Série «Titres d’ici»
Relire Machiavel
«Machiavel ne laisse personne indifférent. D’hier à aujourd’hui, il a déchaîné les passions, chez ses partisans comme chez ses pourfendeurs», écrit le chargé de cours du Département de philosophie Jérémie Duhamel dans Les vertus de la liberté. Machiavel et la critique de la domination. L’auteur propose une interprétation de la pensée politique de Machiavel qui concilie deux dimensions de son œuvre généralement considérées comme antithétiques: l’attachement à la liberté et l’appel à entrer dans le mal. C’est la critique de la domination qui, soutient-il, constitue la clef de voûte de la pensée polymorphe déployée par le philosophe florentin. L’analyse des sources de domination qu’il met en œuvre et son effort visant à identifier les moyens d’y faire face collectivement révèlent une approche originale des choses politiques, dont le propre est de penser les conditions de possibilité de la liberté sans nier la contingence du monde et la méchanceté potentielle de l’être humain. «Le défi de l’interprète consiste moins à trancher entre les appels apparemment contradictoires à défendre la liberté et à entrer dans le mal que de s’attacher à prendre la mesure d’une relation qui oscille de façon structurante entre tension et complémentarité», souligne Jérémie Duhamel. Paru aux éditions Classiques Garnier, Paris.
USA: les institutions politiques
Nous prétendons bien connaître ce grand voisin que sont les États-Unis. Pourtant, de nombreux aspects de son système politique demeurent difficiles à comprendre. Qu’est-ce que ce Collège électoral qui complique l’élection présidentielle? Pourquoi toutes ces élections primaires en vue de déterminer un candidat? Pourquoi le taux de participation est-il si faible? À quoi tient la persistance du bipartisme américain? Quelle différence y a-t-il entre les deux Chambres du Congrès? L’ouvrage intitulé Les États-Unis d’Amérique. Les institutions politiques (quatrième édition mise à jour et augmentée) fournit des réponses à ces questions et offre des pistes de réflexion sur les avantages et désavantages du système politique américain. Signé par le professeur du Département de science politique Frédrick Gagnon, titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, et par l’ancien recteur Claude Corbo, ce livre s’adresse au grand public. Après avoir rappelé les expériences historiques formatrices orientant la vie politique des États-Unis et les particularités régionales qui leur sont propres, les auteurs présentent le cadre constitutionnel. Ils examinent ensuite les plus importants acteurs politiques (citoyens, groupes ethniques, forces religieuses, médias, partis, groupes d’intérêts) ainsi que le complexe processus électoral pour analyser enfin les grandes institutions de l’appareil gouvernemental: Congrès, présidence, Cour suprême. Paru aux éditions du Septentrion.
Magnifique Vietnam
Le Vietnam d’aujourd’hui est une mosaïque fascinante de gens, de langues et de cultures – ce petit pays héberge plus de 50 groupes ethniques parlant plus d’une demi-douzaine de langues. Cette extraordinaire diversité est l’héritage de plusieurs siècles marqués par de nombreuses reconfigurations politiques. Dans Vietnam. A New History, le professeur Christopher Goscha, du Département d’histoire, raconte l’histoire du pays, de l’Antiquité à nos jours. «Des générations d’empereurs, de rebelles, de prêtres et de colonisateurs ont laissé un héritage complexe dans ce pays remarquable, écrit-il. La mainmise des Chinois, des Français et des Japonais a refaçonné et modernisé le pays, comme l’ont fait les visées coloniales des Vietnamiens eux-mêmes lorsqu’ils ont voulu étendre leur influence au sud du delta du Fleuve Rouge.» Des grands seigneurs Trinh et Nguyen au 17e siècle à la Guerre du Vietnam, en passant par les colonisateurs français qui l’ont annexé avec le Laos et le Cambodge au sein de l’Indochine, plusieurs dynasties et États ont régné sur – et se sont battus pour – ce qui est devenu le Vietnam. Tandis que de plus en plus de touristes y affluent et que l’Asie du Sud-Est est de nouveau le théâtre d’intenses rivalités, cet ouvrage se présente comme la référence historique incontournable à propos du Vietnam. Paru en anglais chez Basic Books.
