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Lectures de janvier

Notre sélection mensuelle d’ouvrages publiés par des professeurs, chargés de cours, étudiants, employés, diplômés ou retraités de l’UQAM.

5 janvier 2016 à 9 h 01

Mis à jour le 12 juillet 2022 à 10 h 10

Série «Titres d’ici»

Histoire d’«intellectuels.les»

Parce qu’ils voulaient porter une attention à la forme spécifique d’affirmation intellectuelle des femmes dans l’histoire du Québec, quatre universitaires – Michel Lacroix, du Département d’études littéraires, Marie-Andrée Bergeron (Université de Calgary), Yvan Lamonde, (Université McGill) et Jonathan Livernois (Université Laval) – ont eu recours à une graphie particulière pour le titre de leur ouvrage: Les intellectuel.les au Québec. Une brève histoire. Pour ces auteurs, c’est aussi une manière de repérer les hommes et les femmes qui, à toutes les époques, ont tenu un discours critique sur la société. Leur ouvrage propose de redécouvrir les débats d’idées tenus au Québec depuis un siècle et demi, en prenant en compte deux trames fondamentales: la religion et le nationalisme. Les professeurs s’interrogent, par exemple, sur les obstacles à l’émergence des intellectuels en général et sur la figure de l’intellectuel catholique. Ils retracent aussi la trajectoire d’intellectuelles, de la fin du XIXe siècle à nos jours. Une trajectoire qui suit les lignes de l’affirmation de soi, que celle-ci soit privée (littérature personnelle) ou publique (journalisme, fiction, essai). De nombreuses figures d’intellectuelles sont évoquées, depuis Éva Circé-Côté (1871-1949) et Idola Saint-Jean (1880-1945) jusqu’à Martine Delvaux et Aurélie Lanctôt, en passant par Thérèse Casgrain, Hélène Pelletier-Baillargeon et Simone Monet-Chartrand. Paru chez Del Busso Éditeur.

Introduction à la sociologie historique

L’ouvrage intitulé La sociologie historique. Traditions, trajectoires et débats, du professeur Frédérick Guillaume Dufour (Département de sociologie), se veut un livre de référence dans le monde francophone. En proposant de revenir aux origines de la sociologie historique, d’en discuter les frontières mouvantes et les développements récents, l’auteur démontre la portée explicative de ce champ d’études. Il aborde la sociologie historique à la fois comme un carrefour disciplinaire, un ensemble de convictions méthodologiques et un espace de débats traversé par différentes traditions théoriques. En faisant dialoguer les classiques et la recherche contemporaine, Frédérick Guillaume Dufour met l’accent sur des contributions qui permettent de problématiser l’historicité du social et du politique. Il adopte une conception ouverte de la sociologie historique, qui met en relation les intuitions théoriques de Karl Marx et de Max Weber en les situant par rapport à l’héritage d’Adam Smith. Il établit également des liens avec des disciplines voisines, notamment la science politique et l’histoire sociale. Trois chapitres de son ouvrage sont ainsi consacrés aux apports de la sociologie historique à la compréhension des révolutions et des conflits sociaux, des régimes politiques et des pratiques nationalistes. Paru aux Presses de l’Université du Québec.

À la recherche du père

Dans son nouveau roman Blanc Dehors, la romancière et professeure du Département d’études littéraires Martine Delvaux tente de retracer l’histoire «de l’inconnu qui a refusé d’être son père». Née en 1968, à Québec, d’une jeune femme célibataire de 20 ans, Martine Delvaux est placée temporairement à sa naissance dans un orphelinat, le temps que sa mère et ses grands-parents «s’organisent». Elle prend connaissance rapidement qu’elle est une bâtarde. «C’est le mot que la petite voisine d’en face me jette au visage, un jour, comme un ballon lancé trop fort pour que je puisse l’attraper.» Toute sa vie, elle se liera d’amitié avec des bâtards et des abandonnés. «Je ne compte pas toutes les amies aux pères absents ou ratés, violents, cruels ou indécents, toutes celles qui ne comprenaient pas pourquoi ça pouvait me manquer et à qui il fallait expliquer que ce n’était pas tant le père, qui manquait, que l’histoire inconnue qu’il y avait derrière.» Une histoire qui a été effacée: «dans l’abîme de la mémoire, j’ai jeté tous les mots pour me bricoler un père à la place d’une histoire, un père de paille, un père épouvantail.» Cela donne un livre prenant. Publié chez Héliotrope.

