Voir plus
Voir moins

Palmarès Québec Science

L’UQAM brille avec 3 des 10 découvertes de l’année du magazine scientifique.

4 janvier 2018 à 8 h 01

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 40

La recherche du professeur Éric Dion sur les décrocheurs discrets, ces élèves qui ont un parcours scolaire sans histoire et qui décident de décrocher avant la fin de leurs études secondaires, figure au palmarès de Québec Science.Photo: iStock

Le magazine Québec Science publie cette année la 25e édition de son palmarès des 10 découvertes scientifiques de l’année au Québec. Trois recherches issues de l’UQAM ont été retenues par le jury du magazine: celle du professeur Éric Dion sur les décrocheurs discrets, ces élèves qui ont un parcours scolaire sans histoire et qui décident de décrocher avant la fin de leurs études secondaires, celle du professeur Marc-André Bédard sur une nouvelle molécule permettant de détecter et de quantifier la sévérité de la maladie d’Alzheimer, et celle de la candidate au doctorat en biologie Isabelle Laforest-Lapointe, qui a révélé un lien entre le microbiome des feuilles et la productivité des écosystèmes terrestres.

Fin de parcours difficile

Selon les études, environ 60 % des décrocheurs éprouvent des difficultés scolaires au moment de quitter l’école. Qu’en est-il des 40 % restants? Éric Dion, professeur au Département d’éducation et formation spécialisées, a voulu le savoir. Si tout n’est pas joué au début de la scolarité, il se passe peut-être des choses importantes en fin de parcours, juste avant le décrochage. C’est ce que le chercheur de l’UQAM et ses collègues Véronique Dupéré, Isabelle Archambault et Michel Janosz (Université de Montréal), ainsi que Tama Leventhal (Tufts University) et Robert Crosnoe (University of Texas at Austin) ont cru bon d’investiguer. Ils ont publié l’an dernier dans la revue Child Development les résultats d’une étude qui confirment leur hypothèse de départ: pour une partie des élèves, le décrochage se produit en contexte de crise.

Leur découverte, qui a fait l’objet d’un article dans Actualités UQAM,  est sans équivoque. Durant les trois mois précédant le décrochage, on observe une hausse significative d’événements et de difficultés d’intensité modérée et/ou sévère (intimidation, violence, conflits, difficulté dans les relations amoureuses, problèmes légaux, accident de voiture, etc.) chez les décrocheurs, alors que le reste de l’année, le nombre d’événements et de difficultés d’intensité légère, modérée et sévère est sensiblement le même que dans les groupes témoins.

Au cours des dernières décennies, plusieurs efforts ont été consacrés à prévenir le décrochage scolaire en partant du principe selon lequel il faut outiller le mieux possible les élèves au début de leur parcours – en maternelle, première et deuxième années. Partir du bon pied, en lecture notamment, constitue un avantage formidable pour un enfant, reconnaît Éric Dion, qui a lui-même mené des recherches avec des élèves de cet âge. Les résultats de sa dernière étude suggèrent toutefois qu’il ne faudrait pas concentrer tous les efforts de prévention au début du parcours scolaire.

Percée dans la maladie d’Alzheimer

Les recherches de Marc-André Bédard, professeur au Département de psychologie, ont débuté il y a une quinzaine d’années en réaction aux difficultés inhérentes au diagnostic des différentes formes de démence, dont la maladie d’Alzheimer. Traditionnellement, on fait passer des tests psychométriques de mémoire, de langage et de concentration aux personnes que l’on croit être atteintes. Le taux de succès de cette approche n’est toutefois pas très fiable. Or, comment tester efficacement des traitements si on n’est pas en mesure de diagnostiquer la maladie et d’en quantifier l’évolution avec précision?