Les innovations locales et la globalisation
L’innovation locale à l’épreuve du globe, un ouvrage collectif sous la direction des professeurs Juan-Luis Klein, du Département de géographie, et Sid Ahmed Soussi, du Département de sociologie, de Bernard Pecqueur, professeur et économiste, et Kirsten Koop, géographe et maître de conférence à l’Université Grenoble Alpes, présente les défis auxquels doivent faire face les acteurs locaux (mouvements de femmes, syndicats, groupes de citoyens, etc.) pour innover en matière de développement économique et social. Dans le contexte actuel de mondialisation, la prise de décision sur les enjeux importants de société échappe de plus en plus aux acteurs locaux et régionaux. Pourtant, en raison du désengagement des États, un nombre croissant de responsabilités sont transférées aux acteurs locaux, autant en ce qui a trait au développement économique qu’à l’offre de service aux citoyens, mais sans les ressources financières propres aux États. L’ouvrage s’intéresse à différentes innovations sociales provenant du Québec, du Canada, de la France et du Brésil. On y propose, entre autres, une analyse du living lab, ce laboratoire vivant où des innovations sont mises en œuvre dans un contexte de collaboration entre divers partenaires afin d’apporter des solutions à des problèmes vécus par les résidents d’une collectivité. Publié aux Presses de l’Université du Québec (collection Géographie contemporaine).
Dans les parcs
Après Ruelles, jours ouvrables et Extraits de cafés, le professeur retraité du Département d’études littéraires André Carpentier vient de faire paraître Moments de parcs. L’écrivain qui a longtemps enseigné la création littéraire y poursuit la narration de ces moments arrachés au temps qu’il sait décrire avec tant de finesse, comme il l’a déjà démontré dans ses deux précédents ouvrages de flâneur. Ainsi, décrivant le petit monstre de cinq, six ans un peu trop excité («le genre piles comprises») qui s’écrase sur l’asphalte en faisant l’avion, il fait intervenir la mère: «elle a ce geste universel et intemporel: elle enduit son pouce de sa salive, eh oui! et elle nettoie vigoureusement, pour ne pas dire frénétiquement, les joues et le front salis du gamin. Et tout s’estompe en un rien de temps, la saleté, la douleur, la grosse pei-peine. Les mères, les mères…» Les parcs dans lesquels l’écrivain part à la rencontre de ces fragments de quotidien ne sont jamais nommés – il ne s’agissait pas, précise-t-il, «de produire un guide touristique» –, mais ils forment un archipel, un espace commun où l’on arrive, sans trop épier, à saisir avec lui «des extraits du sous-texte des choses humaines». Publié chez Boréal.
L’affaire Robinson
Le combat donquichottesque de Claude Robinson contre les contrefacteurs de son projet de série de dessins animés a frappé les esprits. En 2013, dans l’arrêt Cinar Corporation c. Robinson, la Cour suprême a clos un important chapitre de cette saga. Ce qui est moins connu : cet arrêt a aussi clos un débat lancinant sur la manière de concevoir le préjudice en droit québécois. C’est ainsi, du moins, que la jurisprudence et la doctrine interprètent l’arrêt Cinar Corporation c. Robinson. Dans Au-delà de l’arrêt Cinar Corporation c. Robinson. Une présentation critique de la conception dominante du préjudice en droit québécois, le professeur Patrick Forget, spécialiste en droit de la responsabilité civile au Département des sciences juridiques, pose un regard critique sur cette conception, qui inscrit une causalité au sein même du préjudice. Son ouvrage tente de montrer qu’il est périlleux de voir le préjudice uniquement par le prisme de cette conception causaliste, et ce, tout en reconnaissant la puissance explicative de cette conception, dans un contexte systémique où l’atteinte aux droits est appelée à jouer un rôle accru dans le jugement de responsabilité. Publié aux éditions Yvon Blais.