C’est en voie de devenir une tradition. Pour une deuxième année consécutive, une centaine d’élèves – maternelle et classes de première et deuxième années – de l’école primaire Champlain, dans le quartier Centre-Sud de Montréal, étaient de passage à l’UQAM, le 24 avril dernier, afin de participer à des ateliers d’illustration. En avril 2018, quelque 85 élèves de l’école avaient participé à des ateliers de lecture.
Organisée par la professeure du Département d’études littéraires Geneviève Lafrance, en collaboration avec l’école Champlain, l’activité du 24 avril s’inscrivait dans le cadre d’un projet baptisé Un livre à la fois, qui a reçu le soutien du Comité institutionnel du 50e anniversaire de l’UQAM ainsi que de la Faculté des arts et de la Fondation de l’Université. Le projet consiste à conjuguer les efforts des élèves de l’école Champlain et ceux d’une trentaine d’étudiants de l’UQAM afin de fabriquer des albums jeunesse de A à Z.
Au cours des dernières semaines, les enfants ont été invités à imaginer des histoires dans le cadre d’ateliers de création en classe animés par des étudiants et étudiantes du Département d’études littéraires. Puis, lors de leur visite du 24 avril, ils ont participé à des ateliers de dessin, animés cette fois par des étudiants et étudiantes de l’École des arts visuels et médiatiques, qui les ont aidés à illustrer leurs histoires. Des étudiants et étudiantes en design graphique assureront ensuite la mise en page et l’impression des histoires sous forme d’albums, lesquels seront remis aux élèves en juin à l’occasion d’une fête à la Bibliothèque Frontenac.
«Le projet vise à stimuler la créativité chez des enfants d’une école classée depuis plusieurs années parmi celles affichant l’indice de défavorisation le plus élevé au Québec, note Geneviève Lafrance. Il a aussi pour but de favoriser leur persévérance scolaire et, pourquoi pas, de semer dans leur esprit l’idée de faire un jour des études universitaires. Il permet enfin à des étudiants de l’UQAM de parfaire leur formation en participant à toutes les étapes de la production d’un album jeunesse, de l’écriture à l’impression.»
Le projet Un livre à la fois s’inscrit dans le prolongement d’une autre activité, Littéraires à l’école, menée aussi sous la supervision de Geneviève Lafrance. Depuis septembre 2017, une trentaine d’étudiantes et d’étudiants au baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat en études littéraires se rendent une fois par semaine à l’école Champlain pour faire la lecture aux élèves de maternelle, de première et de deuxième année, et ainsi partager leur amour des livres. «L’idée d’un Livre à la fois a germé l’an dernier après qu’un petit garçon de l’école eut demandé: Est-ce que nous aussi on va en écrire des histoires un jour?», raconte la professeure.
L’équipe derrière le projet
Le projet Un livre à la fois, c’est…
– 25 étudiantes et étudiants du Département d’études littéraires qui, chaque semaine, partagent leur amour de la lecture avec une centaine d’élèves de l’école Champlain et les font participer à la création collective d’histoires;
– 6 étudiantes et étudiants de l’École des arts visuels et médiatiques qui préparent et animent des ateliers d’illustration grâce auxquels les enfants enrichissent leurs mots d’images;
– 2 étudiantes de l’École de design, dont le travail d’édition graphique assurera la qualité professionnelle du produit fini, qui fera ainsi la fierté des enfants.
Dans l’organisation du projet, la professeure Geneviève Lafrance a été secondée par ses collègues Laurence Sylvestre, Maryse Gagné et Adriana Oliveira, de l’École des arts visuels et médiatiques.
Les deux initiatives Un livre à la fois et Littéraires à l’école s’inscrivent dans le cadre du projet plus large Adopter une école, lancé en 2015, qui vise à rapprocher des écoles de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) des universités et des cégeps, afin de favoriser la persévérance et la réussite scolaires. L’UQAM a convenu avec la CSDM et la direction de l’école Champlain d’adopter cette école située dans un quartier défavorisé.
Comment dessiner un escargot?
En cette matinée du 24 avril, les élèves de l’école Champlain ont d’abord rencontré l’auteure-illustratrice en littérature jeunesse Mireille Levert (B.A. arts plastiques, 1979), double lauréate (1993 et 2001) du prix du Gouverneur général du Canada dans la catégorie Illustration, qui a été chargée de cours à l’École de design de 1997 à 2002. La diplômée a expliqué aux élèves comment elle s’y prenait pour dessiner à partir d’une histoire.
«Je vais dessiner un escargot sur une page blanche -– on appelle ça une esquisse –, et j’essaierai ensuite de le rendre encore plus beau. Je vais maintenant utiliser un papier calque, une sorte de papier magique, que je dépose sur mon dessin, puis j’ajoute un nez, un chapeau et des couleurs. Est-ce qu’il est plus beau ainsi mon escargot?», a demandé Mireille Levert. «Ouiiii!», ont répondu les enfants en chœur.
Accompagnés de leurs enseignantes, les élèves se sont ensuite dirigés vers les ateliers d’illustration où les attendaient des étudiantes et étudiants en arts visuels. Chaque enfant avait pour tâche d’illustrer une phrase extraite d’une des six histoires qu’ils avaient créées, dont le thème commun était une fête d’anniversaire: «Une fête catastrophique», «L’anniversaire gâché», «Bonne fête Agaba Chatouille», etc.
Dans un groupe, l’histoire à illustrer était celle de Margot, huit ans, qui a toujours rêvé de recevoir en cadeau un animal de compagnie. Alicia, élève de deuxième année, devait dessiner une image à partir de la phrase suivante: «À la surprise générale, un invité retardataire arrive avec une énorme boîte. La fêtée s’empresse de l’ouvrir et y découvre un gigantesque éléphant rose pilotant un vaisseau spatial.»
La matinée s’est conclue par une activité surprise au cours de laquelle les enfants devaient assembler, comme dans un puzzle, des fragments de dessins réalisés par l’illustratrice Mireille Levert.
Sociofinancement
Il est possible de soutenir l’impression et la reliure des livres en faisant un don dans le cadre de la campagne de financement de l’UQAM 100 millions d’idées. «Nous souhaitons imprimer assez d’exemplaires pour que tous les élèves participant au projet en reçoivent deux: un premier à conserver précieusement et un second qu’ils pourront à leur tour donner», indique Geneviève Lafrance. Plusieurs bibliothèques seront également dotées des livres créés, notamment la Bibliothèque Frontenac, la bibliothèque de l’École Champlain ainsi que les bibliothèques des Arts et des Sciences de l’éducation de l’UQAM.
«Contrer les inégalités sociales et démocratiser la culture et le savoir correspondent aux valeurs fondatrices de l’UQAM, rappelle la professeure. C’est justement pour célébrer ces valeurs et les mettre en œuvre que l’UQAM a développé et entend maintenir des liens avec l’école Champlain.»