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L’enseignement supérieur et le numérique

Un nouveau programme court de 3e cycle aborde l’utilisation des technologies numériques en classe.

Par Jean-François Ducharme

29 avril 2016 à 15 h 04

Mis à jour le 26 janvier 2024 à 12 h 20

Photo: iStock

À compter de l’automne 2016, la Faculté des sciences de l’éducation offrira un nouveau programme court de 3e cycle en pédagogie universitaire et environnement numérique d’apprentissage. Ce programme est le seul au Québec à porter spécifiquement sur la didactique de la formation à distance et de la formation hybride – un mélange de cours à distance et en personne – au niveau du 3e cycle.

S’adressant aux professeurs, chargés de cours, conseillers pédagogiques et doctorants qui enseignent au cégep et à l’université, le programme vise à développer un regard critique sur l’utilisation des technologies numériques en classe. Il vise aussi à rendre les enseignants autonomes face aux outils disponibles et à maximiser leur utilisation pour favoriser les apprentissages. «Les enseignants dépendent beaucoup de ce qu’on leur raconte au sujet de tel ou tel outil. Beaucoup d’options leur sont proposées, mais elles ne sont pas toutes efficaces», affirme Louise Ménard, la professeure du Département de didactique qui a créé le programme avec ses collègues Christian Bégin, Anastassis Kozanitis, Diane Leduc, Martin Riopel et Alain Stockless.

Enseignement hybride ou à distance

Les personnes intéressées par ce programme pourront choisir entre deux cheminements : la formation à l’enseignement hybride ou à distance. Chaque cheminement comporte trois cours, qui abordent les stratégies d’enseignement favorisant l’activité intellectuelle des étudiants et des pistes pour mieux les encadrer.

En fin de parcours, les étudiants seront amenés à produire de la recherche sur leurs propres innovations pédagogiques. «Ils rédigeront entre autres un texte scientifique – qui pourrait être publié dans une revue – portant un regard critique sur une expérimentation pédagogique réalisée dans leur classe, dit Louise Ménard. Comme il existe très peu de productions scientifiques sur l’utilisation des technologies numériques au postsecondaire, les étudiants apporteront une contribution importante au développement des connaissances dans leur discipline.»

Développer les rapports sociaux

La formation à distance existe depuis belle lurette – au Québec, la Télé-Université (TÉLUQ) offre des cours à distance depuis 1974. Bien que ce type d’enseignement soit apprécié par plusieurs étudiants, il ne convient pas à tout le monde. «Les étudiants sont encore très attachés à la présence du professeur et à la relation avec les autres, dit Louise Ménard. Le développement des rapports sociaux est d’ailleurs un facteur très important de persévérance au postsecondaire.»

Louise Ménard. Photo: Émilie Tournevache

Dans ce contexte, la formation hybride est un compromis intéressant pour un enseignant qui souhaite offrir un cours à des populations vivant à l’extérieur ou à des adultes ne désirant pas se déplacer constamment pour se rendre au cégep ou à l’université. «Si l’enseignant parvient à susciter les échanges et à développer la relation entre les étudiants durant les premières séances en présentiel, ceux-ci seront plus à l’aise de travailler en équipe ou de poser des questions par la suite», mentionne la professeure

De nombreuses universités d’ici et d’ailleurs offrent depuis quelques années des cours en ligne ouverts aux masses (traduction française de Massive Online Open Course, ou MOOC) afin de rejoindre des étudiants aux quatre coins du monde. Bien que populaires, ces cours ne réussissent pas à maintenir l’intérêt des étudiants. «Le taux de persévérance à ces cours est de moins de 5%», souligne Louise Ménard. L’une des causes du décrochage est le mode d’enseignement préconisé par les enseignants, trop magistral pour un cours en ligne. «Il ne suffit pas de reproduire une séance en classe et de se filmer pour soutenir l’intérêt des étudiants. Après huit minutes passées à regarder une vidéo, on sait que la concentration des étudiants diminue grandement.»

Mieux utiliser les ressources

Lorsqu’ils suivent des formations et activités de perfectionnement, les enseignants au collégial et à l’université sont fortement encouragés à intégrer divers outils technopédagogiques. «Avant d’apporter des télévoteurs ou des tableaux blancs interactifs en classe, il est nécessaire de s’appuyer sur la recherche scientifique, dit Louise Ménard. Ces outils peuvent avoir leur utilité, mais il faut être conscient de leur coût élevé. Des logiciels en ligne gratuits et libres d’accès bien utilisés peuvent tout autant animer la classe.»

On trouve aussi plusieurs logiciels et applications sur le marché. À l’UQAM, la plateforme d’apprentissage en ligne la plus populaire est Moodle – près de 2000 groupes-cours, soit 40% des cours offerts à l’Université, utilisaient cette plateforme à l’automne 2013. «Moodle permet de faire énormément de choses, dont créer des forums de discussion, dit Louise Ménard. Mais pour que le forum fonctionne, ses buts et les liens avec le cours doivent être clairs. Si les étudiants n’en voient pas l’utilité, la discussion tombera à plat rapidement.» Le même phénomène se produit lorsqu’un enseignant décide d’utiliser les médias sociaux de façon pédagogique. «La source se tarit très vite si l’enseignant ne relance pas la réflexion.»

Ouvert à l’international

Le programme ne s’adresse pas uniquement aux enseignants de la région montréalaise. «Nous prévoyons accueillir des étudiants de toutes les régions du Québec, mais aussi d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Europe», mentionne Louise Ménard.

La date limite d’admission à ce programme est le 1er juin. Pour faire une demande, on doit se rendre sur le site www.etudier.uqam.ca/admission