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Gérer sa santé mentale 

Simon Coulombe démontre les bénéfices de l’autogestion dans le domaine des troubles anxieux et de l’humeur.

Série

Doc en poche

Par Pierre-Etienne Caza

20 janvier 2017 à 15 h 01

Mis à jour le 9 septembre 2020 à 9 h 09

Série Doc en poche
Armés de leur doctorat, les diplômés de l’UQAM sont des vecteurs de changement dans leur domaine respectif.

Simon Coulombe (Ph.D. psychologie, 2016)

Titre de sa thèse: «Questionnaire d’autogestion et profils de rétablissement des troubles anxieux et de l’humeur»             

Directrice : Janie Houle, professeure au Département de psychologie   

 

Enjeu social: rétablissement en santé mentale

Les troubles anxieux et de l’humeur sont les troubles mentaux les plus fréquents au sein de la population. «Des traitements efficaces existent – médication et psychothérapie –, mais de nombreuses personnes éprouvent des symptômes résiduels importants et doivent faire face à la récurrence de leur trouble», rapporte Simon Coulombe, professeur adjoint à l’Université Wilfrid-Laurier (Ontario) depuis juillet dernier.

Dans ce domaine, le rétablissement se mesure à l’aide de deux indicateurs: la réduction des symptômes (rétablissement clinique) et l’optimisation de la santé mentale positive (rétablissement personnel). «L’autogestion  laquelle réfère à l’engagement d’une personne dans des stratégies quotidiennes pour aller mieux – fait partie intégrante du processus de rétablissement», explique le jeune chercheur. Sa thèse visait à mettre au point et à valider, auprès d’un échantillon de 149 personnes ayant reçu un diagnostic de ces troubles, un questionnaire d’autogestion spécifique aux troubles anxieux et de l’humeur.

Ses résultats suggèrent l’existence de trois profils de rétablissement: celui dit «en flétrissement» (qui regroupe les participants utilisant rarement des stratégies d’autogestion, présentant des symptômes modérément sévères ainsi que la santé mentale la plus faible), celui dit «en épanouissement »(fréquente utilisation de stratégies d’autogestion, symptômes les moins sévères et haut degré de santé mentale positive) et le profil dit «en lutte» (avec les participants les plus engagés dans l’autogestion, mais aux prises avec des symptômes sévères et une santé mentale positive modérément élevée).

Ce qu’il faut changer

Les hommes, les personnes défavorisées économiquement et celles vivant seules sont davantage à risque de faire partie du profil en flétrissement. «Des améliorations à l’organisation des services et aux milieux de vie devraient être envisagées pour réduire à la source ce que je nomme des “inégalités sociales de rétablissement”», souhaite Simon Coulombe. Le professeur aimerait également pouvoir changer les mentalités dans le réseau de la santé par rapport au rétablissement des personnes aux prises avec des troubles de l’humeur. «C’est bien de gérer les symptômes cliniques, mais il faut aussi que les intervenants de première ligne soutiennent adéquatement les patients dans l’optimisation de leur santé mentale positive, notamment par des stratégies efficaces d’autogestion.» Puisque sa recherche a démontré que les liens entre l’utilisation de l’autogestion et les indicateurs de rétablissement personnel et clinique sont complexes et varient selon le profil de rétablissement, «il importe de personnaliser le soutien à l’autogestion selon chaque profil individuel», conclut-il.