Le Conseil d’administration de l’UQAM a approuvé la création, le 19 décembre dernier, de quatre nouvelles chaires stratégiques pour un mandat de trois ans. Leurs programmes de recherche portent sur la gouvernance des musées, l’islam contemporain en Afrique, l’égalité des genres à l’école et le potentiel cognitif des personnes autistes. Elles s’ajoutent aux 15 autres chaires stratégiques mises en place depuis 2014.
Lancé à l’automne 2013, le programme des chaires stratégiques de recherche vise à soutenir le développement de la recherche et de la création à l’UQAM, en particulier dans des domaines émergents, intersectoriels ou novateurs. Les chaires sont attribuées à un seul titulaire par voie de concours selon les critères suivants: le potentiel d’innovation des travaux proposés et de collaborations internes et externes, les retombées scientifiques, sociales et culturelles, ainsi que l’intégration et l’encadrement des étudiants.
Gouvernance des musées
En 2015, les États membres de l’UNESCO ont adopté la «Recommandation sur la protection et la promotion des musées et des collections» afin de préserver la diversité culturelle, un enjeu majeur au 21e siècle. Au Canada comme sur la scène internationale, la fréquentation des musées constitue une pratique culturelle en constante progression. Cependant, les divers paliers de gouvernement réduisent leur soutien financier aux musées tout en exigeant qu’ils assument de nouvelles responsabilités, contribuant ainsi à remettre en question leur survie ainsi que la pérennité des collections publiques. La Chaire de recherche Musées, gouvernance et droit culturel, dont le titulaire est le professeur Yves Bergeron, du Département d’histoire de l’art, adoptera une approche écosystémique du monde muséal en convoquant autour du concept de gouvernance trois disciplines complémentaires: la muséologie, la gestion et le droit. L’UQAM deviendra ainsi la seule université à adopter une telle posture pour l’étude et la formation en muséologie. La chaire vise aussi à tisser des liens durables avec le monde muséal, ici et à l’étranger, et à développer des outils de gestion adaptés pour le milieu professionnel. Ces outils seront évalués afin de mesurer leurs impacts sur la gouvernance des musées et sur le développement durable de la culture.
Islam contemporain
La professeure Marie-Nathalie LeBlanc, du Département de sociologie, est la titulaire de la Chaire Islam contemporain en Afrique de l’Ouest: dynamiques de mobilisation collective. Le fait d’aborder la question de l’islam contemporain du point de vue des sociétés africaines permettra d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche sur l’islam comme terrain de revendication. L’originalité de la Chaire réside dans sa position à rebours des études récentes sur la radicalisation. Celles-ci tendent à négliger la pertinence sociale de pratiques liées aux traditions soufies ainsi que l’interpénétration des différentes façons de se revendiquer musulman/es. Elles sous-estiment également la pluralité des itinéraires religieux, omniprésents en Afrique de l’Ouest et divergents de ceux associés à la tendance salafiste et à l’islamisme politique en Afrique du nord et au Moyen-Orient. La Chaire analysera les formes contemporaines des sociabilités islamiques en tenant compte des dynamiques locales et globales qui marquent les transformations de la façon d’être et de se revendiquer musulman/e (voir l’article Capteurs de djinns). Elle vise à comprendre ces revendications identitaires en développant une approche – méthodologique et théorique – permettant de penser le rôle des dynamiques contemporaines de l’islam dans la constitution des nouvelles formes de mobilisation collective qui caractérisent les sociétés ouest-africaines et qui sont associées au «printemps africain».
Égalité des genres
Depuis quelques années, des mesures éducatives ont été mises en place afin de favoriser l’égalité entre tous les élèves, peu importe leur genre. L’absence de données récentes et solides limite toutefois notre compréhension du rôle des inégalités dans la réussite scolaire et dans les orientations professionnelles des garçons et des filles. La Chaire de recherche sur l’égalité des genres à l’école, dont la titulaire est la professeure Isabelle Plante, du Département d’éducation et formation spécialisées, développera une approche pluridisciplinaire pour considérer les facteurs sociaux et neuro-développementaux dans le développement des inégalités entre les filles et les garçons, au primaire et au secondaire. Son programme de recherche examinera le rôle des stéréotypes (facteur social) et des profils comportementaux (facteur neuro-développemental) dans les inégalités de genre, au détriment tantôt des filles, tantôt des garçons. Un premier projet de recherche mesurera les stéréotypes conscients des élèves du primaire et du secondaire alors qu’un second projet examinera les effets sur la réussite scolaire, notamment en sciences et en français, des stéréotypes conscients et inconscients des parents et enseignants. Le troisième projet analysera les relations réciproques entre les profils comportementaux des élèves, les pratiques et stéréotypes des enseignants et la réussite scolaire des garçons et des filles.
Potentiel des personnes autistes
Comment intégrer dans le réseau scolaire québécois les quelque 13 000 enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), tout en développant leur plein potentiel? Alors que les modes d’intervention se concentrent habituellement sur leurs faiblesses et les manques à pallier, la Chaire de recherche sur l’optimisation du potentiel cognitif des personnes autistes, dont la titulaire est la professeure du Département de psychologie Isabelle Soulières, mise plutôt sur les forces des enfants TSA. La chaire s’appuiera sur l’expertise interdisciplinaire de chercheurs reconnus afin de développer des connaissances sur les mécanismes neuropsychologiques et cérébraux sous-tendant le développement des enfants TSA et de transférer celles-ci vers les milieux de pratique. Plusieurs objectifs seront poursuivis: documenter l’émergence des profils cognitifs caractéristiques et les trajectoires développementales chez les personnes autistes; étudier les mécanismes cérébraux sous-jacents au raisonnement pour en comprendre les spécificités; caractériser les particularités des mécanismes d’apprentissage en contexte scolaire et/ou d’intervention; identifier les conceptions des personnes autistes elles-mêmes et des intervenants relativement à leurs modes d’apprentissage, à leurs forces et à leurs besoins; mettre en place et évaluer des situations d’apprentissage dans des classes et des centres de réadaptation, basées sur les forces et les particularités des personnes autistes.