La professeure du Département des sciences juridiques Lucie Lemonde a obtenu un doctorat honorifique en droit de l’Université de Sherbrooke, pour son rôle de pionnière de la pratique et de l’enseignement du droit carcéral au Québec et au Canada. Cette distinction lui a été décernée le 21 septembre dernier dans le cadre de la cérémonie de collation des grades de l’institution.
Au cours des 30 dernières années, la carrière de la juriste Lucie Lemonde a été étroitement associée aux luttes sociales au Québec. Membre du Barreau depuis 1974, elle a obtenu un doctorat en droit de l’Université de Montréal en 1995. Ses champs de compétence couvrent le droit carcéral, les droits et libertés de la personne sur les plans national et international ainsi que la liberté d’expression. La professeure a été présidente de la Ligue des droits et libertés du Québec, de 1994 à 2000, et vice-présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), de 1997 à 2004. Elle a reçu, en 2011, une mention d’honneur de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse pour son engagement social.
Cette juriste au parcours atypique a commencé à pratiquer le droit carcéral à une époque où ce terme n’existait pas encore. «Dans les années 80, les autorités carcérales n’avaient aucun compte à rendre sur les conditions de détention dans les prisons, rappelait-elle lors de l’obtention du prix Pierre-Dansereau de l’Association francophone pour le savoir en 2015. Nous étions une poignée au Canada à mener les premières batailles pour le droit à un traitement équitable des personnes incarcérées. Je me souviens avoir plaidé pour que les détenus dans les pénitenciers fédéraux au Québec puissent voter au référendum de 1980. La Cour suprême a reconnu leur droit de vote 22 ans plus tard.»
Lucie Lemonde s’est aussi impliquée dans la lutte contre le phénomène des poursuites-bâillons. Ces actions judiciaires intentées par des entreprises visent à faire taire des individus ou des groupes de pression en les entraînant dans des procédures juridiques coûteuses dont ils ne peuvent assumer les frais. Elle est également intervenue publiquement pour s’opposer aux tentatives de recriminalisation de l’avortement ainsi que pour défendre la décriminalisation complète de la prostitution et la légalisation de l’aide médicale à mourir au Canada.