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Un bio-informaticien à Davos

Abdoulaye Baniré Diallo a participé à un atelier sur la santé de précision en Afrique.

Par Pierre-Etienne Caza

12 février 2018 à 13 h 02

Mis à jour le 13 février 2018 à 15 h 02

Abdoulaye Baniré DialloPhoto: Sarah Jenna

Le professeur Abdoulaye Baniré Diallo, du Département d’informatique, a participé le mois dernier au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, à l’occasion d’un atelier portant sur la santé de précision en Afrique. Il était en bonne compagnie, puisque le directeur des National Institutes of Health (NIH) des États-Unis y participait également, tout comme des hauts dirigeants de plusieurs entreprises internationales et divers acteurs du milieu de la santé. «La santé de précision est un nouveau paradigme en émergence sur la scène mondiale, explique le chercheur, spécialiste en bio-informatique. Les spécificités de chaque individu, telles que son milieu social, son mode de vie et son bagage génétique, sont des éléments dont il faut désormais tenir compte dans l’établissement du diagnostic, du suivi médical et du traitement.»

L’un des éléments-clés de l’atelier de Davos fut de redéfinir la question centrale qui réunissait ces experts. «Nous avons convenu que la bonne question n’était pas de savoir “Est-ce que l’Afrique est prête pour la santé de précision?”, mais bien “Quelles sont les balises à mettre en place pour favoriser l’émergence de la santé de précision en Afrique?”», souligne le chercheur.

Des programmes touchant la santé de précision ont vu le jour en Afrique, notamment sur l’identification génotypique africaine et sur la diversité génomique, mais ce n’est pas suffisant, poursuit Abdoulaye Baniré Diallo. «Il manque les infrastructures pour recueillir les données médicales des patients et en assurer le traitement numérique. C’est incontournable si on veut en arriver à utiliser des algorithmes d’analyse pour la médecine de précision.» Les travaux du professeur combinent bio-informatique et intelligence artificielle afin de créer ces algorithmes.

La personnalisation de la médecine, rappelle-t-il, comporte des aspects humains, organisationnels et technologiques. Une fois que les infrastructures technologiques adéquates auront été mises en place sur le continent africain, on aura besoin de ressources humaines compétentes. «Il faudra former les gens dans tous les secteurs touchant à la santé de précision, autant en mathématiques, en informatique, en chimie et en médecine qu’en sociologie, en anthropologie et en psychologie, car il y aura un travail à faire sur l’acceptabilité sociale de ce nouveau type de médecine», explique Abdoulaye Baniré Diallo.

Selon lui, il faudra des dizaines d’années avant que la santé de précision ne s’implante véritablement en Afrique. «Les instances gouvernementales africaines savent qu’elles devront assumer le leadership dans ce dossier, notamment par la législation. Elles doivent aussi réfléchir aux enjeux que constituent le partage des données, l’accès aux infrastructures de calculs et la formation des gens. Cette réflexion doit être menée rapidement et des décisions doivent être prises, au-delà des frontières étatiques, car un tel projet doit être traité au niveau de l’Union africaine ou d’instances régionales.»

Next Einstein Fellow

Abdoulaye Baniré Diallo a été élu Next Einstein Fellow (NEF) par l’African Institute of Mathematical Sciences. Cette reconnaissance est décernée pour une période de deux ans à une vingtaine de jeunes chercheurs africains issus de différents domaines scientifiques. «Nous aurons la chance pendant cette période de côtoyer des sommités mondiales, parmi lesquelles des lauréats de prix Nobel, des philanthropes et des hommes d’affaires chevronnés», commente-t-il avec enthousiasme.

Abdoulaye Baniré Diallo participera du 26 au 28 mars prochain au Next Einstein Forum, qui se tiendra à Kigali, au Rwanda. Il y présentera ses travaux en bio-informatique et leurs impacts possibles sur l’élaboration de programmes de développement sur le continent africain.