Voir plus
Voir moins

Passionnée de pédagogie

Hélène Meunier accompagne les professeurs, maîtres de langue et chargés de cours qui souhaitent améliorer leurs méthodes d’enseignement.

Par Pierre-Etienne Caza

27 avril 2018 à 15 h 04

Mis à jour le 27 avril 2018 à 15 h 04

Série Dans les coulisses de l’UQAM
Des employés qui, dans les coulisses, assurent le bon fonctionnement de l’Université, parlent de leur rôle au sein de notre institution.

Hélène MeunierPhoto: Nathalie St-Pierre

Hélène Meunier (M.A. éducation, 2008) aime se balader dans les corridors de l’UQAM et jeter un œil dans les salles de cours afin d’observer les interactions entre professeurs et étudiants. «Parfois, je vois des enseignants qui se démènent, alors que les étudiants sont avachis sur leurs bureaux ou consultent Facebook. L’autre jour, en revanche, j’ai vu un prof assis sur son bureau, qui parlait sans PowerPoint, et ses étudiants étaient captivés. Je suis repassée devant le local une heure plus tard et la scène était la même. Tous les étudiants étaient attentifs et engagés dans le cours», raconte avec émerveillement l’unique conseillère pédagogique de l’UQAM, qui œuvre au Service de soutien académique.

La majorité des professeurs, maîtres de langue et chargés de cours n’ont pas reçu de formation en pédagogie, rappelle Hélène Meunier, dont le mandat est d’accompagner les enseignants qui se questionnent par rapport à leurs méthodes pédagogiques. «Je rencontre autant des vétérans du métier qui souhaitent régler des problèmes précis, ou tout simplement se renouveler, que des nouveaux venus qui veulent démarrer leur carrière du bon pied», précise-t-elle.

Ce fut le cas, par exemple, de ce chargé de cours qui enseigne depuis 30 ans et qui était totalement dépourvu, raconte la conseillère. «Ses étudiants désertaient systématiquement son cours après la pause. Parfois, il n’en restait que cinq ou six sur une quarantaine. Et l’évaluation de son enseignement, réalisée chaque trimestre par les étudiants, était plutôt négative.» En discutant avec lui de ses stratégies d’enseignement, Hélène Meunier a pu lui suggérer, entre autres, cette astuce: faire des pauses d’apprentissage en arrêtant son cours toutes les 20 minutes, puis soulever une question et laisser les étudiants y réfléchir individuellement ou en débattre avec un pair. «Il a testé l’astuce le soir même et il m’a laissé un message immédiatement après son cours. Tous les étudiants étaient restés après la pause et certains l’avaient même félicité, car ils avaient adoré le cours!», souligne-t-elle fièrement.

Le secret d’un cours réussi? «Il faut créer un climat d’apprentissage sain», résume la spécialiste, qui enseigne également à titre de chargée de cours au Programme court de deuxième cycle en pédagogie de l’enseignement supérieur depuis de nombreuses années. L’un des conseils qu’elle formule le plus souvent à ceux et celles qui la consultent: «Clarifiez vos attentes envers les étudiants au début de chaque trimestre et soyez constants.»

Du primaire à l’université

L’enseignement est au cœur du parcours professionnel d’Hélène Meunier. «J’ai enseigné le piano dès l’âge de 15 ans, ce furent mes premières expériences de pédagogue», dit-elle en riant. Titulaire d’un baccalauréat en musique, elle a enseigné les arts au primaire et au secondaire durant plusieurs années dans la région de Granby. Une maîtrise en administration scolaire lui a permis ensuite d’occuper différents postes de direction d’école.

Après un bref passage à Alloprof, où elle a embauché Sandrine Faust (B.A.A., 1993; B.Éd. enseignement en adaptation scolaire et sociale (perf.), 1997), qui en est devenue la directrice générale, Hélène Meunier est retournée à l’enseignement au primaire, puis a travaillé dans l’entreprise spécialisée en informatique de son conjoint.

Elle a ensuite voulu se spécialiser en évaluation des apprentissages, d’où son inscription à la maîtrise en éducation de l’UQAM au début des années 2000. «Comme directrice d’école, j’avais suivi la réforme et donné des formations sur les bulletins, entre autres. L’évaluation des apprentissages m’interpellait comme objet d’étude.»

Dans le cadre de sa maîtrise, on lui offre ses premières charges de cours. «De fil en aiguille, je me suis intégrée à des équipes, comme le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE), et j’ai pris goût à la recherche», dit-elle. Elle fut la première coordonnatrice du CRIFPE à l’époque où la professeure Carole Raby en était la directrice.

Un de ses premiers mandats comme professionnelle de recherche au CRIFPE a consisté à participer à un projet mené par la professeure Louise Ménard, portant sur la formation à l’enseignement chez les nouveaux enseignants universitaires. «En parallèle se tramait l’idée de créer le Centre de formation en soutien à l’académique (CFSA), explique la conseillère. Peu après les débuts du centre, j’y ai travaillé à raison de deux jours par semaine. On a rapidement constaté que les formations que je donnais aux personnels enseignants suscitaient l’intérêt.» Embauchée au CFSA à temps plein en 2015, Hélène Meunier occupe officiellement le poste de conseillère pédagogique depuis l’hiver dernier.

Un doctorat en cadeau

Avant chaque rentrée automnale, le CFSA, en collaboration avec le Carrefour technopédagogique, offre aux nouveaux professeurs et chargés de cours une formation initiale de trois jours en pédagogie universitaire, laquelle aborde par exemple l’élaboration d’un plan de cours, la planification de l’enseignement et de l’évaluation, la gestion de classe et l’intégration de la technopédagogie. «Il n’est pas rare que certains profs, maîtres de langue ou chargés de cours reviennent nous voir deux ou trois années après avoir suivi la formation, raconte Hélène Meunier. Ils ont réussi à se sortir du tourbillon du début de carrière et ils souhaitent mettre en place ou tester certaines pratiques pédagogiques dans leurs cours.»

Un nouvel outil

Hélène Meunier s’implique dans divers comités concernant la pédagogie universitaire, notamment le  Groupe d’intervention et d’innovation pédagogique (GRIIP) du réseau de l’Université du Québec, qui a développé et lancé l’an dernier l’autoformation en ligne Enseigner à l’université, en collaboration avec le Service de soutien académique, le Service de l’audiovisuel, les Services informatiques, le Centre de formation en soutien à l’académique, le Carrefour technopédagogique et le Service des bibliothèques. S’adressant aux nouveaux enseignants ainsi qu’aux enseignants actuels qui désirent se perfectionner, cette autoformation propose quatre modules de formation gratuits portant sur les concepts et compétences de base en pédagogie, l’encadrement des étudiants, l’évaluation des apprentissages et la scénarisation pédagogique.

Mère de trois enfants, dont l’une est diplômée de la maîtrise en théâtre de l’UQAM, la conseillère n’a pas encore terminé son parcours d’étudiante puisqu’elle est inscrite au doctorat en éducation, sous la direction des professeurs Gilles Raîche et Carole Raby. «Mon sujet de thèse porte sur l’utilisation du portfolio comme outil d’évaluation de compétence, précise-t-elle. Ce sera mon cadeau de retraite: j’effectuerai ma soutenance et je quitterai l’UQAM.» Belle façon de tirer sa révérence!