Le professeur du Département de psychologie Brian Mishara, directeur du Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (CRISE), a remporté le prix Pierre-Dansereau 2018 pour l’engagement social, décerné par l’Association francophone pour le savoir (Acfas).
Parrainé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), ce prix souligne l’excellence et le rayonnement des travaux et des actions d’un chercheur ayant contribué à améliorer la qualité de la vie en société. Il a été créé en 2012 en l’honneur du pionnier de l’écologie Pierre Dansereau (1911-2011), qui a donné son nom au Complexe des sciences de l’UQAM.
Spécialiste de la prévention du suicide et de l’aide médicale à mourir, Brian Mishara a exercé une grande influence sur les approches en matière d’intervention en santé ainsi que sur les politiques gouvernementales: mise en place de pratiques d’aide aux personnes suicidaires, formation d’intervenants en centre d’appel, usage de nouvelles technologies.
Américain d’origine et détenteur d’un doctorat de l’Université Wayne, au Michigan, ce passionné de la psyché humaine s’établit au Canada en 1979 et se joint à l’UQAM. Il y enseigne alors la psychologie du vieillissement et de la mort. En 1983, il est convié par l’un de ses étudiants à une rencontre visant à créer un centre de prévention du suicide, qui deviendra Suicide Action Montréal. Il parvient alors à convaincre le gouvernement de miser sur la prévention, à une époque où le sujet est encore tabou et où l’on refuse d’envisager autre chose qu’une approche médicale.
En 1986, Brian Mishara fonde, avec d’autres chercheurs, l’Association québécoise de suicidologie, devenue l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS). Cette initiative permet la mise en place d’un vaste réseau regroupant associations, syndicats, entreprises, organismes, institutions, endeuillés, citoyens, chercheurs et cliniciens.
En 1996, le professeur fonde à l’UQAM le Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE), maintenant appelé Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie. Devenu aujourd’hui une référence mondiale, ce lieu de recherche regroupe une vingtaine de chercheurs et une trentaine d’étudiants provenant de divers pays et horizons disciplinaires (psychologie, sociologie, épidémiologie, travail social, droit, etc.).
Les travaux de Brian Mishara sur le suicide ont permis de produire de nouvelles connaissances sur plusieurs sous-populations à risque: les hommes d’âge mûr, les Autochtones, les aînés, les adolescents, les personnes en milieu carcéral, les policiers et les gens souffrant de dépression.
Grâce à l’obtention, en 1994, de la Bourse canadienne Bora-Laskin pour la recherche sur les droits de la personne, le professeur amorce une série de travaux sur l’éthique des pratiques visant à abréger la vie des personnes mourantes, incluant l’euthanasie et le suicide assisté. En raison de son expertise, de son ouverture et de son ancrage dans la pratique, il est convié, entre autres, à témoigner devant le comité spécial du Sénat canadien traitant de l’euthanasie et du suicide assisté, et devant l’Assemblée nationale du Québec, sur la question de «mourir dans la dignité».
Brian Mishara a travaillé avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), d’abord comme président de l’Association internationale pour la prévention du suicide, puis à titre de consultant et de collaborateur en évaluation des programmes de prévention en Amérique centrale, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Il a notamment été consultant pour le développement des premiers centres de prévention du suicide au Liban et en Ouganda. Dans le cadre de l’un de ces mandats, il a participé à la rédaction du premier rapport de l’OMS sur le suicide et sa prévention dans le monde.
Le professeur a formé à l’international plus de mille intervenants en prévention du suicide.