Une communauté transgenre
En Inde, au Pakistan, au Bangladesh, au Népal et au Sri Lanka, les hijras forment une communauté dont les fondements identitaires transcendent les seuls aspects liés à l’orientation sexuelle. Ce «troisième sexe» est présenté avec finesse dans l’ouvrage Les hijras. Portrait socioreligieux d’une communauté transgenre sud-asiatique, publié sous la plume du professeur du Département de sciences des religions Mathieu Boisvert. Celui-ci examine, en rapport avec le vécu des hijras, les structures familiales, la perception du vieillissement, les questions liées aux droits de la personne et les rituels de toutes sortes, religieux notamment – de la naissance à la mort en passant par l’intégration à la communauté, le mariage ou la castration. S’appuyant sur des études de terrain et des entretiens, le livre décrit un monde complexe composé de gens qui vivent en marge de la société, tout en luttant pour la légitimité d’un statut leur permettant d’en faire pleinement partie. Trois récits qui témoignent des pratiques quotidiennes des hijras et de leur philosophie apportent l’éclairage d’une expérience directe. L’auteur souligne que les identités individuelle et collective des hijras mélangent des catégories généralement considérées comme opposées: hindou/musulman, sacré/profane, légalité/illégalité, chasteté/activité sexuelle. Paru aux presses de l’Université de Montréal.
Le modèle coopératif
Selon une estimation des Nations Unies, la vie de la moitié de la population de la planète dépend significativement des entreprises coopératives. Les coopératives sont vectrices d’innovation sociale, elles favorisent l’inclusion des populations marginalisées et la prestation de services répondant aux besoins réels des membres au lieu de se soumettre à la règle du rendement à tout prix. Mais on les connaît mal. «Le modèle est peu ou simplement pas enseigné dans les écoles de commerce: on va lui préférer un sujet plus à la mode, comme la responsabilité sociale des entreprises, alors que cette idée est dans le code génétique même des coopératives», écrivent Enzo Pezzini, docteur en sciences politiques à l’Université Saint-Louis de Bruxelles, et Jean-Pierre Girard, chargé de cours au Département d’organisation et ressources humaines de l’ESG UQAM. Dans Les coopératives: une utopie résiliente, ils proposent une vision globale de l’économie et de la contribution d’un modèle organisationnel qui aspire depuis sa naissance à la démocratiser. Ils font état des nombreuses prises de position en faveur des coopératives, tant à l’ONU qu’à l’issue des sommets internationaux, ils définissent les écueils et les occasions que rencontrent les coopératives au XXIe siècle, et ils présentent les parcours coopératifs comparés de la France, du Royaume-Uni, de l’Italie et du Québec. Publié chez Fides.
Le travail invisible des femmes
Souvent effectué par des femmes, le «travail invisible» prend de multiples formes. Il peut s’agir de la charge mentale de l’organisation familiale, du travail ménager, de tâches au quotidien réalisées en tant que proche aidante ou aide familiale, comme du travail réalisé lors de stages étudiants non rémunérés. On y inclut même celui fait par les travailleuses du sexe. Peu importe le type de tâches accomplies, les heures qui y sont consacrées augmentent sans cesse et leur valeur n’est toujours pas reconnue. Sous la direction de Camille Robert (M.A. histoire, 2017), candidate au doctorat en histoire, et de la professeure retraitée Louise Toupin, l’ouvrage collectif Travail invisible. Portraits d’une lutte féministe inachevée rassemble une dizaine de textes de chercheuses et de militantes qui s’intéressent au sujet sous différents angles, proposant des pistes de réflexion et de mobilisation concrètes. «Nous en sommes venues au constat que (…) durant les dernières décennies, et particulièrement avec la montée du néolibéralisme et de la mondialisation, la répartition du travail invisible était plus que jamais au centre de rapports de pouvoir liés aux classes sociales, à la couleur de la peau, à l’orientation sexuelle, au statut d’immigration, au genre et au handicap», écrivent les directrices de l’ouvrage en guise de conclusion. Publié aux Éditions du remue-ménage.
Riposter à l’antiféminisme
Vous êtes féministe. Lors d’un dîner, d’une fête familiale ou d’une sortie amicale, des proches justifient devant vous les inégalités entre les sexes, lancent des blagues sexistes et affirment que les féministes sont des frustrées. Faut-il réagir ou garder le silence afin d’éviter que la situation ne dégénère? Pour répondre à ces questions, la chargée de cours Mélissa Blais (science politique et études féministes) et l’étudiante Marie Soleil Chrétien (maîtrise en science politique) ont rédigé le guide pratique Votre antiféminisme, nos répliques, lequel propose des outils d’autodéfense, comme l’humour, le sarcasme et l’argumentation. Ce guide est le fruit d’une recherche, «L’antiféminisme dans la vie privée», réalisée par les deux auteures et le professeur Francis Dupuis-Déri (science politique), en collaboration avec L’R des centres de femmes du Québec et avec l’appui du Service aux collectivités de l’UQAM. Les féministes répètent depuis longtemps que le privé est politique, que la domination et l’oppression se manifestent dans la famille et dans les relations intimes. «Puisque le privé est politique, nulle surprise de constater que l’antiféminisme s’y exprime aussi», écrivent les chercheuses. Publié par L’R des centres de femmes du Québec.
L’apport de la linguistique à l’enseignement du français
Quelles compétences de communication culturelles faut-il développer en classe de français? Comment enseigner le français québécois parlé? Où se trouvent l’orthographe et la grammaire modernes dans les dictionnaires? L’ouvrage La linguistique et le dictionnaire au service de l’enseignement du français au Québec, sous la direction de Sophie Piron, professeure au Département de linguistique, et de sa collègue Nadine Vincent, de l’Université de Sherbrooke, répond à ces questions. Destiné aux enseignants en formation ou en exercice, aux parents d’élèves et à toute personne intéressée par la situation particulière du français au Québec, cet ouvrage vise à établir un dialogue entre linguistes et responsables de l’enseignement du français. Les chargées de cours au Département de linguistique Anne-Sophie Bally (Ph.D. linguistique, 2011), Caroline Émond (Ph.D. linguistique, 2014) et Chantal Contant (programme court de 1er cycle en linguistique, 2002), de même que la professeure associée du Département de didactique des langues Denise Lussier collaborent à l’ouvrage. L’épilogue rend hommage à Hélène Cajolet-Laganière, pionnière dans le domaine de la recherche en linguistique au Québec. Publié aux Éditions Nota Bene.
Choisir le Québec comme terre d’accueil
D’origine gabonaise, Dieudonné Ella Oyono est arrivé au Québec en 2001 comme étudiant. Après avoir travaillé pendant 10 ans dans différents ministères du gouvernement du Québec, celui qui est aussi chargé de cours au Département des sciences économiques a été président du comité de la diversité du Parti québécois tout en mettant sur pied Afrique Canada opportunités, un organisme pour l’intégration des immigrants au travail et dans le monde des affaires. À travers son parcours de nouvel arrivant qu’il décrit dans son dernier ouvrage Comment tomber en amour avec son nouveau pays?, Dieudonné Ella Oyono souhaite convaincre les immigrants récents de rester au Québec. Conscient du nombre effarant de travailleurs qualifiés issus de l’immigration qui ne peuvent trouver d’emploi, l’auteur propose une Politique québécoise d’intégration des immigrants au marché du travail. «L’intégration en emploi doit devenir un enjeu de société au même titre que la réussite scolaire ou la sécurité des travailleurs», déclare celui qui occupe désormais le poste de chef d’équipe au Service du développement économique de la Ville de Montréal. Publié aux éditions Cornac.