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Mieux comprendre l’autisme

La doctorante Sarah Arnaud compte parmi les lauréats du concours Étudiants-chercheurs étoiles.

25 octobre 2016 à 16 h 10

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 23

Sarah Arnaud

Sarah Arnaud, doctorante en philosophie, fait partie des trois lauréats du mois d’octobre du concours Étudiants-chercheurs étoiles des Fonds de recherche du Québec (Nature et technologies, Société et culture et Santé). Ce concours vise à reconnaître l’excellence de la recherche réalisée par les étudiants de niveau universitaire, les stagiaires postdoctoraux et les membres d’un ordre professionnel en formation de recherche avancée, et ce, dans toutes les disciplines couvertes par les trois Fonds de recherche du Québec.

La doctorante a reçu un prix de 1000 dollars du Fonds Société et culture pour son article intitulé «Trouble du spectre de l’autisme: une agentivité morale objective, rigoriste et émotionnelle», paru dans Bioéthique Online. L’article de Sarah Arnaud se situe entre le domaine de la philosophie et celui de la psychiatrie. Il clarifie des enjeux éthiques importants liés à l’autisme, grâce à l’apport des sciences cognitives.

Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) désigne un ensemble de troubles neurodéveloppementaux caractérisé par des difficultés de communication et d’interactions sociales, ainsi que des comportements, intérêts et activités restreints et répétitifs, rappelle Sarah Arnaud, qui mène ses recherches sous la direction du professeur Luc Faucher, du Département de philosophie, et de Daniel Andler, de l’Université Paris-Sorbonne. «Les personnes autistes auraient des difficultés d’empathie, souvent considérées comme altérant leurs capacités morales. Plusieurs études en psychologie et en neuroscience tentent de détecter des processus empathiques défaillants à l’origine d’altérations de leur compréhension de la moralité. Or, mon article montre que les personnes autistes sont conscientes de leurs propres émotions, contrairement à ce qui est parfois défendu dans la recherche sur l’autisme.»

L’article suggère que les particularités morales des personnes autistes sont issues de leurs particularités d’accès émotionnel, soit la façon dont elles se rapportent à leurs propres émotions, et non pas de déficits d’empathie. «Je démontre que ces particularités ne les empêchent en aucun cas de faire partie de la communauté morale. Les personnes autistes peuvent être de rigoureux agents moraux, c’est-à-dire que même si elles présentent une certaine intransigeance et inflexibilité morale, elles peuvent être émotionnellement investies dans les situations à caractère moral», précise la chercheuse.

L’article de Sarah Arnaud représente un premier pas vers l’inclusion plus juste des personnes autistes dans la société. «En confirmant que ces personnes comprennent d’une manière objective et en apportant des prémisses essentielles à la compréhension de la responsabilité légale des personnes autistes, cette publication pourrait avoir des répercussions dans le monde juridique», souligne-t-elle.