L’implantation des cours d’éducation à la sexualité dans les écoles primaires et secondaires du Québec suscite de nombreuses interrogations chez les personnes qui interviennent sur le terrain. Comment concevoir des situations d’éducation à la sexualité adaptées au développement psychosexuel des jeunes? Quelles sont les meilleures manières de répondre aux questions délicates à propos de la sexualité? Comment réagir lorsque l’on reçoit une confidence de nature sexuelle?
Seule formation universitaire de courte durée au Québec centrée sur l’éducation à la sexualité, le nouveau programme court de premier cycle en éducation à la sexualité en milieu scolaire, offert à compter de l’automne 2019, propose un cadre théorique, des outils pratiques, ainsi qu’une perspective critique et éthique sur la pratique de l’éducation à la sexualité en milieu scolaire. «Le besoin de formation dans les écoles est évident, affirme Francine Duquet (M.A. sexologie, 1988), professeure au Département de sexologie. Certains membres du personnel scolaire se sentent très peu outillés pour faire des interventions adéquates.»
Le programme s’adresse à toutes les personnes qui interviennent dans le milieu scolaire ou communautaire, dans les centres jeunesse et dans le réseau de la santé et des services sociaux.
Attendue depuis longtemps
L’éducation à la sexualité dans les écoles ne date pas d’hier. Dès 1984, le ministère de l’Éducation publie un guide d’activités pour le volet «éducation à la sexualité» du cours de formation personnelle et sociale. Lors de la réforme de 2003, ce cours est aboli et le ministère recommande que la sexualité soit abordée à travers les différentes matières. Son enseignement n’est donc plus la prérogative d’un seul enseignant. Francine Duquet rédige alors un document d’éducation à la sexualité en plus de donner des formations à travers le Québec durant quatre ans.
À la fin de 2017, dans la foulée du mouvement #moiaussi, l’ancien ministre de l’Éducation Sébastien Proulx annonce que les cours d’éducation sexuelle deviendront obligatoires, tant au primaire qu’au secondaire, dès la rentrée de l’automne 2018. «Ça faisait plus de 15 ans que l’on attendait cette annonce», mentionne la sexologue.
Des réticences exprimées par des parents et enseignants ont toutefois ralenti l’implantation des cours dans certaines commissions scolaires. «La résistance est présente depuis 30 ans, dit Francine Duquet. Mais on ne peut plus nier, en 2019, que les jeunes sont régulièrement confrontés à des stéréotypes sur la sexualité, que ce soit dans les téléréalités, les jeux vidéo, la pornographie ou les médias. Il est essentiel de leur donner des outils pour réfléchir à la sexualité et une tribune pour exprimer leurs craintes et interrogations.»
Variété de thèmes
Le programme est formé de trois cours, dont un obligatoire axé sur la pédagogie de l’éducation à la sexualité au primaire et au secondaire. Ce cours aborde notamment l’historique de l’éducation à la sexualité, les approches et modèles d’intervention, la conception de situations d’apprentissage ainsi que les enjeux éthiques.
Les deux autres cours peuvent être choisis parmi une variété de thèmes: développement psychosexuel, violences sexuelles, prévention des ITSS, santé sexuelle et reproductive, enjeux culturels ou de genre, dimensions anatomiques et physiologiques de la sexualité. Les cours suivis dans ce programme pourraient éventuellement être crédités au baccalauréat en sexologie.
Offert à temps partiel, le programme est contingenté à 30 étudiants au trimestre d’automne et à 10 étudiants au trimestre d’hiver. Il est possible de faire une demande d’admission avant le 15 avril pour l’automne ou avant le 1er novembre pour l’hiver.