Voir plus
Voir moins

Passionné de littérature jeunesse

Lauréat 2017 du prix Reconnaissance pour la Faculté des sciences de l’éducation, Robert Soulières est un auteur aimé des jeunes. 

Par Pierre-Etienne Caza

5 juin 2017 à 13 h 06

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 22

Série Prix Reconnaissance UQAM 2017
Sept diplômés de l’UQAM seront honorés à l’occasion de la Soirée Reconnaissance 2017 pour leur cheminement exemplaire et leur engagement. Ce texte est le dernier de sept articles présentant les lauréats.

Robert Soulières
Photo: Nathalie St-Pierre

«J’avais fait lire un roman que j’avais écrit à un ami qui enseignait en secondaire 5 et il m’avait dit: “C’est écrit pour les jeunes, tu devrais creuser ce filon”, se rappelle Robert Soulières (B.Sp. information scolaire et professionnelle, 72). J’étais un peu déçu par son commentaire, car la littérature jeunesse n’était pas valorisée dans les années 1970.» Le conseil s’est avéré précieux, puisque Robert Soulières a consacré sa carrière à la littérature jeunesse, d’abord en tant qu’écrivain, puis à titre de directeur littéraire et finalement d’éditeur. «Au fil des ans, j’ai compris que c’était la forme littéraire qui me convenait le plus. Je n’aurais pas fait un bon écrivain pour adultes!», ajoute-t-il en riant.

Ironiquement, Robert Soulières fut d’abord étudiant en lettres à l’UQAM. «Je craignais de ne pas avoir d’emploi, alors, au bout d’un an, j’ai bifurqué au baccalauréat en information scolaire et professionnelle.» Après ses études, il a travaillé dans ce domaine durant deux ans avant d’être embauché à la Commission scolaire de Saint-Jérôme comme agent d’information. «Ce poste impliquait beaucoup de rédaction, notamment pour produire le journal de la commission scolaire, raconte Robert Soulières. C’est à ce moment que je me suis intéressé à la mise en page, au graphisme et à l’impression.»

Le plaisir d’écrire

En parallèle, Robert Soulières s’est mis à la fiction. «J’ai toujours ressenti un urgent besoin d’écrire lorsqu’une histoire prenait forme dans mon imagination», dit-il. Son premier album jeunesse, Max le magicien, est publié en 1979 à la Courte échelle. Son premier roman jeunesse, Le visiteur du soir, paraît au Cercle du livre de France l’année suivante (le Cercle du livre de France deviendra les Éditions Pierre Tisseyre en 1987). «C’était l’un des premiers romans jeunesses dont l’action se déroulait en ville, en pleine nuit», souligne l’auteur. On y découvre deux adolescents qui décident de subtiliser une toile de Jean-Paul Lemieux au Musée des beaux-arts de Montréal afin de participer au concours de la meilleure prise du carnaval de leur école. Ce roman lui a valu le prix Alvine-Bélisle. «J’ai repris les droits lorsque j’ai fondé Soulières éditeur et, 40 ans plus tard, nous en sommes à 65 000 exemplaires vendus, surtout dans les écoles», souligne-t-il fièrement.

Depuis ce premier roman, Robert Soulières a pondu une quinzaine de titres, parmi lesquels Casse-tête chinois (Prix de littérature pour la jeunesse du Conseil des arts du Canada en 1985), Un cadavre de classe (prix du livre M. Christie en 1998), Une gardienne pour Étienne (prix du livre M. Christie en 1999) et Un cadavre stupéfiant (Grand Prix littéraire de la Montérégie en 2003).

Sa propre maison d’édition

À l’automne 1988, il devient directeur littéraire de la collection de romans jeunesse  des éditions Pierre Tisseyre. «Il y avait une belle dynamique entre écrivains jeunesse et illustrateurs à cette époque», se rappelle-t-il.

Pierre Tisseyre lui apprend tout du métier d’éditeur. En 1996, un an après le décès de ce dernier, il décide de fonder sa propre maison d’édition. «J’ai vendu ma maison à perte, ma voiture, ma tondeuse, tout!, raconte-t-il en riant. J’ai tout investi dans l’entreprise. Les premières années ont été difficiles, mais cela en a valu la peine.»

Avec sa conjointe et complice dans l’aventure, il a sillonné le Québec, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba pendant des années pour rencontrer les jeunes dans les écoles. «J’ai adoré cette période, surtout lorsque nous animions des sessions d’écriture au cours desquelles les élèves créaient des histoires. Leur imagination est fabuleuse.»

Soulières éditeur, qui opère dans le duplex que le couple a acquis à Saint-Lambert, publie bon an mal an une vingtaine de nouveaux titres. «Nous faisons tout à deux plus quelques pigistes, précise Robert Soulières. Notre marge de manœuvre financière n’est pas grande, mais notre liberté est sans limite.»

En l’absence de gros succès commerciaux, la petite maison d’édition a su garder le cap, ses ouvrages remportant au fil des ans plusieurs prix littéraires et de beaux succès critiques. «Éditer, c’est rendre publiques des œuvres qui ne doivent pas demeurer cachées dans un tiroir, souligne l’éditeur. Perdre un peu notre chemise avec un ouvrage intéressant, ce n’est pas grave, car on se rattrape avec d’autres ouvrages qui rentabiliseront notre investissement.»

À 67 ans, Robert Soulières n’est pas prêt pour la retraite. «Le plaisir et la passion sont toujours au rendez-vous, constate-t-il. J’ai conservé cette capacité d’émerveillement devant une bonne histoire.»