La gastronomie: une marchandise culturelle comme les autres?
En 2010, le repas gastronomique des Français a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Dans son essai intitulé La gastronomie est-elle une marchandise culturelle comme une autre? La gastronomie française à l’UNESCO: histoire et enjeux, la professeure du Département d’études urbaines et touristiques Julia Csergo s’interroge sur le sens de cette inscription à laquelle elle a contribué en tant que responsable scientifique. Pourquoi la France n’a-t-elle pas su profiter de cette reconnaissance pour mettre en place, comme d’autres États l’ont fait, une politique de sauvegarde et de promotion de sa culture de la table? L’historienne de l’alimentation propose plusieurs pistes de réflexion pour l’élaboration d’une politique et d’une économie culturelles de la gastronomie française. «Plutôt que de “laisser faire et laisser aller”, nous devons nous interroger sur les formes d’interventions susceptibles de fournir des arguments de négociation face aux politiques commerciales qui réduisent les marges de manœuvre des États et soumettent les peuples et la planète aux modèles importés, globalisés et standardisés, qui engendrent l’appauvrissement des agricultures et des cultures», écrit Julia Csergo. Publié aux éditions Menufretin.
Lauréate du Prix de photographie Banque Scotia
En tant que lauréate du Prix de photographie Banque Scotia, la professeure de l’École de design Angela Grauerholz a présenté en 2016 une exposition solo rétrospective au Ryerson Image Centre, à Toronto. Une autre exposition, organisée en collaboration avec la Galerie Françoise Paviot de Paris, est présentée jusqu’au 24 mars prochain sous le titre Écrins Écrans au Centre culturel canadien. Angela Grauerholz: Scotiabank photography award, le livre d’art qui accompagne ces événements, regroupe les premières œuvres de l’artiste, une série de clichés en noir et blanc ─ portraits de femmes, images emblématiques de la vie urbaine et paysages contemplatifs aux contours parfois flous ─, et d’autres plus récentes, des photographies digitales en couleur et des images d’installations sculpturales plus conceptuelles, telles qu’une «salle de lecture d’un artiste au travail» ou une bibliothèque aux accents gothiques. Depuis plus de 35 ans, Angela Grauerholz travaille à l’intersection de la photographie, de l’installation et du design, développant une œuvre singulière qui explore les thèmes de la mémoire, de la lumière, du paysage et de la perte. Les professeurs Éduardo Ralickas, du Département d’histoire de l’art, et Robert Enright, de l’École des beaux-arts et musique de l’Université de Guelph, en Ontario, accompagnent la publication de leurs commentaires. Publié chez Steidl, en collaboration avec Banque Scotia.
Du blogue au papier
Le blogue québécois jesuisfeministe.com a vu le jour le 30 octobre 2008 grâce à Isabelle N. Miron, travailleuse et militante communautaire, et Marianne Prairie (B.A. communication/multimédia, 04), à l’époque artiste et gestionnaire web. Ce projet de correspondance électronique visait à briser l’isolement des jeunes féministes francophones dans la vingtaine et la trentaine, en leur donnant une plateforme où elles pouvaient s’exprimer librement. Le blogue a servi de porte d’entrée dans l’écriture et dans le débat public à des dizaines de jeunes francophones. Marianne Prairie, devenue auteure et chroniqueuse, et Caroline Roy-Blais (B.A. sciences humaines, 09), recherchiste et gestionnaire de communauté, proposent l’ouvrage Je suis féministe, le livre afin de garder une trace de cette aventure collective marquante, qui se poursuit sur le web. Cette anthologie réunit des textes de plus de 30 auteures, écrits entre 2008 et 2016. «C’est à la lumière des critiques et des discussions respectueuses que notre engagement féministe évolue et que notre confiance en soi se bâtit, écrivait Marianne Prairie à l’occasion du lancement de l’ouvrage. Je suis féministe a été cette école challengeante et fantastique pour moi et continue à l’être pour bien d’autres.» Publié aux éditions Remue-Ménage.
