Série Prix Reconnaissance UQAM 2018
Sept diplômés de l’UQAM seront honorés à l’occasion de la Soirée Reconnaissance 2018 pour leur cheminement exemplaire et leur engagement. Ce texte est le sixième d’une série de sept articles présentant les lauréats.
Originaire de la Martinique, Marie-Aline Vadius (B.Ed. enseignement en formation professionnelle, 2005) vit à Montréal depuis 2002. «J’étais venue dans la métropole un an auparavant. La ville m’avait plu et j’ai décidé de m’y établir de façon permanente», raconte la directrice adjointe du Centre Champagnat, un organisme de formation dédié aux personnes ayant des besoins particuliers. Souhaitant enseigner l’informatique et l’administration aux adultes, deux domaines dans lesquels elle a déjà une expérience professionnelle, elle s’inscrit à la Faculté des sciences de l’éducation. «Pour moi, c’est à l’UQAM que tout a commencé!» lance–t-elle.
Pour Marie-Aline Vadius, l’UQAM est une université qui véhicule des valeurs sociales fortes. «Je me souviens en particulier du cours Intégration scolaire et modèles d’intervention, qui mettait l’accent sur l’inclusion des personnes en difficulté, dit-elle. Ce cours m’a marquée.» C’est aussi sur les bancs de l’Université qu’elle rencontre ses futurs collègues de l’École des métiers de l’informatique, du commerce et de l’administration. À l’époque, l’institution cherche quelqu’un pour enseigner l’informatique et ses collègues de classe lui suggèrent de passer une entrevue. «J’ai obtenu l’emploi et j’ai commencé à enseigner, tout en poursuivant mes études.»
Quelques années plus tard, Marie-Aline Vadius est embauchée au Centre Champagnat, avant d’obtenir, à l’Université de Sherbrooke, une maîtrise en gestion de l’éducation et de la formation ainsi qu’un Diplôme d’études supérieures spécialisées de 3e cycle en gestion de l’éducation.
Répondre à des besoins particuliers
Relevant de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), le Centre Champagnat offre de la formation et des services à des adultes, jeunes et moins jeunes, notamment en alphabétisation. «Certains sont handicapés, d’autres rencontrent des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage, d’autres encore ont une déficience intellectuelle», note la diplômée. De 400 à 500 personnes fréquentent l’établissement à temps complet et à temps partiel. À ce nombre s’ajoutent entre 3 000 et 4 000 personnes inscrites en formation à distance et environ un millier d’autres qui reçoivent des services en milieu carcéral.
Depuis trois ans, Marie-Aline Vadius s’occupe plus particulièrement des services de formation et d’intégration socioprofessionnelle pour les personnes en situation de handicap et/ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage. «Quand je vois des gens aux prises avec des handicaps physiques qui se lèvent chaque matin pour venir suivre des formations au Centre, je me dis qu’ils sont courageux et cela m’inspire.»
Engagement social
Parallèlement à son travail, la diplômée s’est investie dans de nombreuses causes. Elle a siégé aux conseils d’administration de divers organismes, comme Action travail des femmes, qui défend les droits des femmes en matière d’accès à l’égalité en emploi, et l’Ancre des jeunes, qui offre des services de prévention du décrochage scolaire. «Le fil conducteur de mon engagement, souligne-t-elle, c’est le souci de l’inclusion. Tout le monde peut apporter une contribution à la société, selon ses capacités.»
En 2002, Marie-Aline Vadius devient membre du Conseil interculturel de Montréal – une instance consultative indépendante pour tous les enjeux liés aux relations interculturelles et à la diversité– et en assume la présidence de 2016 à 2018. «Dans ce domaine, on observe des avancées importantes depuis quelques années, rappelle-t-elle. Cela dit, des problèmes persistent: profilage racial, reconnaissance des diplômes des nouveaux arrivants, accès des membres des minorités visibles à des postes de responsabilité…»
Depuis septembre 2016, la diplômée a joint les rangs du Conseil supérieur de l’éducation et siège à sa Commission de l’éducation des adultes et de la formation continue, deux domaines qu’elle connaît bien. «J’aimerais faire progresser certains dossiers, dont celui concernant le parcours des immigrants en formation continue.»
En octobre dernier, elle a été choisie par Concertation Montréal pour faire partie du Groupe des 30, lequel réunit 30 ambassadrices et ambassadeurs issus des communautés ethnoculturelles. «Notre mission consiste à encourager les membres de ces communautés à s’impliquer socialement et à promouvoir la diversité au sein des conseils d’administration d’organisations et d’entreprises.»
Malgré les progrès accomplis, la diversité ethnoculturelle demeure sous-représentée dans les instances décisionnelles. «Peut-être est-ce dû à la peur de l’inconnu et aux stéréotypes, qui sont tenaces, observe Marie-Aline Vadius. Pourtant, plus on côtoie des gens différents de soi, plus on apprend à les connaître et à les apprécier.»
Gouvernance féminine
La diplômée s’est impliquée dans l’organisme Cravates roses, créé par la Conférence régionale des élus de Montréal, qui vise à faciliter l’accès des femmes à des postes de gouvernance au sein des organisations. En 2013, les femmes représentaient 15,9% des membres des conseils d’administration des sociétés du Financial Post 500, un classement regroupant les plus grandes sociétés canadiennes. Au Québec, elles occupaient 19,8% des sièges.
Depuis quelques années, l’expression «vivre-ensemble» est sur toutes les lèvres. «Cette expression va au-delà des relations interculturelles, souligne Marie-Aline Vadius. Elle englobe les jeunes, les femmes, les personnes âgées, les personnes handicapées, celles issues des communautés ethnoculturelles et celles qui éprouvent des problèmes de santé mentale. L’idée d’intégrer au marché du travail des personnes ayant une déficience intellectuelle, par exemple, fait progressivement son chemin. Pensons à Walmart qui, face à la grogne populaire, est revenue sur sa décision de congédier des dizaines d’employés ayant une déficience intellectuelle, après avoir supprimé un programme qui favorisait leur embauche.»
La Martiniquaise d’origine aime retourner dans son pays natal dès que l’occasion se présente. «C’est pour moi une occasion de me ressourcer et de revoir mes parents, dit-elle. D’ailleurs, j’y retourne bientôt et j’en profiterai pour rencontrer des gens et leur parler de l’accompagnement des jeunes en difficulté et des activités du Centre Champagnat.»