Série «Titres d’ici»
Un Moyen Âge sensible
Pendant très longtemps, les historiens ont eu du mal à prendre les émotions au sérieux, et plus encore à admettre qu’elles ne se cantonnent pas à l’intime, mais sont une part essentielle des logiques culturelles et sociales. Ce n’est pas le cas de Piroska Nagy, professeure au Département d’histoire, et de Damien Boquet, maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille, qui viennent de publier Sensible Moyen Âge. Une histoire des émotions dans l’Occident médiéval. Dans cet ouvrage, les deux historiens utilisent une variété de sources – littérature profane et spirituelle, iconographie, chroniques –, lesquelles livrent mille indices sur la façon dont les émotions irriguent les relations sociales au Moyen Âge. De la colère d’un puissant à l’indignation du petit peuple, de l’amitié entre moines à l’imitation souffrante du Christ, de l’enthousiasme d’un groupe de croisés à la peur d’une ville entière face à la guerre ou à la peste qui approche, les exemples sont multiples. Selon les auteurs, «ces éclats de joie ou de douleur, signes d’une humanité entière, produisent du sens qui ne se comprend que dans son contexte», mais la connaissance des émotions au Moyen Âge, qui soulève plusieurs questions sur le rôle de l’affectivité dans la construction du sujet individuel, peut nous aider à comprendre notre propre rapport à la vie affective. Paru au Seuil.
Incursion en littérature jeunesse
Samuel Archibald se commet pour la première fois en littérature jeunesse avec la publication de Tommy l’enfant-loup, premier tome d’une nouvelle série intitulée Les aventures de Bill Bilodeau, l’ami des animaux. Le professeur du Département d’études littéraires y raconte l’histoire de Tommy, un orphelin trouvé par quatre chasseurs en pleine forêt laurentienne en compagnie de trois louveteaux. Ce petit garçon sauvage se retrouve à Arvida où il grandit au sein d’une famille d’accueil, devenant un enfant «quasiment normal». Ses origines mystérieuses lui valent toutefois les moqueries de Steven «Stiveune» Gagné, la petite brute de l’école. Lorsque sa mère adoptive meurt d’un cancer, le petit Tommy est dévasté et il souhaite à tout prix éclaircir le mystère de ses origines. En compagnie du narrateur et du frère de ce dernier, il va trouver Bill Bilodeau, reconnu au village comme l’ami des animaux. C’est ce dernier qui l’aidera à trouver des réponses à ses questions existentielles. Campée une fois de plus dans son Saguenay-Lac-Saint-Jean natal, l’histoire tissée par Samuel Archibald renferme quelques traits d’humour adaptés à un lectorat plus jeune, mais rappelant néanmoins le ton qui a charmé les lecteurs d’Arvida. Les illustrations sont signées Julie Rocheleau et le tandem collaborera à un deuxième tome, intitulé La nuit des bêtes puantes, qui sera aussi publié au Quartanier dans la collection Porc-épic.
Le sort des aînés
Le vieillissement de la population est l’une des mutations majeures du siècle dernier, dont les conséquences sont sans précédent dans l’histoire de l’humanité – l’espérance de vie mondiale atteindra 85,3 ans pour les femmes et 78,1 ans pour les hommes d’ici 2030. «Au-delà des constats sur le vieillissement démographique, le présent ouvrage entend dépasser les rhétoriques statistique ou comptable et examiner le sujet à partir de la question des droits, de l’intervention publique et de l’action collective», écrivent les quatre chercheurs qui assurent la direction de de Droit de vieillir et citoyennetés des aînés – Jean-Philippe Viriot Durandal, de l’Université de Lorraine, Émilie Raymond, de l’Université Laval, Thibauld Moulaert, de l’Université de Sherbrooke, et Michèle Charpentier, de l’École de travail social de l’UQAM. Fruit de rencontres et d’échanges animés par le Réseau d’étude international sur l’âge, la citoyenneté et l’insertion socioéconomique, celui-ci se décline en trois parties. Les quelque 40 chercheurs et experts issus de 10 pays qui y ont contribué abordent d’abord le thème de la citoyenneté et des politiques publiques, puis la question du pouvoir des aînés sur leur environnement par leur participation politique et sociale. La dernière partie porte sur la manière dont les sociétés contemporaines mettent en place des modèles générateurs d’intégration ou d’exclusion vis-à-vis différents groupes de la population âgée. Publié au Presses de l’Université du Québec.
