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Lectures d’avril

Notre sélection mensuelle d’ouvrages publiés par des professeurs, chargés de cours, étudiants, employés, diplômés ou retraités de l’UQAM.

11 avril 2017 à 15 h 04

Mis à jour le 22 septembre 2017 à 11 h 09

Série «Titres d’ici»

Autour de la frontière

Depuis une quarantaine d’années, des chercheurs, écrivains et artistes du Québec et de la Norvège échangent leurs points de vue sur la culture et les arts – théâtre, cinéma, littérature, linguistique –, ouvrant ainsi de nouvelles voies de création et de recherche. Cette collaboration a donné lieu, en 2014, à un colloque sur le thème des frontières, organisé conjointement par l’UQAM et l’Université de Bergen (Norvège), dont les actes ont été réunis dans l’ouvrage intitulé Frontières. Publié sous la direction des professeurs Daniel Chartier et Chantal Savoie, du Département d’études littéraires, ainsi que de Helge Vidar Holm et Margery Vibe Skagen, de l’Université de Bergen, l’ouvrage propose une réflexion pluridisciplinaire  sur la notion de frontière. «La frontière séparatrice représente peut-être la condition d’une identité culturelle définie, mais paradoxalement, elle désigne en même temps la proximité avec l’autre et le renouvellement permanent qu’implique ce partage», lit-on dans l’avant-propos. La plupart des chapitres se penchent sur des textes littéraires des 19e, 20e et 21e siècles – récits de voyage réels ou fictifs, récits de transgression, poèmes –, dans lesquels interagissent la critique littéraire, la géographie, l’histoire culturelle, l’anthropologie, etc. Paru dans la collection Isberg du Laboratoire international d’étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord.

Hôtels de guerre

Au moyen du film, de l’installation vidéo et de la photographie, l’artiste montréalais Emanuel Licha, professeur associé à l’École des arts visuels et médiatiques, s’intéresse aux rôles de l’architecture dans la représentation des conflits. Ses projets récents questionnent les moyens utilisés pour observer et rapporter des événements violents et traumatiques. Intitulée Et maintenant regardez cette machine, cette publication de l’artiste accompagne l’exposition du même nom qui se compose du film documentaire Hôtel machine et de cinq postes d’archives présentant un ensemble de textes et de documents sur le rôle des hôtels de guerre en zones de conflit. Le film propose un portrait d’employés travaillant dans des établissements hôteliers à Gaza, à Kiev, à Sarajevo, à Beyrouth et à Belgrade. «La machine dont il s’agit ici est l’hôtel de guerre, cet hôtel, où pour des raisons bien stratégiques, les représentants des médias occidentaux logent lorsqu’ils couvrent des conflits. Emanuel Licha s’intéresse au rôle essentiel, mais rarement abordé, de ces hôtels dans la fabrication et la diffusion des images de guerre», écrit la conservatrice au Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) Lesley Johnstone, dans son essai Observer l’hôtel de guerre. L’exposition est présentée au MAC jusqu’au 14 mai prochain. Publié aux éditions du Musée d’art contemporain de Montréal.

Récits autour du basketball

La paranoïa d’une collègue aux comptes recevables convaincue que le mobilier bouge pendant la nuit. La chance en or pour un athlète déchu de revivre ses années de gloire. Le souvenir d’un âge où on croit encore avoir en soi une légende sportive en puissance. Des abeilles tueuses qui déferlent sur la ville de Granby. On retrouve tout cela dans Le basketball et ses fondamentaux, un recueil de nouvelles rudement bien tournées dans lequel William S. Messier (M.A. études littéraires, 10) s’intéresse au destin de ceux et celles qui gravitent autour des vestiaires et des gymnases. L’auteur explique dès les premières pages les notions de base du sport qu’il affectionne depuis sa jeunesse et le basketball devient ainsi le fil conducteur d’une série de récits drôles, touchants ou carrément tragiques. «Le basketball organisé est au basketball de rue ce que l’écriture est à l’oralité. Depuis que j’ai compris cela, mon passé de basketteur boulimique me semble enfin compatible avec ma carrière littéraire. Je m’aperçois que j’aborde la littérature comme autrefois le basketball de rue: ils constituent tous deux des arts de la ruse», explique-t-il dans la dernière partie de l’ouvrage, où il livre une réflexion sur le basketball, le hip-hop et la banlieue. Publié par Le Quartanier.