Un nouveau regard sur les Goths

Histoire des Goths éclaire l’histoire du VIe siècle et les tensions entre les Goths, les populations barbares entre elles, le pouvoir byzantin et les Romains d’Italie. Les quatre livres originaux de Procope de Césarée, la source essentielle pour cette époque, exigeaient une traduction et un commentaire nouveaux, car le regard traditionnel que les historiens portent sur les Goths s’est radicalement renouvelé depuis quelques décennies. «On ne cherche plus à voir en eux une ethnie ou même un groupe d’ethnies apparentées. On pense de plus en plus que le seul fait de se regrouper autour d’un chef de clan goth, quelle que soit l’ethnie de ceux qui s’agrègent à lui, fait du groupe un groupe de Goths aux yeux des Romains, ce qui réévalue tous les problèmes d’identités ethniques dans lesquels on se perdait encore il y a peu», explique Janick Auberger. La professeure du Département d’histoire a révisé, présenté et annoté abondamment la traduction amorcée par Denis Roques (1948-2010), professeur de grec à l’Université de Metz. Les Goths étaient romanisés depuis longtemps, sans grand-chose en commun avec les Barbares que les livres d’histoire décrivaient, précise son commentaire. Même si Goths et Romains se battaient pour la domination de l’Italie, Procope admirait de plus en plus certains chefs goths, qui parlaient comme de vrais «Romains», alors que ses compagnons d’armes se montraient souvent bien «barbares». Publié en deux volumes par la Société d’édition Les Belles Lettres.

Changement et grands projets

Qu’ils soient urbains, technologiques, environnementaux, sociaux, territoriaux, éducatifs, touristiques ou miniers, les grands projets produisent, accompagnent ou subissent de nombreux changements. Ces derniers peuvent prendre la forme de bouleversements environnementaux, de transformations organisationnelles, de (r)évolutions sociales ou de mutations technologiques. Les textes réunis dans Changement et grands projets: des choix engagés par les professeurs Bernard Motulsky, du Département de communication sociale et publique, titulaire de la Chaire de relations publiques et de communication marketing, Valérie Lehmann, du Département de management et technologie de l’ESG UQAM, et Valérie Colomb, enseignante-chercheuse à l’Institut d’études politiques de Lyon, juxtaposent et entremêlent gestion de projet, science politique, management, urbanisme, communication, tourisme, technologies de l’information, sciences de la Terre, gestion des connaissances et ingénierie. Rédigés par des chercheurs et des praticiens passionnés – parmi lesquels les professeurs Michel Jébrak, du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère, et Laurent Renard, du Département de management et technologie, ainsi que le diplômé Alain Bourque, directeur général du consortium Ouranos –, ces textes invitent à imaginer le vivre-ensemble de demain, que l’on soit leader politique ou étudiant, urbain ou rural, gestionnaire ou consultant. Publié aux Presses de l’Université du Québec.

Ladébauche, personnage emblématique

Avec son bonnet caractéristique, sa chemise à carreaux et sa barbiche, Baptiste Ladébauche a peuplé les médias québécois pendant plus de 75 ans. Né sous la plume d’Hector Berthelot, il apparaît en 1878 dans les pages du journal humoristique Le Canard en tant qu’auteur fictif de chroniques de voyage et de romans feuilletons. Récupéré par le célèbre caricaturiste Albéric Bourgeois, qui fera carrière à La Presse, il devient le héros des débuts de la bande dessinée québécoise, souvent accompagné de sa femme, Catherine Ladébauche, un personnage féminin moins traditionnel qu’il ne le paraît à prime abord. On le retrouve ensuite dans la publicité, sur la scène, sur disque et à la radio, réinterprété par de nombreux artistes qui n’hésitent pas à se l’approprier. Véritable «figure identitaire incarnant sur un mode ironique le Canadien français type», Ladébauche a «marqué la société québécoise jusqu’au début de la Révolution tranquille», lit-on dans la présentation de l’ouvrage qui vient de lui être consacré, Quand la caricature sort du journal. Baptiste Ladébauche 1878-1957. Micheline Cambron, professeure à l’Université de Montréal, Dominic Hardy, professeur au Département d’histoire de l’art, et la doctorante Nancy Perron ont codirigé cet ouvrage abondamment illustré auquel ont aussi collaboré le professeur émérite Laurier Lacroix et la doctorante Josée Desforges.