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Du bâtiment durable au bâtiment sain

Ahmed Dridi analyse l’émergence et le développement des indicateurs de performance du bâtiment durable au Québec.

Série

Doc en poche

Par Claude Gauvreau

13 août 2018 à 10 h 08

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 39

Série Doc en poche
Armés de leur doctorat, les diplômés de l’UQAM sont des vecteurs de changement dans leur domaine respectif.

Ahmed Dridi. Photo: Nathalie St-Pierre

Ahmed Dridi (Ph.D. administration, 2017)

Titre de sa thèse: «Analyse du processus d’émergence et de développement des indicateurs du bâtiment durable : le cas du Québec»

Directrice: Andrée De Serres, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale et titulaire de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier de l’ESG UQAM

Enjeu social: favoriser un bien-être global

Membre de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier de l’ESG UQAM, Ahmed Dridi a reçu en juin dernier une mention d’honneur, assortie d’ne bourse de 3 000 dollars, de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) pour la qualité de sa recherche doctorale. Dans le cadre de sa thèse, le chercheur s’est intéressé au processus d’émergence et de développement des mesures de performance du bâtiment durable, en particulier au Québec mais aussi sur la scène internationale.

Depuis quatre décennies, de nombreuses méthodes d’évaluation de la performance et plusieurs systèmes de certification du bâtiment durable se sont développés dans le monde, tels que BREEAM au Royaume-Uni, LEED aux États-Unis et CASBEE au Japon. Après avoir analysé la littérature et réalisé une quarantaine d’entrevues avec des experts et gestionnaires immobiliers, le chercheur a identifié à l’échelle mondiale plus de 600 outils de mesure de performance et quelque 506 certifications de bâtiment durable (au Québec et au Canada, les certifications les plus utilisées sont LEED et BOMA BESt).

«Les systèmes de notation de la durabilité des bâtiments ont d’abord mis l’accent sur les indicateurs environnementaux (émissions de gaz à effet de serre, économie d’énergie, recyclage des ressources et des matériaux, consommation de l’eau, etc.), pour ensuite intégrer les aspects économiques, puis les dimensions sociales et culturelles, tout en mesurant la durabilité depuis l’étape de la conception du bâtiment jusqu’à celle de son occupation», rappelle Ahmed Dridi. Depuis quelque temps, on prend davantage en compte les intérêts des occupants. «Ainsi, pour la nouvelle certification Well Building Standard, le bâtiment durable doit assurer le bien-être global – tant physique que psychologique – de ses usagers: qualité de vie, confort, santé, sécurité, accessibilité, souligne le chercheur. Nous sommes passés, au fil des ans, du bâtiment vert au bâtiment durable, puis au bâtiment sain, dans lequel le bien-être contribue à accroître la productivité, la satisfaction et, par conséquent, la rétention des occupants.»  

Ce qu’il faut changer

La recherche d’Ahmed Dridi montre que  le nombre de bâtiments certifiés durables au Québec et au Canada ne dépasse pas 1 % du parc immobilier commercial et institutionnel. Les facteurs économiques et financiers représentent les principaux obstacles à l’intégration de pratiques et d’indicateurs durables, auxquels s’ajoutent des obstacles techniques et politiques ainsi qu’un manque de sensibilisation et de connaissances, souligne le chercheur. «Il faudra mettre les bouchées doubles pour assurer une plus grande durabilité du parc immobilier, dit-il. Les différents paliers de gouvernement, notamment le palier municipal, doivent imposer des cibles plus ambitieuses en matière d’efficacité énergétique, revoir les prix de la consommation d’électricité et d’eau, et établir des règlements, des politiques et des mesures d’incitation fiscales.»

Ahmed Dridi propose de réaliser des études similaires dans d’autres provinces canadiennes et d’élargir la recherche en examinant d’autres types d’immeubles, comme les bâtiments industriels et résidentiels. Il insiste aussi sur l’importance de mesurer la productivité des occupants des bâtiments certifiés durables par rapport à ceux qui ne le sont pas, les effets de la densification des espaces de travail sur la productivité et la satisfaction des usagers et, enfin, l’impact de la certification sur la rentabilité financière des immeubles commerciaux au Québec.