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Un esprit sain dans un corps sain

Les premiers Uqamiens faisaient du ski de fond au parc Lafontaine, du canot-camping dans les Laurentides et, selon la légende, du jogging dans le sous-sol du pavillon Judith-Jasmin! 

Par Pierre-Etienne Caza

14 novembre 2016 à 15 h 11

Mis à jour le 2 avril 2019 à 17 h 04

Série Cinquante ans d’histoire
L’UQAM, qui célèbre son 50e anniversaire en 2019-2020, a déjà beaucoup d’histoires à raconter. La plupart des textes de cette série ont été originalement publiés de 2006 à 2017 dans le magazine Inter. Des notes de mise à jour ont été ajoutées à l’occasion de leur rediffusion dans le cadre du cinquantième.

Cours de tae-kwon-do au pavillon Latourelle, années 1970.Photo: Archives UQAM

«Certains étudiants en biologie suivent des cours de plongée sous-marine. Ce cours les aide dans leurs études tout en leur procurant une connaissance sportive et une détente physique», pouvait-on lire en 1972 dans le journal Le Tricycle, qui rendait compte de la vie à l’UQAM. Avec son Département de kinanthropologie, son module d’éducation physique et son Service des sports, la nouvelle université abritait dès sa création des passionnés de l’activité physique. Même si le Centre sportif, qui fêtera ses 20 ans l’an prochain [en 2017], ne sera inauguré qu’en 1997, tout était mis en œuvre pour donner aux étudiants la possibilité de cultiver leur corps autant que leur esprit!

Au début de l’Université, les quartiers du sport se trouvaient au pavillon Lafontaine, au sud du parc, dans l’édifice de l’ancienne École normale Jacques-Cartier, l’un des établissements fondateurs de l’UQAM. Les étudiants en enseignement de l’éducation physique y suivaient leurs cours et les autres pouvaient y pratiquer le conditionnement physique, le volleyball, le judo ou le yoga. L’espace étant compté, le Service des sports louait des plateaux ailleurs en ville. Les étudiants pouvaient pratiquer la natation et la plongée sous-marine au Centre Immaculée-Conception et jouer au hockey au Collège Saint-Laurent. «Nous faisions du ski de fond au parc Lafontaine», se rappelle Jean-Yves Groulx (B.Sp.Ens. éducation physique, 79), qui a travaillé comme appariteur au pavillon Lafontaine dès sa première session au baccalauréat et qui fut animateur au Centre sportif jusqu’à sa retraite en 2008.

L’équipe de football de l’UQAM au parc Lafontaine, en 1971.Photo: Archives UQAM

Les anciens se rappelleront peut-être des Chevaliers bleus, l’équipe de football héritée du Collège Sainte-Marie, un autre des établissements à l’origine de l’UQAM. La mascotte actuelle des Citadins, avec son costume de chevalier médiéval, est un clin d’œil à cet héritage. À l’époque, l’UQAM compte quelques équipes de compétition. En 1971-72, par exemple, les équipes masculines de gymnastique et de ballon-panier remportaient le championnat interuniversitaire.

En 1974, l’Université achète l’édifice de l’ancienne Palestre nationale, rue Cherrier, qui fut pendant plus de 50 ans le temple du sport amateur et du sport d’élite canadien-français (et qui abrite aujourd’hui le Pavillon de danse). Le Service des sports s’y installe et met à profit les nombreux locaux, dont une piscine située au sous-sol. À la fin de l’année, la Palestre nationale fait don de ses archives et trophées à l’UQAM. Dans ce premier fonds d’archives privées acquis par l’Université, on retrouve notamment une collection d’artefacts et de documents reliés à l’histoire de Louis Cyr, le célèbre homme fort du Québec. L’Université baptise le pavillon du nom de Latourelle, d’après Roger Latourelle, ancien dirigeant de la Palestre nationale.

Les joies du plein air

Outre les sports aquatiques et les arts martiaux, les Uqamiens du milieu des années 1970 découvrent  les joies du plein-air. Randonnée pédestre, escalade, vélo, canot-camping, ski de fond, raquette… c’est l’engouement au Québec. «Nous partions dans les Laurentides presque toutes les fins de semaine», se souvient Pierre Lassonde (B.Sp.Ens. éducation physique, 75), embauché comme animateur en 1975. «C’était la grosse affaire! s’exclame Raymonde Chaussé, à l’époque secrétaire au Service des sports. Les gens attendaient en file le lundi matin pour s’inscrire à la sortie du week-end suivant.» Au prêt d’équipement du pavillon Latourelle, on offrait des skis, des sacs à dos, des tentes, des sacs de couchage et des raquettes!

