l’impression d’être en ville? demande Pierre Drapeau tandis que les étudiants s’imprègnent de la quiétude du lieu. Et pourtant, nous le sommes!» Le professeur raconte avoir participé aux inventaires d’oiseaux forestiers dans le Bois-de-Saraguay alors qu’il était à l’emploi de la CUM au début des années 1990. «Nous devions débuter nos travaux au lever du soleil sur l’Île aux Chats, parce que dès le moment où la circulation s’intensifie sur l’autoroute 13, située à proximité, on n’entend plus les oiseaux.»

Depuis une quinzaine d’années, le professeur Drapeau effectue un suivi des populations d’oiseaux cavicoles en forêt boréale, où l’on retrouve surtout des cavités creusées par les pics pour leur alimentation – ils adorent les fourmis charpentières – ou comme lieu de nidification. Même si nous nous trouvons en forêt feuillue, nous croisons plusieurs arbres présentant des trous d’alimentation qui sont l’œuvre d’un Grand Pic.

Pierre Drapeau. Photo: Nathalie St-Pierre

Pierre Drapeau désigne au groupe un autre érable argenté. «Une des branches a cassé, puis une cavité naturelle s’y est formée. Les écureuils roux et les écureuils gris, le petit polatouche [écureuil volant nocturne], le canard branchu ainsi que certains oiseaux de proie comme la chouette rayée et la crécelle d’Amérique utilisent ce type de cavité.» Tout près, on remarque un arbre mort, présentant une grande cavité naturelle où il s’est brisé. «Celle-ci peut héberger un mammifère de taille intermédiaire comme un raton laveur», note le spécialiste.

«Les cavités naturelles sont nettement plus importantes dans les forêts feuillues car elles se forment surtout dans les vieux arbres de gros diamètre envahis de fourmis charpentières. Or, les arbres vivent beaucoup plus longtemps en forêt feuillue – on y retrouve souvent des individus de 400, 500 ou 600 ans – tandis qu’en forêt boréale, ils ont moins de 200 ans.» L’exception de la forêt boréale: le cèdre, ou thuya, qui peut vivre jusqu’à 1000 ans. «Le plus vieil arbre du Québec est un thuya qui se trouve dans la forêt du lac Duparquet près de Rouyn-Noranda», souligne le chercheur.

L’agrile du frêne

Alors que nous poursuivons notre déambulation, Pierre Drapeau fait remarquer au groupe des coupes dans plusieurs secteurs. Le sol est d’ailleurs jonché de copeaux. Son collègue Tim Work désigne une souche d’environ 40 centimètres de diamètre, d’où pointe une repousse. «Pourquoi a-t-on coupé cet arbre et plusieurs autres de la même espèce autour?», demande-t-il. «À cause de l’agrile du frêne», répond une étudiante. «Exact», commente le professeur, qui enchaîne en retraçant l’historique de cette espèce envahissante, un coléoptère originaire de Chine et d’Asie orientale qui aurait été introduit accidentellement en Amérique du Nord par l’intermédiaire de bois de palettes ou de caisses utilisées pour transporter les produits manufacturiers. «On a constaté la présence de l’agrile du frêne pour la première fois en mai 2002, dans le sud-est du Michigan, puis en Ontario en juillet de la même année. L’insecte s’est dispersé rapidement par manque de vigilance.»

L’agrile du frêne n’est pas un insecte qui vole très bien, ni très loin, poursuit Tim Work. C’est surtout l’homme qui est responsable de sa dispersion, dans le bois de chauffage, les billes, les branches, le matériel de pépinière et les autres produits du frêne. «Le CEF avait sonné l’alarme par l’intermédiaire de Tim et de notre collègue Dan Kneeshaw, intervient Pierre Drapeau. Ils ont été parmi les premiers à alerter les autorités québécoises de la menace que constituait l’agrile du frêne, même si l’espèce n’avait été recensée qu’autour des Grands Lacs. Malheureusement, aucune stratégie digne de ce nom n’a été mise en place à l’époque.»

Deux symptômes indiquent qu’un frêne est atteint par l’agrile: une canopée clairsemée et de petites branches incongrues sortant du tronc à différentes hauteurs. Photo: Nathalie St-Pierre

L’agrile du frêne a été recensée pour la première fois au Québec en 2006 à Carignan, au sud de Montréal. «Personne n’a réagi adéquatement, ni les municipalités, ni les gouvernements, raconte Tim Work. Dans certains cas, on a carrément pris de mauvaises décisions. À Gatineau, par exemple, les citoyens devaient payer deux fois: une fois pour faire couper leurs arbres infestés et une autre fois pour que les techniciens en disposent. Beaucoup de gens ont choisi de s’occuper eux-mêmes des branches et des billes coupées, contribuant sans le savoir à la dispersion de l’espèce.»

