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Donner des droits à l’humanité

L’UQAM est la première université au pays à appuyer la Déclaration universelle des droits de l’humanité.

21 novembre 2019 à 15 h 11

Mis à jour le 22 novembre 2019 à 8 h 11

La Déclaration rappelle que les effets néfastes des changements climatiques, l’accélération de la perte de la biodiversité et la dégradation des terres et des océans constituent autant de violations des droits fondamentaux des êtres humains et une menace pour les générations présentes et futures. Photo: Getty/Images

Le Conseil d’administration de l’UQAM a adopté récemment une résolution visant à soutenir la Déclaration universelle des droits de l’humanité (DDHu) dans le cadre de son 50e anniversaire. Par ce geste, l’UQAM devient la première université au Québec et au Canada à donner son appui à ce document.

C’est l’avocate Corinne Lepage, ex-ministre de l’environnement en France et ex-eurodéputée, qui a coordonné la rédaction de la Déclaration. Composée de principes, de droits et de devoirs (voir encadré), la DDHu rappelle que l’humanité et la nature sont en péril, que les effets néfastes des changements climatiques, l’accélération de la perte de la biodiversité et la dégradation des terres et des océans constituent autant de violations des droits fondamentaux des êtres humains et une menace pour les générations présentes et futures. «L’extrême gravité de la situation, qui est un sujet de préoccupation pour l’humanité tout entière, impose la reconnaissance de nouveaux principes et de nouveaux droits et devoirs», souligne la Déclaration..

La DDHu a été transmise en avril 2016 au secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon par le président de la République française François Hollande, à l’occasion de la signature à l’ONU de l’Accord de Paris sur les changements climatiques (COP 21). Depuis, afin que la Déclaration puisse être approuvée par les États membres de l’ONU, plusieurs organismes internationaux et nationaux ainsi que des universités lui ont accordé leur soutien, notamment l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, composée de 28 pays membres, cités et gouvernements locaux unis, représentant 240 000 villes et métropoles à travers le monde, et l’Association internationale des maires francophones. Des entreprises, des ONG, des barreaux et de nombreux citoyens ont également signé la DDHu.

Une première mondiale

La Déclaration universelle des droits de l’humanité est le premier document à reconnaître des droits et des devoirs pour l’humanité, vis-à-vis d’elle-même, des générations futures, des autres espèces et de la nature. «L’idée était de créer un texte acceptable par les 195 États membres des Nations Unies, tout en marquant un véritable progrès», souligne Corinne Lepage, qui est aussi présidente de l’Association des amis de DDHu.

La Déclaration n’est pas une convention et n’aura pas de caractère contraignant pour les États qui l’adopteront, précise la juriste. «Il ne s’agit pas de remplacer les textes existants, mais de bâtir un texte complémentaire fixant des droits et des devoirs, non plus individuels mais collectifs. Cette déclaration propose, notamment, de créer une interdépendance entre les espèces vivantes, d’assurer leur doit à exister et le droit de l’humanité de vivre dans un environnement sain et écologiquement soutenable.»

Selon Corinne Lepage, il s’agit d’une première étape, comme l’a été, il y a 30 ans, la Déclaration des droits de l’enfant qui, 20 ans plus tard, a donné naissance à la Convention des droits de l’enfant. «De même, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 n’est qu’une déclaration, mais elle imprègne notre droit depuis un demi-siècle», observe la juriste.

Principes, droits et devoirs

La Déclaration universelle des droits de l’humanité et des générations futures proclame quatre principes, six droits de l’humanité et six devoirs à son égard.

Principes

– Responsabilité d’équité et de solidarité intra et intergénérationnelles

– Dignité de l’humanité

– Continuité de l’existence de l’humanité

– Non-discrimination en raison de l’appartenance à une génération

Droits

– Vivre dans un environnement sain

– Développement responsable, équitable, solidaire et durable

– Protection du patrimoine commun et du patrimoine mondial

– Préservation des biens communs

– Paix et sécurité humaine

– Libre choix de déterminer son destin

Devoirs

…de la génération présente

– Assurer le respect des droits de l’humanité

– Transmettre les patrimoines avec prudence, respect et équité

– Préserver l’atmosphère et les équilibres climatiques; prévenir les déplacements de personnes liés à des facteurs environnementaux

– Orienter les progrès scientifique et technique vers la préservation et la santé de l’espèce humaine et des autres espèces

…des États

– Intégrer le long terme et promouvoir un développement humain et durable

– Assurer l’effectivité des principes, droits et devoirs de la déclaration

Des ambassadeurs

La Déclaration Universelle des droits de l’humanité est soutenue par plus de 50 ambassadeurs provenant de divers horizons (juridique, politique, diplomatique, associatif, économique et académique). À la demande de Corinne Lepage, la professeure du Département de sociologie Louise Vandelac a accepté d’agir comme ambassadrice québécoise et canadienne de la Déclaration.

Connue au Québec et à l’étranger pour son engagement en faveur de l’environnement, Louise Vandelac a siégé à de nombreuses instances publiques et associations nationales et internationales, dont le Réseau des Maisons des Sciences de l’Homme en France. La professeure est membre, entre autres, de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM et du Centre de recherche interdisciplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE). Elle est aussi corédactrice en chef de VertigO, la revue électronique en sciences de l’environnement.