Étudiants en canot lors d’un stage de plein air offert par le Module d’éducation physique, 1974.Photo: Archives UQAM

Le plein air est si populaire que Pierre Lassonde convainc le directeur des Services à la vie étudiante d’acquérir un terrain dans les Laurentides, près du mont Tremblant, pour y bâtir un centre d’accès à la nature. La plupart des employés donnent un coup de main pour la construction des deux premiers refuges, en 1977 et en 1978. Le troisième est construit en 1980 dans le cadre d’un cours de construction de chalet en bois rond. «Les étudiants devaient apporter leur propre scie mécanique!, se rappelle en riant Pierre Lassonde, qui fut directeur du Service des sports de 1980 à 1986. J’avais embauché un professionnel qui nous a guidés afin de construire le chalet selon les normes scandinaves, en utilisant les matières premières sur place.» Le succès du centre est immédiat. «C’était une belle façon de compenser le manque d’espace sur le campus», se rappelle Alain Giasson (B.Sc. enseignement en activité physique, 80), embauché en 1980 comme animateur et devenu ensuite agent d’information [aujourd’hui retraité]. Le centre est toujours en activité, sous la direction du Centre sportif.

Du ski au soccer…

À l’hiver 1981, la nouvelle équipe de ski alpin de l’UQAM joint celles de badminton et d’escrime dans l’Association sportive universitaire du Québec (ASUQ), aujourd’hui le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). Cinq ans plus tard, l’équipe remporte le championnat masculin. Elle récidive en 1987, 1988, 1992, 1993 et 1994.

C’est aussi en 1981 que l’ancien directeur du Service des sports (1974-1980), Raymond Lamarche, crée une équipe de golf, qui remportera 11 championnats interuniversitaires durant les 17 années où il en sera l’entraîneur.

Au printemps 1982, un groupe d’étudiants étrangers demandent la formation d’une ligue de soccer. Le professeur Armel Boutard, du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère, s’engage dans l’aventure comme son collègue Michel Volet, du Département de kinanthropologie [aujourd’hui retraités]. Une ligue intra-muros est mise sur pied dès l’automne suivant dans le but de recruter des joueurs pour former une équipe interuniversitaire. À la même époque, un concours est lancé afin de trouver un nom aux équipes de l’UQAM. Celui de Citadins est retenu parmi 438 propositions. «Le premier logo de l’équipe avait été dessiné par le professeur Frédéric Metz, de l’École de design», se souvient Alain Giasson. L’équipe masculine de soccer disputera deux saisons avant de s’éclipser pendant quelques années. Le soccer, au Québec, n’était pas encore le sport populaire qu’on connaît aujourd’hui.

Un cours d’escrime au pavillon Latourelle dans les années 1980.Photo: Archives UQAM

En 1985, la Direction de l’UQAM décide d’allouer les espaces du pavillon Latourelle au module de danse et le Service des sports se tourne vers l’École de technologie supérieure (ÉTS), à l’époque située avenue Henri-Julien, près du métro Mont-Royal, afin d’y louer des locaux. Dès l’automne 1986, l’UQAM et l’ÉTS offrent une programmation unifiée à leurs étudiants. Les activités offertes par le Service des sports sont alors éparpillées entre les locaux de l’ÉTS, la piscine (encore ouverte) du pavillon Latourelle, le pavillon Lafontaine et plusieurs plateaux sportifs loués à travers la ville. Il paraît qu’il y aurait même eu des cours de jogging dans le sous-sol du pavillon Judith-Jasmin !

«Le professeur Michel Volet voyait augmenter le nombre d’étudiants provenant de la France et de l’Afrique du Nord et il me disait: “Il faut relancer l’équipe de soccer! Nous allons remporter un championnat”», raconte Manon Vaillancourt, nommée en 1989 responsable du Service des sports [devenue ensuite directrice des Services à la vie étudiante et aujourd’hui retraitée]. La nouvelle équipe masculine de soccer interuniversitaire joue ses premiers matchs locaux en septembre 1993 au Centre Claude-Robillard. Deux ans plus tard, à l’automne 1995, une équipe féminine voit le jour. En 1998, l’équipe masculine remporte l’or au championnat québécois et le bronze au championnat canadien, sous la houlette de l’entraîneur Christophe Dutarte, toujours en poste. Son équipe a remporté à nouveau le championnat québécois en 2014, 2015 et 2016.