Le dépérissement et la mort des arbres infestés par l’agrile du frêne sont dus aux larves qui vivent sous l’écorce des frênes. Celles-ci forment plusieurs galeries d’alimentation qui finissent par couper le système de transport des éléments nutritifs et de l’eau de l’arbre. Deux symptômes indiquent qu’un frêne est atteint par l’agrile, observe Tim Work en désignant cette fois un arbre dont la cime culmine à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de nos têtes. «La canopée est clairsemée et on aperçoit de petites branches incongrues qui sortent du tronc à différentes hauteurs», signale-t-il. Puisque l’infestation débute habituellement par la cime, on s’aperçoit souvent du problème trop tard pour sauver l’arbre.

Photo: Nathalie St-Pierre

La coupe est toutefois la stratégie de dernier recours, poursuit Tim Work. «On peut utiliser un insecticide qui limite la croissance, le développement, l’alimentation et la reproduction de l’agrile du frêne. C’est probablement le traitement le plus efficace, mais cela coûte cher, et la Ville de Montréal doit choisir les arbres à protéger», explique-t-il.

D’autres stratégies n’ont pas donné le succès escompté, comme l’introduction, en 2013, de mini guêpes asiatiques au Québec. Il s’agit d’un prédateur naturel de l’agrile: elles pondent leurs œufs près des larves de l’agrile, sous l’écorce, et les jeunes guêpes s’en nourrissent. «Sauf que plus un arbre est grand, plus l’écorce est dure et les mini guêpes ne parviennent pas à la percer», note Tim Work.

Les autorités publiques ont aussi essayé d’utiliser un champignon comme agent pathogène, ce dernier empêchant la femelle de l’agrile de produire des œufs viables. «Connaît-on les impacts de ces espèces  – les guêpes comme les champignons pathogènes – sur l’écosystème?», demande une étudiante. «Non, car cela prend du temps, répond le chercheur. C’est le risque que l’on prend lorsque l’on mise sur un agent de lutte biologique ou que l’on introduit une nouvelle population. Cela fonctionne bien dans les milieux fermés, comme les serres où l’on cultive des légumes et des fruits, mais en forêt c’est beaucoup plus difficile à contrôler.»

Le traitement à l’insecticide a été tenté au Bois-de-Saraguay, mais cela n’a pas suffi. Selon des chiffres publiés par le journal des Amis du Jardin botanique de Montréal, on dénombrait 9246 frênes matures dans le Bois-de-Saraguay à l’été 2018, soit 15 % des arbres du territoire. Seulement 259 d’entre eux semblaient épargnés par l’agrile. À l’hiver 2019, tous les frênes infestés ayant un tronc de plus de 15 centimètres de diamètre ont été coupés. «On a débité les billes et les branches sur place en petits copeaux afin de détruire les larves, observe Pierre Drapeau. C’est la bonne manière de faire.»

L’histoire se répète

Nous nous arrêtons ensuite devant un orme d’Amérique, prétexte tout indiqué pour que Tim Work poursuive son exposé historique. «L’orme d’Amérique était une espèce très populaire à Montréal, qui a été affectée à partir de 1944 par la “maladie hollandaise” vraisemblablement importée d’Europe dans du bois contaminé. Cette maladie est causée par deux champignons et a tué un très grand nombre d’ormes au cours des dernières décennies. Dans plusieurs quartiers, tels que Rosemont, Villeray ou Ahuntsic, la Ville a décidé de remplacer ces ormes par… des frênes.»

Photo: Nathalie St-Pierre

Le frêne semblait idéal comme arbre de rue, puisqu’il s’adapte bien au milieu urbain et qu’il tolère le froid, souligne Pierre Drapeau. «Ç’aurait été une meilleure idée de diversifier les espèces, non?», demande une étudiante. «Tout à fait, répond Tim Work. La monoculture n’est jamais une bonne solution.» La question, soulignent à grands traits les deux professeurs, n’est pas de savoir si un agent pathogène s’attaquera à une espèce d’arbre, mais plutôt quand.