Difficultés des rapports interculturels

En France, l’interculturalité est une notion encore floue provenant pour l’essentiel d’expériences pédagogiques menées depuis les années 1980 pour faciliter la socialisation et la scolarisation des enfants des communautés d’immigrés. Cela «a trait à une double appartenance culturelle où se joue tant la complexité de leurs origines, liée à la migration, aux fantasmes des racines et aux fantômes de l’histoire généalogique, que le rapport socio-historique de la France à ses colonisés qui détermine les représentations collectives», précise la professeure associée au Département de sociologie Sophie Hamisultane, dans son récent ouvrage Trouble dans l’interculturalité, issu de sa thèse de doctorat. La chercheuse s’est penchée en particulier sur le mal-être des descendants de migrants, bien souvent déchirés entre les exigences de leur culture traditionnelle transmise par leurs parents et les valeurs prônées par la société occidentale telles que l’autonomie, l’indépendance et l’individualisme. La chercheuse présente l’histoire de Céline et de Nam, adultes nés en France de parents vietnamiens. Les récits témoignent de leur rapport à leur vietnamité, à leurs parents et aux pratiques familiales tout en soulevant la question de leurs liens sociaux et de leurs rapports à autrui. Publié chez l’Harmattan.

Tourisme urbain

Lors du dévoilement des 10 grandes tendances qui marqueront l’industrie du tourisme d’ici la fin de la décennie, il y a un an, le titulaire de la Chaire de tourisme Transat, Paul Arseneault, avait démonté la vision bucolique qui associe automatiquement le tourisme à une île paradisiaque ou aux montagnes. «Bientôt, 70 % des habitants de la planète habiteront en milieu urbain et ces gens voyagent… dans d’autres villes. Voilà pourquoi le tourisme s’urbanise», avait-il déclaré. À l’ère d’Airbnb et d’Uber, mais aussi des changements climatiques et des menaces terroristes, les villes sont confrontées à plusieurs défis et le tourisme métropolitain est, comme la métropole elle-même, en pleine construction, affirment à leur tour Boualem Kadri et Danielle Pilette dans Le tourisme métropolitain renouvelé. Respectivement professeur au Département d’études urbaines et touristiques et professeure associée au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM, les auteurs effectuent un tour d’horizon de ce tourisme axé sur la démesure (méga-événements et méga-équipements), la mixité des clientèles (touristes internationaux et nationaux, population locale) et la multiplicité des attraits. «C’est un tourisme de stimulation, qui ne se limite pas à la connaissance ou à la reconnaissance (archéologie, architecture, art, science), mais qui y intègre le soutien technologique, l’animation et le divertissement pour créer une ambiance et ainsi définir une expérience», écrivent-ils. Publié aux Presses de l’Université du Québec.

Le communautaire en mutation

Après 50 ans d’existence, on peut affirmer que le mouvement communautaire a participé au développement d’un État social au Québec: protection des consommateurs, logement social, insertion socio-économique des jeunes, des femmes et des nouveaux arrivants, alphabétisation et éducation populaire, etc. Aujourd’hui, cependant, ce mouvement est à un tournant. Peut-il contribuer au renouvellement d’un État social affaibli par le «tout au marché» et par le «lobbying des multinationales de l’agroalimentaire, de la santé, du commerce au détail et du pétrole» ? Quelle est sa capacité d’initiative face aux menaces écologiques qui pèsent sur la société, tout particulièrement sur la santé et la sécurité des populations ? Le diplômé et professeur émérite de l’Université du Québec en Outaouais Louis Favreau (B.T.S. travail social, 92) répond à ces questions dans l’ouvrage Mouvement communautaire et État social. Selon l’auteur, le développement d’un État social-écologique pourrait constituer l’horizon des 10 prochaines années, comme l’ont été les décennies 1960 et 1970 pour la construction d’un État social québécois. Composé de 8 000 organisations et de dizaines de milliers d’employés, le communautaire, avec d’autres mouvements, est au cœur de cette dynamique sociale. Paru aux Presses de l’Université du Québec.