Regards sur la pensée politique française
Depuis la dernière décennie du XXe siècle – ce moment hautement symbolique de la chute du Mur de Berlin, suivie de la désintégration rapide de l’Union soviétique –, la démocratie s’est imposée comme l’horizon indépassable de la politique moderne. Bien que l’on puisse débattre du degré de sa réalisation concrète, ses principes formels – État de droit, libertés individuelles et collectives, égalité devant la loi – semblent faire l’objet d’un consensus, du moins en Occident. La prépondérance intellectuelle de l’idée démocratique a néanmoins pris des contours diversifiés selon les contextes nationaux. Dans l’ouvrage collectif Démocratie et modernité, dirigé par les professeurs Marc Chevrier et Yves Couture, du Département de science politique, et Stéphane Vibert, de l’Université d’Ottawa, des auteurs français et québécois brossent un panorama de la pensée politique française contemporaine. À la différence de la pensée anglo-saxonne qui voit en la démocratie une donnée aboutie dont il faut dégager les règles de justice, la pensée française s’interroge sur les conditions de possibilité même de la démocratie. Les œuvres de penseurs comme Cornélius Castoriadis, Claude Lefort, Marcel Gauchet, Pierre Manent, Jacques Rancière et d’autres sont confrontées à celles, classiques ou modernes, de Platon, Kant, Nietzsche ou Tocqueville. Paru aux Presses universitaires de Rennes.
L’AECG, un accord pionnier
L’Accord économique et commercial global (AECG) marque un tournant dans les relations entre le Canada et l’Union européenne. L’accord, lequel est toujours en processus de ratification, porte sur un vaste éventail de domaines comme l’accès aux marchés pour les biens et les services, la mobilité des personnes, la propriété intellectuelle et l’environnement. Sous la direction des professeurs Christian Deblock, du Département de science politique, Joël Lebullenger, de l’Université de Rennes 1, et Stéphane Paquin, de l’École nationale d’administration publique, le présent ouvrage, qui s’inscrit dans le prolongement d’une série de séminaires organisés en 2013 à Rennes, en France, retrace l’historique des négociations. Il présente également le contenu et les principales dispositions de cet accord ambitieux, ce qui fait son originalité et ce qui le distingue de l’ALENA. L’AECG «[…] ne peut que favoriser l’interconnexion de deux espaces économiques tenus trop longtemps éloignés l’un de l’autre et servir de pont entre deux modèles d’intégration tenus aussi trop longtemps inconciliables, le modèle de type contractuel de l’ALENA d’un côté et le modèle de type communautaire de l’Union européenne de l’autre», écrivent les auteurs d’Un nouveau pont sur l’Atlantique. L’accord économique et commercial global entre l’Union européenne et le Canada. Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Le soutien à domicile en contexte pluriethnique
Les personnes âgées de 65 ans et plus qui sont nées à l’étranger représentent actuellement plus de 35 % des aînés à Montréal. Au même titre que les aînés nés au Québec, ils souhaitent demeurer le plus longtemps possible à la maison et sont de plus en plus nombreux à recevoir des services publics de soutien à domicile (SAD). Or, selon la professeure du Département de communication sociale et publique Marie-Emmanuelle Laquerre, auteure de l’ouvrage Travailler en soutien à domicile dans un contexte pluriethnique: quand faire, c’est être, les connaissances dans le domaine des services de SAD destinés à des immigrants sont pauvres et les pratiques actuelles peu connues. Pour remédier à la situation, l’auteure a mené une recherche qualitative ayant pour objectif de mieux cerner les activités des intervenants du milieu. «Une approche interculturelle des situations de travail a permis par l’entremise d’observations et d’entretiens, de faire ressortir les caractéristiques de l’interaction, de la communication, de la relation et du lien qu’entretiennent les intervenants avec leur clientèle dans ses dimensions subjectives, interactionnelle s et sociales», écrit la professeure, qui s’intéresse à la relation professionnel-client en santé et services sociaux depuis une dizaine d’années. Publié aux Presses de l’Université du Québec.