Série Campus sportif
À l’occasion du 20e anniversaire du Centre sportif, les artisans de la première heure racontent l’histoire du sport à l’UQAM. Troisième texte de la série.
À l’instar de la population québécoise, les Uqamiens des années 1970 découvrent les joies du plein air. À l’époque, une grande partie des activités sportives se déroule à l’extérieur: randonnée pédestre, escalade, cyclotourisme, canot-camping, ski alpin, ski de fond, raquette, etc. «Le plein air était vraiment très populaire, se rappelle Pierre Lassonde (B. Sp. enseignement de l’éducation physique, 75), embauché comme animateur en 1975. Nous partions dans les Laurentides presque toutes les fins de semaine.»
Le club P.A.U.Q. (pour «plein air UQAM») devient les Maringouins du Nord, le club de plein air du Service des sports. «C’était la grosse affaire! s’exclame Raymonde Chaussé, à l’époque secrétaire au Service des sports. Les gens attendaient en file le lundi matin pour s’inscrire à la sortie du week-end suivant. On partait en groupe le samedi matin. Il y avait souvent deux autobus bondés!» Au prêt d’équipement du pavillon Latourelle, on trouvait ainsi des skis, des sacs à dos, des tentes, des sacs de couchage, des boussoles, des poêles au naphta, des raquettes à neige. Jacques Mainguy, qui était concierge au pavillon Latourelle avant de devenir préposé au prêt d’équipement, puis appariteur au Centre sportif jusqu’à sa retraite, l’an dernier, était déjà en charge de l’entretien de tout ce matériel de plein air. «Le local du prêt d’équipement était immense!», se rappelle Gaétan Favreau, à l’époque préposé au prêt d’équipement et aujourd’hui appariteur à l’École supérieure de théâtre.
Le plein air est si populaire que Pierre Lassonde convainc Laurent Jannard, directeur des Services à la vie étudiante, de la pertinence d’acquérir un terrain dans les Laurentides afin de bâtir un centre d’accès à la nature. Le terrain est trouvé dans la municipalité de Lac-Supérieur, près du mont Tremblant. La plupart des employés donnent un coup de main pour la construction des deux premiers refuges, en 1977 et 1978. Le troisième chalet est construit en 1980 dans le cadre d’un cours de construction de chalet en bois rond. «Les étudiants devaient apporter leur propre scie mécanique!, se rappelle en riant Pierre Lassonde. J’avais embauché un professionnel qui nous a guidés afin de construire le chalet selon les normes scandinaves, en utilisant les matières premières sur place.» Le succès du centre est immédiat. «C’était une belle façon de compenser le manque d’espace sur le campus», se rappelle Alain Giasson, animateur sportif. Un bloc sanitaire a été construit bénévolement en 1986-87 par des usagers du Service des sports.
Une escapade en nature?
Le Centre d’accès à la nature est toujours en opération, sous la responsabilité du Centre sportif. Aménagé sur les rives de la rivière Archambault, à seulement 90 minutes de Montréal, il offre une foule d’activités: location de chalets, sites de camping, baignade, randonnée. Un réseau de sentiers de 25 kilomètres aux difficultés variables pour la randonnée, la raquette ou le ski de fond est aménagé. Du Centre, on peut facilement se rendre au versant nord du mont Tremblant, à 21 kilomètres, ou à la station de ski de mont Blanc, à 15 kilomètres. En hiver, les trois chalets au confort rustique, qui logent de petits groupes allant jusqu’à 10, 15 ou 20 personnes, sont en location la fin de semaine seulement, sauf pendant la période des fêtes et la semaine de relâche. On s’informe à l’adresse nature@uqam.ca ou au 514-987-3105. À noter: les diplômés de l’UQAM bénéficient d’un rabais sur les tarifs.
Démocratiser l’activité physique
En janvier 1975, le journal L’UQAM fait écho à un rapport sur les services aux étudiants qui traite entre autres du Service des sports: «Son orientation actuelle, l’accès de la masse aux disciplines sportives, doit être retenue et développée. Le rôle du service doit être de faire comprendre à la population l’importance d’un bon conditionnement physique, de lui en faciliter l’accès, de la motiver et de mettre à sa disposition l’équipement nécessaire. Le service doit accroître le nombre de programmes qu’il offre à la communauté de l’UQAM et à la population en général. Il devra trouver des façons d’initier les étudiants à l’importance du conditionnement physique en assurant une forme de présence dans chacun des pavillons: on pourrait organiser des séances de “jogging” autour des pavillons à l’heure du midi ou les fins d’après-midi; on pourrait équiper, dans chacun des pavillons, une petite salle de conditionnement.»
À l’automne 1977, le Service des sports ouvre le Latourelle à l’ensemble de la population du quartier. «Pour le chauffeur de taxi, le jeune de la rue Plessis, comme pour le professeur, l’employé de soutien, l’étudiant, une même carte à 15 $ pour l’année complète et un tarif unique de 5 $ pour chacune des activités dirigées. Tous ont accès sur un pied d’égalité aux programmes d’activités libres et dirigées, à l’intérieur comme en plein air», rapporte le journal L’UQAM. Dans les cours d’aïkido et de karaté, illustre-t-on, le ratio est de 50/50 entre gens de l’UQAM et de l’extérieur. Un volet de cette nouvelle politique d’accessibilité permet même à tous les groupes et associations à but non lucratif de réserver des locaux – salle d’entraînement, gymnase ou piscine – sur demande.
«On veut amener les gens à faire de l’activité physique pour qu’ils se sentent bien dans leur peau, souligne Jean-Guy Prescott, animateur au Service des sports. Pas pour faire des champions!»
Les soirées dansantes
La population du quartier renoue joyeusement avec le lieu de l’ancienne palestre nationale. «Ce fut une ouverture appréciée par les résidents», se rappelle Jean-Guy Prescott. D’autant plus que l’on propose également des soirées dansantes, qui se déroulent au quatrième étage du pavillon Latourelle, dans la salle bleue et or. «Il y a eu là plusieurs partys bien arrosés», se rappelle en riant, Jacques Favreau, préposé à l’équipement. «Il y a même eu des groupes de danse traditionnelle qui venaient de la Nouvelle-Orléans», se rappelle Jean-Guy Prescott. Organisés par les Services à la vie étudiante, ces soirées dansantes connaissent beaucoup de succès. «Les surplus récoltés par les droits d’entrée ont servi à l’achat des terrains pour construire le Centre d’accès à la nature», souligne Alain Giasson.