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Pionnier de l’autopartage

Lauréat 2017 du prix Reconnaissance pour la Faculté des sciences, Benoît Robert pilote Communauto dans un secteur où le trafic augmente sans cesse!

Par Pierre-Etienne Caza

25 avril 2017 à 15 h 04

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 23

Série Prix Reconnaissance 2017
Sept diplômés de l’UQAM seront honorés à l’occasion de la Soirée Reconnaissance 2017 pour leur cheminement exemplaire et leur engagement. Ce texte est le premier d’une série de sept articles présentant les lauréats

Benoît RobertPhoto: Nathalie St-Pierre

«C’est notre capacité à ne pas nous laisser distraire de nos objectifs qui nous permettra de continuer à tirer notre épingle du jeu», affirme Benoit Robert (B. Sc. biologie, 89) président fondateur de Communauto, la plus ancienne entreprise d’autopartage en Amérique du Nord. Longtemps seule dans le paysage québécois, l’entreprise a désormais de la concurrence et doit jouer du coude pour obtenir la faveur des consommateurs. «Un vent de consolidation souffle et les gros joueurs de l’industrie automobile rachètent les petits joueurs les uns après les autres, précise son président. Nous avons les appuis financiers qui nous permettent de conserver notre indépendance et de poursuivre notre croissance… tout en offrant toujours le meilleur service!»

Benoît Robert est un écolo qui a toujours refusé de verser dans le dogmatisme. «Toutes les raisons sont bonnes pour s’abonner à Communauto, dit-il. Nous proposons un service complémentaire à l’offre existante de transport public afin de diminuer le nombre de véhicules en circulation sur les routes, tout en éliminant le sentiment de captivité associé au fait de ne pas posséder de voiture. Les gens peuvent s’y abonner parce qu’ils n’ont pas, ne veulent pas ou ne veulent plus de voiture, ou encore parce qu’ils souhaitent se débarrasser de leur deuxième voiture.»

Les abonnés de Communauto ont le loisir de réserver une voiture pour des vacances d’un mois en dehors de la ville ou pour une période aussi courte que 30 minutes. L’entreprise offre également le volet Auto-mobile, soit la possibilité d’utiliser sans réservation un véhicule électrique ou hybride – ce qu’on appelle les véhicules en libre-service (VLS). Il suffit de s’abonner gratuitement et d’emprunter un véhicule (les coûts du trajet sont modulables à la minute, à l’heure ou à la journée).

Le volet de véhicules en libre-service de Communauto existait déjà sous forme de projet pilote sur le Plateau Mont-Royal lorsque le constructeur automobile allemand Daimler a proposé le service Car2go aux Montréalais à l’automne 2013. «Nous devions effectuer un bilan de notre projet pilote avant de l’étendre davantage quand la Ville a accordé à Car2go la permission de s’implanter sur le territoire», raconte Benoît Robert. Pris de court, Communauto s’est retrouvé en position d’infériorité dans ce segment de marché. «Cela nous a pris trois ans, mais nous avons rattrapé et même dépassé notre concurrent, car nous offrons aujourd’hui plus de 550 véhicules en libre-service, souligne le président. Et notre service est plus souple que le leur, tant pour ce qui est des coûts que du choix et de la polyvalence des véhicules.»

La petite histoire

Benoît Robert a amorcé sa réflexion sur l’autopartage au début des années 1990. Il s’est rendu en Europe, où il a étudié le fonctionnement d’une quinzaine d’organisations. De retour au pays, il a cherché en vain le même type de service sur le continent nord-américain. «Personne ne voulait en démarrer un, alors j’ai dû le créer!», se rappelle-t-il en riant.

Auto-Com a vu le jour à Québec en 1994, sous la forme d’une coopérative au sein de laquelle une quinzaine de membres – dont Benoît Robert, abonné numéro un – se partageaient trois véhicules. Le nombre d’abonnés n’a jamais cessé de croître. Un an plus tard, Communauto démarrait ses activités à Montréal, sous forme de compagnie enregistrée. «Je voulais avoir les coudées franches afin de faire progresser l’entreprise et le carcan coopératif m’indisposait», avoue candidement Benoît Robert. La liquidation des actifs d’Auto-Com et la fusion des deux entités a mené à l’utilisation du nom de Communauto à partir de l’an 2000.

Le bouche à oreille a fait le reste. L’entreprise, aujourd’hui implantée dans la région de Montréal et celle de Québec, ainsi qu’à Sherbrooke, Ottawa-Kingston-Gatineau, Halifax et même Paris, compte près de 50 000 usagers, un peu plus de 2000 véhicules et une centaine d’employés… sans recevoir un sou des gouvernements. «C’était primordial que le service s’autofinance pour ne pas être à la merci des décisions politiques», explique le p.-d.g.

De nouveaux partenaires

L’automne dernier, le Groupe PSA, constructeur automobile français (Peugeot, Citroën et DS), et MKB, une société d’investissement en capital privé œuvrant dans le secteur des énergies renouvelables et des villes intelligentes, ont annoncé leur entrée au capital de Communauto. «Cette alliance stratégique nous permettra d’accélérer notre développement à l’international, de consolider notre position de leader en Amérique du Nord et de déployer notre stratégie d’électrification», explique Benoît Robert. Outre Paris, où l’entreprise compte 133 véhicules, Communauto est impliquée dans des projets à Madrid et à Varsovie.

Les défis sont donc nombreux et stimulants. «Outre le projet d’électrification de notre parc de véhicules, nous travaillons entres autres à moderniser nos systèmes de gestion, à développer notre application mobile pour la plateforme Android, et nous devons sans cesse améliorer notre marketing pour mieux faire connaître nos offres afin que chaque abonné profite du meilleur forfait possible selon son utilisation du service», conclut Benoît Robert.