Raconter l’histoire aux jeunes
Comme leurs aînés, les jeunes lecteurs apprécient les fictions historiques, les romans et les bandes dessinées. Les collections en édition jeunesse se multiplient pour donner à lire le passé, comprendre le présent ou parfois simplement proposer des récits dans lesquels l’Histoire constitue un décor aux couleurs attrayantes. L’ouvrage Fictions historiques pour la jeunesse en France et au Québec, publié sous la direction de Sylvain Brehm, professeur au Département d’études littéraires, et de Brigitte Louichon, professeure à l’Université de Montpellier, s’attache à décrire ce phénomène éditorial, littéraire et culturel. S’appuyant sur des exemples français et québécois, il montre que la littérature jeunesse n’échappe pas aux conséquences économiques et culturelles de la mondialisation, qu’il existe des formes de fictions historiques communes et que l’histoire et la mémoire contribuent, de manière particulièrement sensible, à la formation des consciences nationales. L’ouvrage interroge aussi la tension entre mondialisation et espaces nationaux et entre le passé des événements racontés et le présent de l’écriture et de la lecture. De l’Antiquité à la crise d’Octobre 1970 au Québec, des trappeurs aux héroïnes du siècle de Louis XIV, de la mémoire de l’esclavage à celle de la guerre d’Algérie, les questions soulevées permettent d’appréhender les fictions historiques pour la jeunesse dans leur diversité. Paru aux Presses universitaires de Bordeaux.
Pédagogie et patrimoine
Dans Éveil et enracinement, publié sous la direction des professeurs Joanne Burgess (Département d’histoire), Marie-Claude Larouche (UQTR) et Nicolas Beaudry (UQAR), des enseignants et des chercheurs partagent leurs expériences relatives à l’exploitation des ressources patrimoniales dans l’enseignement, du primaire à l’université. L’ouvrage s’intéresse aux contextes disciplinaires dans lesquels le patrimoine est mobilisé, aux objectifs poursuivis par les enseignants et aux stratégies originales mise en œuvre. La plupart des expériences se déploient à l’échelle locale, même si c’est pour y trouver des manifestations de processus historiques, sociaux ou culturels à plus grande échelle. Certaines formes de patrimoine sont d’ailleurs indissociables de leur dimension géographique et de leur appartenance à un territoire, comme elles peuvent l’être de leur appartenance à un milieu social. C’est le cas des paysages, des sites, des biens immobiliers et de plusieurs objets, mais ce peut aussi être le cas de biens intangibles tels que des personnages, des pratiques, des récits ou des témoignages. La proximité et l’accessibilité de telles ressources permettent aux enseignants d’ancrer leur enseignement dans des réalités locales et contribuent à éveiller les élèves à un passé qui leur est proche et d’y développer des racines. Paru aux Presses de l’Université du Québec.
Histoires américano-japonaises
Le professeur Greg Robinson, du Département d’histoire, s’est rendu à San Francisco l’automne dernier pour le lancement de son plus récent ouvrage, The Great Unknown. Il s’agit d’un recueil de chroniques écrites pour le Nichi Bei Times et le Nichi Bei Weekly entre 2007 et 2012, deux publications de San Francisco destinées aux Américains d’origine japonaise. Il s’agit, en fait, de portraits d’Américano-Japonais méconnus mais fascinants, qui ont apporté une contribution significative en arts, en littérature, en sports et dans plusieurs autres domaines, ainsi que d’Américains qui ont été sensibles aux enjeux vécus par la communauté américano-japonaise. L’ouvrage jette un nouvel éclairage sur les immigrants japonais et leurs descendants en présentant des personnages qui ont remis en question les normes sociales. L’auteur parvient ainsi à briser le stéréotype ethnique voulant que les Japonais et autres immigrants d’origine asiatique soient très conformistes, et donc, sans histoire. Ses chroniques abordent également des thèmes différents de ceux qu’on trouve habituellement dans les histoires sur l’immigration japonaise, à savoir, entre autres, la vie des Américano-Japonais ailleurs que sur la côte ouest, le rôle des femmes au sein de la communauté, et les alliances entre les communautés américano-japonaise et afro-américaine durant la lutte pour les droits civiques. Publié en anglais par University Press of Colorado.