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Prix d’excellence du CRTC

Le doctorant Simon Claus est récompensé pour un article sur la politique canadienne en matière de radiodiffusion.

Par Claude Gauvreau

6 juin 2017 à 16 h 06

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 22

Environ 40 % des Canadiens sont actuellement abonnés à Netflix, un service qui n’assure pas une visibilité à des contenus canadiens et qui ne participe pas au financement de la production culturelle nationale.Photo: Techradar

Doctorant en communication et chargé de cours à l’École des médias, Simon Claus est le lauréat 2017 du Prix d’excellence du CRTC en recherche sur les politiques, d’une valeur de 2 500 dollars, pour un article intitulé «La politique canadienne en matière de radiodiffusion en question: de Marconi à Netflix».

Le jeune chercheur a reçu ce prix lors du congrès annuel de l’Association canadienne de communication (ACC), qui a eu lieu récemment à Toronto. Son article sera publié sur le site Web du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Simon Claus sera également invité à présenter le contenu de son article aux conseillers du CRTC et à d’autres décideurs fédéraux plus tard cette année.

Des mutations fondamentales

Dans son article, le doctorant analyse le processus d’élaboration des politiques en matière de télécommunication canadienne, en mettant l’accent sur les politiques du CRTC qui portent sur le développement de la culture canadienne. «J’ai voulu revenir sur les fondements de la Loi canadienne sur la radiodiffusion et sur les transformation des politiques du CRTC, en tenant compte de l’évolution du contexte économique, politique, social et technologique, explique Simon Claus. J’ai cherché aussi à identifier les principaux enjeux auxquels la politique canadienne de communication est aujourd’hui confrontée, comme l’essor dans le monde de l’audiovisuel de conglomérats transnationaux issus du numérique, tel que Netflix.»

Au Canada, l’État fédéral a mis en place au fil des ans des politiques culturelles interventionnistes visant à contrebalancer l’afflux de productions culturelles issues principalement des États-Unis, dans le but d’offrir une vaste gamme de services de radiodiffusion à la population canadienne et de maintenir une production culturelle nationale diversifiée. Cependant, l’expansion  actuelle de grands réseaux numériques, qui rendent poreuses les frontières entre les États, mettent à mal la souveraineté et l’identité culturelles nationales. 

«Environ 40 % des Canadiens sont actuellement abonnés à Netflix, un service qui n’assure pas une visibilité à des contenus canadiens, ce qui est pourtant une exigence de la radiodiffusion canadienne, et qui ne participe pas au financement de la production culturelle nationale», observe le doctorant.

Le Québec tient aussi à préserver sa spécificité culturelle. «Dans son dernier budget, le gouvernement du Québec a bonifié le crédit d’impôt – 20 millions de dollars sur cinq ans –  pour la production télévisuelle et cinématographique québécoises et a renouvelé son appui financier à Télé-Québec, note Simon Claus Nous sommes dans un contexte où l’on doit continuer à soutenir la production culturelle locale, tout en accompagnant les acteurs culturels dans la transition numérique afin de trouver des modèles économiques pérennes au sein desquels une culture nationale pourra s’épanouir.»

Le cadre de réglementation canadienne, qui a été pensé pour des services de radiodiffusion de type linéaire, est devenu en partie obsolète, croit le chercheur. «Aujourd’hui, des services comme Netfllix parviennent non seulement à contourner les infrastructures classiques, mais aussi la réglementation en vigueur. Les industries de la culture et des communications au Québec et au Canada sont confrontées à des mutations fondamentales et réclament de nouveaux choix politiques pour préserver le financement de la culture nationale, dont les mécanismes traditionnels doivent être revus.»