Le chercheur a publié l’an dernier ses résultats les plus récents dans la revue Molecular Psychiatry, qui appartient au prestigieux groupe Nature. Ceux-ci  portent sur une nouvelle molécule pouvant servir de biomarqueur pour à la fois détecter précocement et quantifier la sévérité de la maladie d’Alzheimer, une première à l’échelle mondiale, qui avait aussi fait l’objet d’un article dans Actualités UQAM.

Marc-André Bédard et son équipe de l’Institut neurologique de Montréal ont exploré une avenue négligée par la communauté scientifique depuis la première description de la maladie par Alzheimer, il y a plus de 100 ans: la mort cellulaire, directement corrélée à la symptomatologie des patients. Ils ont développé une méthode novatrice utilisant une molécule, le Fluoroethoxybenzovesamicol (FEOBV) en combinaison avec un radio-isotope (18F). La méthode s’avère fiable et sensible pour détecter des lésions, même très faibles, de certaines cellules cholinergiques que l’on sait être touchées dans la maladie d’Alzheimer. La molécule [18F]FEOBV se fixe à une protéine spécifique des cellules cholinergiques et, par imagerie cérébrale, on peut la retracer, ce qui permet d’identifier précocement et de quantifier le degré de sévérité de la maladie. Cela ouvre la porte à la validation de traitements, car on possède désormais un outil pour détecter s’il y a amélioration ou détérioration de la condition des sujets.

Des microbes salutaires

Parfois bénéfiques pour la santé humaine, les microbes joueraient également un rôle majeur dans celle des plantes. Les travaux de la doctorante en biologie Isabelle Laforest-Lapointe, publiés l’an dernier dans la prestigieuse revue Nature – les professeurs Alain Paquette (Centre d’étude de la forêt), Christian Messier (Département des sciences biologiques) et Steven Kembel (Institut des sciences de l’environnement) ont cosigné l’article –, ont démontré que la diversité des microbes présents sur les feuilles des arbres influence positivement la productivité de la communauté arborescente. Il s’agit d’une découverte d’envergure dans les domaines de l’agriculture, de la foresterie et de la recherche fondamentale en écologie microbienne.

L’étude réalisée par Isabelle Laforest-Lapointe, qui a fait l’objet d’un article dans Actualités UQAM, a été menée dans le cadre du projet International Diversity Experiment Network with Trees (IDENT), une forêt établie à Sainte-Anne-de-Bellevue, dans l’ouest de l’île de Montréal. Elle s’inscrit dans la foulée des travaux menés depuis plusieurs années par Christian Messier et Alain Paquette sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes forestiers, et a grandement bénéficié de l’expertise en écologie microbienne et analyses bio-informatiques développée par Steven Kembel. Les professeurs Kembel et Messier ont dirigé la thèse de doctorat de la chercheuse.

La productivité, une fonction clé pour les domaines de l’agriculture et de la sylviculture, augmente avec l’accroissement de la diversité des communautés végétales. Auparavant, on attribuait cette augmentation de productivité à une diminution de la compétition pour les ressources. Il semble aussi que les microbes jouent un rôle. Les récentes avancées en séquençage génétique ont permis de faire une découverte surprenante: les microbes qui colonisent les plantes influencent le développement et la survie de leur hôte. Cette découverte suggère que ce «microbiome» joue un rôle crucial dans la productivité des écosystèmes terrestres, en protégeant les feuilles des attaques de pathogènes, par exemple, en améliorant la captation de nutriments essentiels à la croissance, ou encore en influençant la production d’hormones végétales.

Votez !

Le magazine Québec Science organise un concours en lien avec les 10 découvertes de l’année. On peut participer au Prix du public en votant pour la meilleure découverte jusqu’au 14 février prochain sur le site de Québec Science:
http://quebecscience.qc.ca/10-decouvertes-2017/Votez-pour-la-decouverte-de-l-annee

Les participants au concours seront éligibles pour remporter un séjour VIP au parc national du Mont-Mégantic pour une famille de deux adultes et deux enfants.