L’UQAM a décerné un doctorat honorifique à l’artiste visuel, poète et écrivain autochtone Domingo Cisneros, sur la recommandation de sa Faculté des arts. Par ce geste, l’Université veut souligner la contribution centrale de cet artiste à la reconnaissance de l’art autochtone contemporain au Québec et au Canada, de même que son important rôle de mentor auprès de toute une génération de créateurs autochtones. La distinction lui a été remise le 4 décembre dernier dans le cadre de la collation des grades des facultés des arts et de communication.
Né à Monterrey au Mexique, Domingo Cisneros appartient à la Première Nation Tepehuane par sa mère. Il étudie l’architecture à l’Université Nuevo Leon de Monterrey ainsi que la littérature et la cinématographie à l’Université nationale autonome du Mexique, à Mexico. Il immigre au Québec en 1968.
En 1974, Domingo Cisneros obtient un poste d’enseignant en art et anthropologie au collège Manitou, premier collège bilingue d’études postsecondaires visant l’autodétermination autochtone, et il s’installe à La Macaza, dans les Laurentides. Il trouve dans la forêt boréale québécoise un territoire à la mesure de sa force créatrice.
Reconnu principalement comme sculpteur, inspiré par une tradition millénaire autochtone de conservation des matériaux tirés de la nature, Domingo Cisneros pratique un art engagé et spirituel. Son retrait des grands centres urbains ne l’a pas empêché de participer à une quarantaine d’expositions et d’installations dans les plus importants lieux de diffusion du Québec et du Canada, sans compter une vingtaine d’expositions internationales au Mexique, en Europe, aux États-Unis et dans les Antilles. La Galerie de l’UQAM l’a invité, en 1986, à participer à l’exposition collective Aimuk, manifester sa présence.
Domingo Cisneros a développé un concept d’«art-aventure» avec le projet Zone du silence. La douzaine d’artistes québécois, canadiens et mexicains qui ont participé à cet événement en décembre 1984 ont expérimenté de façon radicale la vie dans le désert, ce qui, pour certains, a durablement modifié leur vie matérielle et spirituelle, de même que leur pratique artistique. L’exposition Zona del Silencio : Art Adventure a été présentée au Musée du Québec ainsi qu’à Ottawa et au Mexique. Une dizaine d’autres projets similaires, conçus en collaboration avec d’autres créateurs, ont donné l’occasion à des artistes multidisciplinaires de vivre des expériences collectives, multiculturelles, existentielles et immersives, et ce, sur plusieurs continents.
Au cours des années 1980 et 1990, l’artiste participe à trois expositions collectives d’artistes autochtones : New Work by a New Generation, (Norman Mackenzie Art Gallery de Regina, 1982); Indigena-Contemporary Native Perspectives (Musée canadien des civilisations, 1992); Terre, Esprit, Pouvoir (Musée des beaux-arts du Canada, 1992). En 1991, Cuba lui propose de choisir les artistes autochtones canadiens qui participent à la Biennale de La Havane, sous le thème «500 ans de colonisation».
Parole de lauzes, une œuvre réalisée en Ardèche, en France, dans le cadre d’une résidence en 20001, est composée d’une vingtaine de sculptures taillées dans la pierre de schiste. L’œuvre pérenne guide les randonneurs le long d’un sentier montagneux. En 2016, Domingo Cisneros publie un recueil de textes, La guerre des fleurs. Codex ferus, qui couvre un demi-siècle de réflexions sur la préservation de lieux sauvages, non pollués et non pillés par l’urbanisation. L’ouvrage est le manifeste d’un artiste et d’un écrivain inspiré, en phase avec l’univers de la forêt boréale.