Prévoir l’insecte ravageur qui s’attaquera à une espèce d’arbre est pratiquement impossible tellement les variables en jeu sont nombreuses, des aléas du commerce mondial aux nouveaux défis que posent les changements climatiques. «Il importe de mettre en place des programmes de suivi efficaces pour être prêts à réagir adéquatement», affirme Tim Work. Mais pour être capable de protéger un milieu naturel, il faut d’abord le connaître, enchaîne Pierre Drapeau. «Cela nécessite des ressources humaines afin de réaliser des inventaires: il faut faire comprendre aux villes, aux ministères, aux agences et aux autres organisations impliquées l’importance d’établir des partenariats avec les chercheurs universitaires et d’embaucher des biologistes et des diplômés en sciences de l’environnement comme vous», dit-il à la cohorte.

Mycologue amateur

Pendant l’excursion, Tim Work prend un plaisir fou à observer les différents champignons qui poussent ici et là. «Je ne suis pas un spécialiste, précise-t-il, mais j’aime bien tenter de comprendre leur rôle dans l’écosystème.»

Un «Turkey Tail» sur une souche.
Photo: Nathalie St-Pierre

Sur l’une des souches de frêne, il aperçoit un Trametes versicolor, ou polypore versicolore, que l’on appelle en anglais «Turkey Tail», car ses couleurs rappellent en effet la queue de l’animal. «Ce n’est pas une espèce envahissante, c’est plutôt un décomposeur», précise le biologiste.

Plus loin, il trouve trois spécimens de Ganoderma. «Ce sont des champignons qui attaquent la base de l’arbre et son système racinaire», nous apprend-t-il. Comme ces spécimens se trouvent à quelques mètres de l’érable argenté renversé de l’autre côté du sentier, le professeur avance l’hypothèse que c’est peut-être ce qui a causé le chablis.

Une espèce envahissante

Dans une ouverture créée par la coupe de plusieurs frênes, les deux professeurs indiquent la présence du nerprun cathartique, qui profite de la lumière pour croître. «Il s’agit d’une espèce envahissante qui ressemble à un gros arbuste et qui peut atteindre plusieurs mètres de hauteur, explique Pierre Drapeau. Il prolifère rapidement, car les oiseaux mangent ses fruits et en excrètent les graines à peu près intactes partout sur le territoire.»

Tim Work s’avance dans une zone où le nerprun est désormais omniprésent. «Nous sommes venus ici il y a un an et il n’y en avait presque pas. Regardez: aujourd’hui, les arbustes sont aussi grands que Tim», souligne Pierre Drapeau.

Tim Work dans une zone où le nerprun cathartique est désormais omniprésent. Photo: Nathalie St-Pierre

Le professeur fait remarquer au groupe que la chaîne d’événements amorcée avec l’orme d’Amérique se poursuit: atteint de la maladie hollandaise de l’orme, celui-ci a été remplacé par le frêne d’Amérique, lequel a été infesté par l’agrile, puis coupé, laissant ainsi la place à une espèce envahissante. «Le nerprun constitue un véritable problème à plusieurs endroits, y compris sur le mont Royal, où l’on peine à le contrôler», ajoute-t-il.

Un fragile équilibre

Dans la boucle du sentier, à la limite sud du parc, le groupe s’interroge sur la raison pour laquelle certains arbres sont marqués d’une ligne bleue. «Je soupçonne qu’il s’agit d’un suivi pour ces chênes bicolores, avance Pierre Drapeau. Comme nous sommes dans une ouverture et qu’ils reçoivent beaucoup de soleil par rapport à l’eau qu’ils peuvent aller chercher, ils sont probablement exposés à un choc hydrique.»

Les alignements de pierre témoignent des anciennes limites de lots agricoles. Photo: Nathalie St-Pierre

Sur le chemin qui nous ramène vers la sortie du parc, on remarque les alignements de pierre témoignant des anciennes limites de lots agricoles. Pierre Drapeau a une dernière anecdote pour nous: «Lorsque j’étais à la CUM, les résidents en bordure du Bois-de-Saraguay avaient demandé que l’on arrose la forêt d’insecticide, car ils avaient trop de moustiques dans leur cour. J’avais dit à mes supérieurs: si les gens veulent une maison adossée à une forêt, ils doivent vivre avec les insectes qui viennent avec!»

À la fin de l’excursion, Pierre Drapeau rappelle que le combat pour la protection du Bois-de-Saraguay était annonciateur de l’intérêt que l’on porte aujourd’hui à l’écologie urbaine, et plus spécifiquement aux forêts urbaines. «La richesse et la résilience de cette forêt ne doit toutefois pas masquer le fragile équilibre de tout écosystème», conclut-il.