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Gérer Montréal

Pierre Desrochers, lauréat 2017 du prix Reconnaissance pour l’École des sciences de la gestion, a pris en main les finances de la Ville.

Par Marie-Claude Bourdon

9 mai 2017 à 17 h 05

Mis à jour le 29 juin 2017 à 16 h 06

Série Prix Reconnaissance 2017
Sept diplômés de l’UQAM seront honorés à l’occasion de la Soirée Reconnaissance 2017 pour leur cheminement exemplaire et leur engagement. Ce texte est le troisième d’une série de sept articles présentant les lauréats.

Photo: MOCAphoto

Quand il a approché Denis Coderre pour lui proposer de travailler à son élection, en 2013, Pierre Desrochers (B.A.A., 1985) disposait d’une certaine liberté et il avait envie de faire quelque chose pour sortir Montréal de la situation catastrophique dans laquelle les scandales à répétition de l’administration précédente l’avaient plongée… Mais cet homme d’affaires déjà impliqué dans de nombreux conseils d’administration n’était pas certain de vouloir se présenter lui-même. «Denis Coderre m’a offert, si j’étais élu, de me nommer président du comité exécutif, raconte Pierre Desrochers. Ce n’était pas du tout une condition de ma part et j’en ai été honoré.»

Quelques semaines plus tard, le candidat remportait par une mince majorité le siège de conseiller municipal du district de Saint-Sulpice de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Tel que promis et annoncé en campagne électorale, le maire lui a confié les rênes du comité exécutif. Du jour au lendemain, Pierre Desrochers s’est retrouvé avec la responsabilité des dossiers les plus importants de la métropole: finances, grands projets, relations de travail, affaires corporatives, évaluation foncière…  Il siège aussi au conseil d’agglomération, au conseil de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), il est vice-président de la Commission du développement économique, des équipements métropolitains et des finances de la CMM… et il n’a plus beaucoup de liberté!

Retour aux études

Pierre Desrochers personnifie l’exemple parfait du diplômé de l’UQAM qui a réussi à gravir les plus hauts échelons grâce à un programme universitaire accessible aux étudiants déjà sur le marché du travail. Sa carrière dans l’industrie pétrolière était déjà lancée quand le jeune homme, titulaire d’un D.E.C. en marketing, a décidé de retourner aux études pour compléter un bac en finance. «J’avais rapidement compris que, sans diplôme universitaire, il y a aurait des limites à ma progression, mentionne le diplômé. Comme j’avais déjà de l’expérience dans la vente, j’ai choisi d’étudier le domaine de la finance: en bout de ligne, toutes les décisions d’une entreprise reviennent à des questions de finance.»

Pierre Desrochers a travaillé pendant 30 ans dans l’industrie pétrolière. Du marketing, il est passé à la direction des affaires publiques et corporatives pour l’Est du Canada chez Pétrolière Impériale Ltée, où il a œuvré de 1994 à 2005. Il a ensuite travaillé comme consultant en gestion et en communication stratégique pour différents clients. Depuis 2006, il s’occupe également de la Fiducie pour l’approvisionnement en hydrocarbures de la Basse-Côte-Nord, un organisme qui assure l’approvisionnement par bateau des petites communautés de cette région éloignée.

Un homme engagé

Toutes ces années dans l’industrie pétrolière l’ont bien préparé au poste qu’il occupe aujourd’hui, affirme le diplômé. «À titre d’élu, on est dans la vente tous les jours!», remarque-t-il avec un sourire. Amené à se familiariser avec les dédales de l’administration publique et à bien comprendre les enjeux qui y sont rattachés, il a aussi développé un formidable réseau de relations. «Quand j’étais aux affaires publiques de l’Impériale, je croyais à l’importance pour la compagnie de participer à la vie de la communauté», mentionne-t-il. Très actif sur plusieurs terrains, il s’est engagé, au fil des années, dans de nombreux organismes, principalement à Montréal. Il a été, entre autres, président de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, du comité de direction de l’Institut canadien des produits pétroliers, de la Fondation de lutte au décrochage scolaire à Montréal, du comité exécutif du Conseil régional de développement de l’île de Montréal et du conseil d’administration de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

C’est donc dire qu’une fois élu, en 2013, Pierre Desrochers possédait déjà une solide connaissance des enjeux touchant la métropole. Immédiatement, il s’est mis à la tâche pour reprendre le contrôle des finances de la Ville, en s’attaquant entre autres à la croissance de la masse salariale. «Je ne prendrai pas tout le crédit de ce qui a été fait, dit-il. Je travaille avec une équipe de gens extrêmement compétents aux finances.»

Mission accomplie

Après trois ans et demi au pouvoir, le président du comité exécutif se montre satisfait du boulot accompli. Les finances ont été assainies, le compte de taxes des Montréalais n’a pas augmenté au-delà du taux d’inflation (dans le secteur non résidentiel, les taxes ont même baissé par rapport à l’inflation) et la valeur des investissements dans la métropole est sans précédent. «Le climat de morosité qui régnait à Montréal a changé du tout au tout, constate-t-il. Les gens ont repris confiance, le taux de chômage est le plus bas de la décennie et plus personne ne parle de corruption!»

En arrivant en poste, Pierre Desrochers avait promis qu’on mettrait de l’ordre dans les finances de la Ville non pas en augmentant la charge fiscale des citoyens, mais par une réduction des dépenses obtenue grâce à une amélioration des performances. «J’ai demandé qu’on mette en place des indicateurs de performance comme cela existe dans l’industrie, explique-t-il. Nous avons maintenant des outils qui nous permettent de nous comparer avec des villes comme Toronto ou Vancouver.»

S’il compte s’assurer au cours des prochains mois de la solidité des processus mis en place depuis son arrivée, Pierre Desrochers refuse de dire s’il briguera un nouveau mandat à l’élection de novembre 2017. «J’ai un respect renouvelé pour le travail des politiciens, confie-t-il. Cela demande beaucoup d’abnégation. La vie politique est très exigeante, souvent sans beaucoup de reconnaissance et le jugement, que ce soit celui de la population ou des médias, peut être très dur.»

Une chose est sûre: s’il accepte de s’engager de nouveau, ce ne sera pas à moitié. «Un mandat, c’est quatre ans, dit-il. Si je décide de m’engager, ce sera pour quatre ans et à pleine vapeur. Car, selon moi, il n’y a qu’une façon d’aller en politique, et c’est à pleine vapeur.»