L’UQAM a décerné un doctorat honorifique au cinéaste et diplômé Denis Villeneuve (B.A. communication, 1992), sur la recommandation de sa Faculté de communication. Par ce geste, l’Université veut reconnaître son immense talent de scénariste et de réalisateur, le rayonnement international de son œuvre, son style propre et sa sensibilité. La distinction lui a été remise, le 5 décembre, dans le cadre des collations des grades des facultés des arts et de communication.
Au cours de cette journée, une soixantaine d’étudiants en cinéma ont pu assister à une classe de maître donnée par Denis Villeneuve, à l’invitation du cinéaste Denis Chouinard, professeur à l’École des médias et titulaire de la Chaire René Malo en cinéma et stratégies de production médiatique et culturelle. Denis Villeneuve a partagé avec les étudiants des souvenirs de tournages et sa vision du cinéma.
«Je n’aime pas l’expression “classe de maître”, a lancé le cinéaste. Sans fausse modestie, je considère que je suis encore en processus d’apprentissage, un constat que je fais chaque fois que je me retrouve sur un plateau de tournage.» Denis Villeneuve a rappelé, notamment, sa participation à la Course Europe-Asie 1990-1991. «Je devais tourner un court métrage par semaine. Ce fut une expérience d’immersion totale, dans des pays dont je ne connaissais pas la culture. Cela m’a permis de me forger un regard, de parfaire la formation que j’avais reçue à l’UQAM.»
Puis, l’Office national du film (ONF) lui offre un stage à l’île d’Ellesmere, près du Pôle Nord, sur le tournage du dernier film de Pierre Perrault, le père du cinéma direct au Québec. «J’ai vécu un mois sous une tente, aux côtés de celui que je considérais comme un maître. Nous avions une relation intense. J’aspirais à faire de la fiction, tandis que Pierre ne jurait que par le documentaire.»
Du documentaire à la fiction
À l’âge de 23 ans, avec un baccalauréat en communication (profil cinéma) de l’UQAM en poche, Denis Villeneuve remporte la Course Europe-Asie, organisée par Radio-Canada, démontrant un talent cinématographique assuré, une intelligence de la scénarisation et du montage, ainsi qu’un goût du risque qui ne le quittera plus.
En 1994, l’ONF lui accorde des fonds pour réaliser Rewind Fast Forward, son premier film professionnel, tourné en Jamaïque, sur un thème imposé par l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Ce reportage, qui devait durer quatre minutes, devient un documentaire-fiction d’une demi-heure, parfaitement maîtrisé.
Quatre ans plus tard, Denis Villeneuve scénarise et réalise son premier long métrage de fiction, Un 32 août sur Terre, diffusé dans une trentaine de festivals à travers le monde. Il réalise ensuite trois autres longs métrages: Maelström, qui récolte plus de 25 prix, dont le Prix de la critique internationale au Festival de Berlin et le Génie du meilleur film à Toronto, Polytechnique, sélectionné à Cannes en 2009, et Incendies, tourné au Québec et en Jordanie. Acclamé internationalement, le film adapté de la pièce de Wajdi Mouawad se retrouve dans la course pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et le propulse dans les ligues majeures.
L’appel d’Hollywood
Le cinéaste attire l’attention d’Hollywood, qui lui offre ses studios. Denis Villeneuve réalisera ainsi trois thrillers comptant une distribution internationale prestigieuse: Enemy, sorte de cauchemar schizophrénique d’après une nouvelle de José Saragamo, Prisoners, suspense ayant pour toile de fond un rapt d’enfants, et Sicario, qui traite du trafic de la drogue à la frontière mexicano-américaine, nominé pour trois Oscars en 2016.
À l’aise dans tous les registres, le cinéaste décide d’aborder la science-fiction, un genre cinématographique qui bénéficie de l’essor des technologies de l’image. Lui-même passionné de littérature futuriste depuis ses plus jeunes années, Denis Villeneuve réalise l’émouvant Arrival, couronné de l’Oscar du meilleur montage sonore en 2017.
Le réalisateur enchaîne en relevant un nouveau défi, qui consiste à produire une suite à Blade Runner, l’un des films cultes de sa génération. Grâce à une mise en scène somptueuse, Blade Runner 2049, son dernier opus, réussit à traduire l’atmosphère post-apocalyptique du film de Ridley Scott réalisé 35 ans plus tôt. Encensé par la critique nord-américaine et européenne, le film de Denis Villeneuve est présenté en ouverture du 46e Festival du nouveau cinéma de Montréal.
Jamais à court de projets, le cinéaste envisage l’adaptation d’un autre classique de la science-fiction, le roman Dune, de Franck Herbert, qui a hanté son adolescence.