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De Montréal à Kuujjuaq

L’étudiant David Désilets et son ami Samuel Lalande-Markon ont traversé le Québec à vélo et en canot.

Par Jean-François Ducharme

15 octobre 2018 à 12 h 10

Mis à jour le 16 octobre 2018 à 13 h 10

Parcourir le Québec du sud au nord, sans utiliser de moteur, en affrontant des routes gravelées et des rivières impétueuses: voilà l’extraordinaire défi relevé cet été par David Désilets, étudiant au baccalauréat en développement de carrière et commis à la gestion des études au Campus de Laval, et son ami Samuel Lalande-Markon.

Les deux aventuriers ont raconté leur périple, le 10 octobre dernier, au pavillon Président-Kennedy, dans le cadre d’une soirée réseautage organisée par le Portail sur la recherche nordique et arctique de l’UQAM. Ce portail est né de la collaboration entre la Chaire de recherche sur le climat et l’évolution de l’Arctique, dirigée par Anne de Vernal, professeure au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère, et la Chaire de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique, dont le titulaire est Daniel Chartier, professeur au Département d’études littéraires.

L’équivalent de Montréal-Miami

Le 5 juillet, Samuel Lalande-Markon a enfourché son vélo à Montréal, en transportant un équipement minimaliste, et s’est dirigé vers le nord. En 10 jours, il a traversé les Laurentides, la réserve faunique La Vérendrye, l’Abitibi-Témiscamingue et la route de la Baie-James, avec tout juste de quoi se nourrir et dormir. À Radisson, dans le Nord-du-Québec, il a quitté la route pavée pour emprunter la mythique route Transtaïga, l’une des plus isolées au monde.

David a rejoint Samuel, 2000 kilomètres plus loin, à l’embouchure de la rivière Sérigny. «Cette rivière parsemée de rapides est réputée pour être très difficile à naviguer», racontent les explorateurs. Qu’à cela ne tienne, les aventuriers ont pagayé durant 21 jours, à raison de plus de 25 kilomètres par jour, venant à bout des rivières Sérigny et Caniapiscau. Le 4 août, vers midi, David et Samuel atteignaient leur destination finale et touchaient terre à Kuujjuaq, dans le Nunavik.

Au total, ils ont parcouru 2600 kilomètres – l’équivalent de Montréal-Miami – et traversé 13 parallèles. «On ne réalise pas à quel point le Québec est un territoire immense», mentionne David.

Préparation et nourriture

Pour réaliser un défi de cette ampleur, être bien préparé est crucial. Les aventuriers avaient suivi des formations de sauvetage en eau vive et avaient étudié au peigne fin les cartes de vélo et de canot. «Il y a évidemment toujours des surprises, dit Samuel. Nous avons constaté que les 100 premiers kilomètres de la rivière Caniapiscau ne pouvaient pas être franchis en canot à cause d’un barrage, ce qui nous a contraints à faire un détour. Mais, au final, nous n’avons pas rencontré d’obstacles majeurs.»

Les aventuriers avaient apporté un panneau solaire pour charger leurs appareils électroniques.Photo: David Désilets

Comme équipement sur l’eau, leur canot d’expédition contenait quatre barils de 60 litres, dont deux remplis de nourriture lyophilisée. «En déshydratant les aliments, un repas pour deux hommes affamés entrait facilement dans un petit sac Ziploc, précise David. Nous avions donc suffisamment de nourriture pour 25 jours.»

Chaque jour, ils ramaient de 9 h à 18 h, avant de s’arrêter pour monter leur camp et souper à l’abri des moustiques. Ils avaient également apporté un panneau solaire pour charger leurs appareils électroniques, dont un téléphone satellite – ils devaient indiquer leur position chaque jour – ainsi qu’un appareil permettant d’enregistrer l’écologie sonore. «La faune nordique est très différente, et ça se reflète dans le son ambiant», dit David.

Territoires autochtones

Les aventuriers ont traversé des territoires habités par différentes communautés autochtones – les Cris, les Naskapis et les Inuits. À leur arrivée à Kuujjuaq, le maire du village, qui était présent pour les accueillir, a exprimé le souhait de rassembler, lors d’une fête, les deux aventuriers et les aînés de ces peuples. «Nous ne savons pas quand la rencontre aura lieu, mais ce serait un honneur pour nous de participer à une réunion d’aînés autochtones, qui sont des figures très importantes pour leur communauté», souligne l’étudiant.

Après avoir réalisé l’impossible, quelle est la suite pour les deux partenaires? «Nous n’avons pas de plans définis, mais nous rêvons de traverser le Québec d’est en ouest ou d’explorer la Baie d’Ungava», confie David. Une chose est certaine, ce périple restera gravé dans leur mémoire pour le reste de leur vie. «Peu de gens vont aller au nord de l’Abitibi au cours de leur vie, ajoute l’étudiant. Je souhaite à tout le monde d’avoir la chance d’explorer ce territoire si riche et méconnu.»

Réseautage et concours

La présentation des deux aventuriers était suivie d’une soirée de réseautage et d’échanges sur la recherche nordique et arctique, à laquelle ont participé une cinquantaine d’étudiants, de professeurs et de chercheurs.

À cette occasion, trois concours d’expression artistique (texte, dessin ou œuvre artistique), de communication scientifique (vulgarisation scientifique ou clip vidéo) et de photographie ont été lancés. On peut consulter les détails de ces concours sur le Portail sur la recherche nordique et arctique.