Série L’UQAM et la Chine
À l’occasion du Nouvel An chinois, Actualités UQAM présente un dossier spécial sur les liens entre l’UQAM et la Chine, l’une des trois zones prioritaires identifiées par l’Université dans sa stratégie de développement international.
Depuis 2014, Jianguo Huang, diplômé du doctorat en sciences de l’environnement, est professeur et directeur du Groupe de recherche sur l’écologie forestière et la modélisation au Jardin botanique de la Chine du Sud (South China Botanical Garden, SCBG). Situé à Guangzhou, dans la province du Guangdong, le jardin est rattaché à la prestigieuse Académie des sciences de Chine (Chinese Academy of Sciences, CAS), qui regroupe quelque 125 institutions de recherche scientifiques de haut niveau, dont quelques universités, réparties aux quatre coins de la Chine.
Le Jardin botanique de la Chine du Sud est l’un des plus grands jardins de Chine. Constitué de plus de 30 jardins spécialisés comme le jardin des magnolias, des orchidées et des plantes médicinales, l’établissement accueille chaque année environ un million de visiteurs de partout dans le monde. Le jardin abrite la première réserve naturelle du pays, où plus de 2400 espèces de plantes sont protégées. Des étudiants viennent également entreprendre des études supérieures en écologie, en botanique, en biochimie et biologie moléculaire ainsi qu’en génie biologique dans les quatre centres de recherche du jardin.
Fondateur du Laboratoire d’écologie forestière et modélisation du SCBG, le professeur Huang dirige un groupe de recherche réunissant trois professeurs assistants, un postdoctorant, trois candidats au doctorat, trois étudiants à la maîtrise et un assistant de recherche. Le groupe mène des recherches sur l’écologie forestière en lien avec les changements climatiques dans les forêts subtropicales et tempérées de la Chine. Les travaux du chercheur sont financés par le programme 100 talents (100 Talents Program) de la CAS, un programme national qui aide les meilleurs chercheurs tout en favorisant le développement économique du pays. «C’est l’équivalent de détenir une Chaire de recherche du Canada», précise le professeur.
Jianguo Huang est un spécialiste de la croissance des arbres dans le contexte des changements climatiques. «Les perturbations du climat peuvent affecter les arbres à plusieurs niveaux, au niveau cellulaire autant qu’au niveau de l’écosystème, explique le chercheur. En utilisant la dendrochronologie, l’étude des cernes de croissance des arbres, j’étudie la manière dont les changements climatiques altèrent la croissance des arbres et des forêts dans les régions subtropicales, tempérées et boréales.»
Des changements climatiques bénéfiques
Effectuée en 2010 sous la direction du professeur-du Département des sciences biologiques Yves Bergeron, titulaire de la Chaire industrielle CRSNG/UQAT/UQAM en aménagement forestier durable, la thèse de doctorat de Jianguo Huang avait pour titre «Effets du climat passé et futur sur la croissance radiale de quatre espèces d’arbres dominantes de la forêt boréale mixte et coniférienne de l’Ouest du Québec». Dans sa thèse, pour laquelle il a reçu une mention d’excellence, Jianguo Huang avait fait la démonstration que les changements climatiques auraient des effets bénéfiques sur la croissance des arbres, en particulier sur les quatre espèces caractéristiques de la forêt boréale que sont le peuplier faux-tremble, le bouleau blanc, l’épinette noire et le pin gris. Le chercheur mettait toutefois en perspective des facteurs tels que l’augmentation des feux de forêt et les infestations d’insectes et de maladies, qui risquent d’atténuer les effets du climat sur la croissance des arbres. Jianguo Huang a eu l’idée de venir faire son doctorat au Québec après avoir rencontré Yves Bergeron dans un congrès international de dendrochronologie, à Québec. Le professeur avait profité de l’occasion pour amener des chercheurs pratiquer la dendrochronologie sur le terrain en Abitibi.
«C’est l’un des meilleurs étudiants que nous avons eus, affirme Yves Bergeron. Très habile avec les technologies, Jianguo Huang semblait aussi fort à l’aise dans le milieu nord-américain.» Le diplômé détient aussi un baccalauréat en hydrologie et géologie de l’Université de Lanzhou, en Chine, ainsi qu’une maîtrise en géographie physique de l’École supérieure de l’Académie des Sciences de Chine. Il a aussi complété trois stages postdoctoraux à l’Université d’Alberta, à la Purdue University, en Indiana, et à l’Université du Québec à Chicoutimi.
«Seuls les meilleurs chercheurs peuvent obtenir un poste à l’Académie des sciences de Chine, fait remarquer Yves Bergeron. C’est là que se fait la recherche scientifique en Chine. C’est un peu l’équivalent du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France.»
Les travaux de Jianguo Huang ont été publiés dans des revues scientifiques comme Global Change Biology, American Journal of Botany, Plos One, Plant Physiology et Nature Plants. L’article «Response of forest trees to increased atmospheric CO2», publié en 2007 dans la revue Critical Reviews in Plant Sciences, auquel Yves Bergeron a aussi collaboré, figure au top 5 des articles les plus cités pour la période 2007-2009, et au top 20 des articles les plus cités du journal, selon le Journal of Citation Reports, en 2010.
L’étude du pin de Sibérie
Les deux chercheurs vont collaborer prochainement à un projet de recherche sur l’adaptation génétique et la croissance du pin, en réponse aux changements climatiques. «Nous allons étudier les populations de pin de Sibérie dans le nord de la Chine, dans l’Altaï, une chaîne de montagnes à la frontière de la Chine, de la Mongolie et de la Russie, explique Yves Bergeron. L’étude vise à comparer cette espère de pin que l’on retrouve à la fois dans les Alpes et l’Altaï, sous différents noms. Le terrain est prévu pour l’été 2016.» Francine Tremblay, professeure à l’Institut de recherche sur les forêts de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, et Johann Housset (Ph.D. sciences de l’environnement, 2015) participeront à la recherche.