Enfin un Centre sportif

Réclamé depuis longtemps autant par les étudiants que par les employés, le nouveau Centre sportif de l’UQAM ouvre ses portes le 20 janvier 1997, en plein cœur du campus central. Dès le départ, plus de 6000 étudiants s’y inscrivent afin de profiter de la salle de conditionnement physique et d’une cinquantaine d’activités dirigées, de quelque 20 activités libres et de plusieurs sports d’équipe. Ce succès initial ne s’est pas démenti, le Centre sportif ayant atteint sa pleine capacité depuis une dizaine d’années. «Dès la mise sur pied du programme de sports d’excellence des Citadins et la création des équipes de basketball, en 2003, le membership a explosé, raconte Manon Vaillancourt. Il faut croire que les étudiants athlètes parlent du Centre sportif et qu’ils en font la promotion.»

«Nos installations sont modestes en termes de superficie, mais nous essayons d’en tirer le meilleur parti», souligne Jean-Pierre Hamel (B.Sc. enseignement en activité physique, 86), l’actuel directeur du Centre sportif. Le Gym liquide, développé il y a quelques années par la kinésiologue Andrée Dionne (M.B.A., 07), en est un bon exemple. Ce programme d’entraînement sous l’eau à l’aide d’équipements d’entraînement musculaire, de vélos et de tapis roulants aquatiques stationnaires, très populaire, a fait l’objet d’une belle couverture médiatique.

Le Gym liquide est un programme d’entraînement sous l’eau à l’aide d’équipements d’entraînement musculaire, de vélos et de tapis roulants aquatiques stationnaires.Photo: Nathalie St-Pierre

Si le sport récréatif est populaire, les sports d’excellence le sont tout autant. La famille des Citadins compte aujourd’hui neuf équipes: badminton, basketball féminin, basketball masculin, cheerleading, cross-country, athlétisme, soccer féminin, soccer masculin et volleyball féminin. Ces équipes ont connu de beaux succès au cours des dernières années. L’équipe de basketball masculin d’Olga Hrycak, première femme en Amérique du Nord à avoir dirigé une équipe masculine de basketball universitaire (2003-2015), a remporté le championnat provincial en 2006 et 2010, tandis que l’équipe de cheerleading, menée de 2006 à 2015 par Roxane Gendron Mathieu (B.Ed. enseignement en adaptation scolaire et sociale/intervention au secondaire, 09), s’est distinguée à de nombreuses reprises sur les scènes provinciale et nationale, participant même à des compétitions internationales. L’équipe de badminton, menée par l’entraîneuse Valérie St-Jacques (B.A.A., 11 ; M.G.P., 13) [aujourd’hui remplacée par François Bourret (M.A. études urbaines, 2017)], a remporté plusieurs titres en simple ou en équipe au cours des dernières années, tandis que la nouvelle équipe de volleyball féminin n’a eu besoin que de quatre années pour se hisser de la deuxième à la première division du RSEQ.

«Nos étudiants-athlètes ne performent pas seulement lors des compétitions, mais aussi dans les salles de classe, souligne fièrement Jean-Pierre Hamel. L’an dernier, ils ont obtenu pour une troisième année consécutive le plus haut taux de réussite académique de l’ensemble des universités québécoises, ainsi que l’un des plus élevés au Canada.»

Sur la scène internationale

De nombreux étudiants-athlètes de l’UQAM ont brillé sur la scène internationale au fil des ans. Ce fut le cas notamment de Maryse Turcotte (B.A.A., 01), médaillée d’or en haltérophilie aux Jeux panaméricains et aux Jeux du Commonwealth, qui a participé aux Jeux olympiques de Sydney (2000) et d’Athènes (2004);  Émilie Heymans (B.A. gestion et design de la mode, 11), première plongeuse de l’histoire à obtenir une médaille à quatre Jeux olympiques consécutifs (2000, 2004, 2008 et 2012); Sandra Sassine (B. Sc. intervention en activité physique, 13), qui a participé aux Jeux de Beijing (2008) et de Londres (2012) en escrime, en plus d’avoir remporté des médailles d’or aux Championnats canadiens et aux Championnats du Commonwealth; Olivier Jean (B.Sc. intervention en activité physique, 15) et Guillaume Bastille (B.Sc. géologie, 08; M.Sc. sciences de la Terre et de l’atmosphère, 15), médaillés en patinage de vitesse courte piste aux Jeux de Vancouver (2010); Benoit Huot (B.A. cumul, 14), qui a participé à 5 Jeux paralympiques (2000, 2004, 2008, 2012 et 2016), où il a récolté 20 médailles en natation; et Antoine Valois-Fortier, étudiant au baccalauréat d’intervention en activité physique [aujourd’hui diplômé (B.Sc. intervention en activité physique, 2018)], médaillé de bronze en judo aux Jeux de Londres.

Source:
INTER, magazine de l’Université du Québec à Montréal, Vol. 14, no 2, automne 2016.